Le photographe Guillaume Blot flashe sur les restos routiers

Séquence nostalgie ? Séquence survie plutôt. Celle de ses restos routiers du bord des routes qui ont une fâcheuse tendance à fermer. Ils étaient 4 500 dans les années 70 et ne sont plus que 700 aujourd’hui, nichés près des nationales désertées par les camions qui leur préfèrent les autoroutes.
Les routiers ne font plus le poids (lourd), alors le photographe Guillaume Blot est allé à la rencontre des survivants, à bord de sa « Blotmobile », comme il aime à désigner son van, à bord duquel il a sillonné le pays pour s’en aller visiter, dîner, prendre une douche, ou boire un verre chez Mimi, au Tarin savoyard ou au TruckerLand. En tout, il a écumé 220 de ces Rades (du nom de sa précédente série) en 6 ans.
Il en a rapporté des images qui, après avoir été exposées à Paris sont aujourd’hui rassemblées dans un ouvrage de la collection Hoëbecke chez Gallimard et tout simplement baptisé Restos routiers.

Ces images ne sont jamais caricaturales ou vachardes. Il n’y a pas une once de condescendance ou de mépris dans l’objectif de Blot. Au contraire, il a de la tendresse pour les routiers et leurs lieux. À grands coups de flash « comme les phares des camions » explique-t-il, le photographe transforme les bars, les salles des restos au menu complet à 15 euros (vin et café compris) en une étape enchantée, en compagnie de Johnny et des autres routiers.

Avec eux, on redécouvre l’importance de ces lieux à part, de ces endroits où l’on remplit la table là où il reste une place, où l'on est jamais seul, où l’on discute forcément avec son voisin après les journées solitaires derrière le volant. Une bulle d’humanité nécessaire pour ces routiers, mais une bulle menacée par les chaînes de resto ou fast-food des aires d’autoroutes et par les sacs en papier Uber Eat livrés au pied des camions.
La fin d'un monde ?
Une bulle de convivialité, et une parenthèse dans la vie des routiers qui risque de disparaître bientôt et dont il ne restera que ces grands parkings désertés ou se garaient, jadis, les 38 tonnes. Il en subsistera au moins les images de Guillaume Blot.
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