Présentation - Mercedes-AMG One : la F1 de route en approche (très) rapide
Encore quelques mois, et il se sera écoulé 5 longues années entre la présentation du "Project One" de Mercedes-AMG, et aujourd'hui. Mais ça y est, la "F1 de route" comme on la surnomme, est en approche, et vous avez sous les yeux une version de présérie à 99,9 % définitive. D'ailleurs, ce n'est plus la Project One, mais bien désormais la "One". Nous avons eu le privilège de la découvrir et même de monter à son bord.
Elle pourrait faire partie de la définition du mot patience dans la Larousse.
Patience : n.f, qualité de quelqu'un qui sait attendre avec calme. Exemple : attendre la Mercedes-AMG One avec patience.
Car cela fait presque 5 ans que nous avons pu découvrir cette hypercar sous la forme du "Project One", en 2017, au salon de Francfort. Une mise au point complexe et une pandémie mondiale plus tard, et voici que la "One" se dévoile sous vos yeux ébahis, en version à 99,9 % définitive.
Entre-temps, la plastique a évolué (un peu), les caractéristiques techniques aussi, mais en conservant la même ligne directrice : concevoir une hypercar de route, en partant d'une base de Formule 1, en l'occurrence un moteur V6 de 1.6 litre seulement, en position centrale arrière. Qui osera dire que la One intègre un moteur de mobylette avec sa si faible cylindrée ? Les mêmes qui se moquent d'un 1.2 de 130 ch dans un SUV de 1 500 kg ?
Une auto à superlatifs
Il faut dire qu'ici, rien de comparable. Quelques chiffres pour commencer, impressionnants, époustouflants même. Le One est une œuvre automobile génératrice de superlatifs.
De ce V6 1.6, issu donc de la Formule 1, et plus précisément des flèches d'argent, pilotées entre autre par Lewis Hamilton, AMG conserve une puissance de 574 ch à 9 000 tours/minutes. Quoi ? Seulement ?
Minute les amis. Car ce bloc thermique n'est pas seul dans sa tâche, ceux qui suivent le développement de l'auto le savent. La One est en effet une hybride rechargeable essence/électricité. Il est donc secondé par pas moins de 4 moteurs électriques ! Le premier, de 90 kW, soit 122 ch, entraîne un turbo qui souffle jusqu'à 3,5 bars, pour une réponse instantanée, même aux plus bas régimes. Le second est directement accouplé au vilebrequin, et accorde 120 kW, soit 163 ch de puissance en plus au moteur. Ajoutez encore deux moteurs d'aspirateur sur l'essieu avant, un pour chaque roue, qui développent 120 kW chacun, soit 326 ch en tout, et vous obtenez une puissance cumulée de 782 kW, soit 1 063 ch ! Voilà un chiffre qui fleure bon les performances de folie, d'autant que le poids est relativement contenu pour une auto qui embarque une telle technologie : 1 695 kg. Certes, on n'atteint pas les 1 200 ch qui étaient annoncés lors de la présentation en 2017, mais on a tout de même les 4 chiffres. L'honneur est sauf.
Le 0 à 100 km/h est abattu en 2,9 secondes.
Le 0 à 200 km/h en 7 secondes.
Le 0 à 300 km/h en 15,6 secondes.
La vitesse maxi est électroniquement limitée à 352 km/h.
Le régime maxi ? 11 000 tours/minute ! Un régime qu'en effet seules les F1 peuvent atteindre, et même un peu plus. Mais ici, il a été légèrement revu à la baisse, pour favoriser la longévité mécanique, les émissions de polluants, mais aussi pouvoir utiliser du sans-plomb ordinaire.
En parlant d'émissions, la One annonce des rejets de CO2 par kilomètre de seulement 198 grammes. Ce qui correspond à une consommation mixte normalisée de 8,7 litres aux 100 km. On croit rêver, mais c'est la magie de l'hybridation.
Car la batterie hybride de 8,4 kWh de capacité, la même que celle de la Mercedes-AMG GT 4 portes 63S E-Performance, que nous avons essayée il y a peu, à la technologie très évoluée (refroidissement optimisé, capacité de charge et décharge rapide, etc.), permet une autonomie en tout électrique de 18 km.
Oui, cette hypercar de plus de 1 000 ch peut rouler sans bruit et sans brûler une goutte d'essence. Mais bon, dans la vraie vie, pas sûr qu'un seul propriétaire puisse atteindre les 8,7 litres en moyenne, hein ? Il faudra qu'ils nous disent...
Avec un moteur hybride qui entraîne les roues arrière, et deux moteurs électriques sur l'essieu avant, la One est donc une quatre roues motrices, qui dispose à l'arrière d'un différentiel autobloquant, et à l'avant d'un système de torque vectoring, qui permet de répartir couple et puissance selon les conditions d'adhérence. La boîte est spécifiquement développée pour le modèle. Il s'agit d'une boîte mécanique robotisée Speedshift à 7 rapports, qui est conçue pour encaisser puissance et couple (ce dernier n'étant pas communiqué, en raison nous dit-on "de la complexité de la chaîne cinématique).
Des défis à relever
Quelques-uns des plus gros défis dans la conception de cette auto ont été de maîtriser les consommations et les émissions de polluants, de réussir à maintenir un régime de ralenti à 1 500 tours/minutes pour le V6, alors qu'en F1, il tourne à 4 000 tours, mais aussi de la démarrer. En F1, une batterie d'ordinateur et un compresseur sont nécessaires. Ici, on a juste à appuyer sur un bouton. Cela n'a l'air de rien, mais c'est presque un exploit en soi. De même, pour limiter les émissions, les ingénieurs AMG ont fait appel à 4 catalyseurs métalliques préchauffés, deux catalyseurs céramiques, et et deux filtres à particules essence. Cela permet de respecter les normes Euro6 en condition de conduite réelle. Encore une fois, un exploit, quand on sait que la Formule 1 n'a pas à s'embarrasser de ces contraintes "civiles".
Cette véritable horlogerie mécanique, d'une grande complexité, méritait bien sûr un écrin à sa hauteur. La One propose donc un châssis monocoque en carbone, dans lequel moteur et boîte sont eux aussi porteurs et prennent en charge entièrement la suspension arrière. Les trains de roulement sont en aluminium, à cinq bras et deux jambes de suspension, aussi bien à l'avant qu'à l'arrière. Les suspensions "push-rod" sont implantées de manière transversale et jouent le rôle de barres stabilisatrices. Cette implantation permet d'éviter le roulis, tout en préservant un minimum de confort. L'amortissement est réglable via des modes de conduite nous en reparlerons plus bas.
Les jantes forgées à 10 batons en aluminium sont en série, avec écrou central et conception aérodynamique perfectionnée. Mais en option, on peut choisir des jantes forgées 9 branches en magnésium (voir photos), qui font gagner du poids, mais qui bénéficie aussi d'un "design bionique". Avec un cache partiel aérodynamique en carbone, neuf ailettes qui assurent une ventilation optimisée du passage de roue, elles améliorent encore l'efficacité de refroidissement et donc de freinage des énormes freins en carbone/céramique de série. Ils disposent d'étriers fixes 6 pistons à l'avant (disques de 398 mm) et d'étriers fixes 4 pistons à l'arrière (disques de 380 mm).
Les pneus sont spécifiquement fabriqués pour l'auto, et arbore sur leurs flancs un dessin stylisé de la One.
Une aérodynamique "active"
Mais le plus impressionnant à voir, c'est la capacité "d'aérodynamique active" de cette merveille d'ingénierie. En effet, la One peut se transformer, selon les modes de conduite que l'on sélectionne. En mode "Race safe", "Race", "EV" et "Individual, elle se présente en configuration dite "highway". La hauteur de caisse est "normale", les ouïes au-dessus des roues avant sont fermées, les ailerons actifs du diffuseur avant sont sortis et l'aileron arrière est entièrement rétracté.
Mais dès qu'on sélectionne les modes "Race Plus" et "Strat2", un intrigant ballet s'opère devant les yeux incrédules de... de tout le monde en fait. La One est vivante, elle se métamorphose de chenille de route, à papillon de course : c'est le mode "Track" !
Elle s'abaisse alors de 37 millimètres à l'avant, de 30 mm à l'arrière, les ailerons du diffuseur avant se relèvent, le déflecteur arrière se déploie complètement, tout comme l'aileron, les lamelles d'aération au-dessus des roues s'ouvrent pour augmenter la pression sur l'essieu avant et la dépression dans les passages de roue.
En conséquence, dans cette configuration, la portance négative peut atteindre cinq fois celle du mode highway, en fonction de la vitesse.
Il existe un troisième mode aérodynamique : le "Race DRS", qui d'un appui sur un bouton, permet de rétracter l'aileron du déflecteur arrière, et les ailettes des ailes avant. Ainsi l'auto atteint plus rapidement sa vitesse de pointe.
Un habitacle épuré
Dans l'habitacle, dans lequel on entre en enjambant des pontons en carbone, tout fleure bon l'ambiance course, avec des baquets fixes, un pédalier réglable mécaniquement, un volant type F1 qui arbore en son sommet les LED correspond au régime moteur, comme en F1. Mais la One s'est civilisée. Elle propose des habillages en alcantara, un rétroviseur caméra, la climatisation, et des écrans numériques pour les informations de conduite et le multimédia. Les ports USB sont là aussi, tout comme la sono Burmeister. Bref, le luxe pour une F1, de route !
Enfin, terminons par l'esthétique. Vous avez déjà pu la voir, si vous en êtes arrivés à ce niveau de l'article. Pas extravagante dans sa forme, la One reste impressionnante par son gabarit ( 4,76 m de long, 2,01 m de large mais 1,26 m de haut), sa prise d'air sur le toit qui se prolonge en aileron longitudinal. C'est sculpté, travaillé pour le maximum d'efficacité. Toujours impressionnant de se tenir à côté de ce type d'auto...
Pour l'anecdote, l'étoile qui trône sur le bout du capot est la même que celle des F1 de la marque, et est composée de pas moins de 16 couches de peinture !
Exclusive, la One l'est indubitablement. Elle sera produite à 275 exemplaires, pour prix définitif supérieur à 2,7 millions d'euros. Mais rasseyez-vous, ils ont tous déjà trouvé preneur. Elle fera sa première apparition publique et ses premiers tours de roue au festival de vitesse de Goodwood, en Angleterre, du 23 au 26 juin prochain.
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