Interview exclusive du patron d’Opel : « A partir de 2025, toute nouvelle Opel introduite sur le marché sera électrique »
Ambiance de kermesse et larges sourires ce week-end au siège social d’Opel à Rüsselsheim pour les 125 ans du constructeur automobile. Après plusieurs années compliquées, la marque à l’éclair a enregistré en 2023 le taux de croissance le plus élevé depuis plus de 20 ans sur le plan global. L’occasion de faire le point avec Florian Huettl, CEO d’Opel dans un entretien accordé en exclusivité pour Caradisiac.
Opel propose aujourd’hui une large gamme de véhicules avec plusieurs motorisations thermiques et électriques. Cette diversité, va-t-elle continuer jusqu’à 2035 où allez-vous vous recentrer sur l’électrique ?
" Opel a fait un choix très clair d’électrification de la marque en deux étapes. La première consiste à proposer de multiples choix de motorisations. Grâce à notre technologie de plateforme multi-énergies, Opel peut aujourd'hui accueillir à la fois des moteurs thermiques, hybrides et électriques. La stratégie multi-énergies nous apporte la flexibilité nécessaire dans cette première étape d’électrification du marché. Les voitures sont fabriquées sur la même ligne à Rüsselsheim qu’elle soit thermique ou électrique. En fonction de l’évolution de la demande, nous pouvons adapter la production sans devoir revoir les équilibres industriels. Cette première étape, très importante, se finalisera cette année avec les lancements du Frontera et du nouveau Grandland (basé sur la plateforme STLA Medium de Stellantis NDLR). Avec l'étape suivante, toute nouvelle Opel introduite sur le marché à partir de 2025 sera électrique. Elle sera conçue sur des plateformes purement électriques au sein de Stellantis. On sera donc pur BEV bien avant la date légale limite de 2035. "
Est-ce que le passage à des modèles tout électrique va influencer le design des voitures ?
" Complètement, et nous le voyons avec notre concept-car Opel Experimental présenté au salon de Munich l'an dernier. L'Expérimental donne une vision de ce qui sera la future génération des véhicules Opel basée sur les nouvelles plateformes purement électrique. Cela nécessite moins de place pour le moteur. Vous avez la possibilité d'avoir un empattement plus long. À dimension de véhicule identique, vous disposez de plus de place à l'intérieur. Les faces avant sont un peu différentes et l’aérodynamisme subit aussi une amélioration. C’est un élément important pour améliorer l’autonomie des véhicules. (Le Grandland est annoncé avec un CX de 0,28 avec 98 kWh de batteries NDLR). Cela va permettre à nos designers d’exprimer une nouvelle vision. "
Chaque modèle, sera-t-il proposé avec plusieurs choix de batteries ?
" C'est une possibilité. Si par rapport à l'usage de nos clients cela nous paraît intéressant et justifié, nous le ferons. Par exemple, aujourd'hui, une Corsa électrique est disponible avec l'autonomie à 354 km (WLTP) et une deuxième version avec 405 km (WLTP) d’autonomie pour ceux qui en ont besoin. Sur le segment supérieur, le nouveau Grandland existera avec des autonomies allant jusqu’à environ 700 km (WLTP). "
Le gouvernement français s’est engagé à reconduire le leasing social jusqu’en 2027. Pensez-vous que ce soit une bonne solution pour accélérer l’électrification du marché automobile ?
" Le leasing social était un franc succès. C'est une mesure bien faite parce qu'elle était pertinente pour permettre l’accès aux véhicules électriques. Cela a permis à Opel d'occuper 7,4 % du marché électrique en France au mois de mai. Nous sommes satisfaits de ce dispositif. La transformation du marché vers des modèles zéro émission et la neutralité carbone est une mutation profonde qu’un constructeur ne peut pas porter seul. Nous demandons à tous les partenaires une direction précise ; un cadre légal clair, comme c’est le cas en Europe ; un système de soutien pertinent comme le leasing social ; des investissements dans l'infrastructure et garantir leur bon fonctionnement, après nous constructeurs notre job, c'est de proposer les produits attirants au bon prix. Si toutes ces planètes-là sont alignées, la mobilité électrique va vraiment décoller. Comme c’est aujourd'hui le cas en France. L’Hexagone n'est pas loin de devenir le premier marché BEV absolu en Europe. Il y a une véritable dynamique sur l’électrique. Le marché européen des ventes de BEV fin avril 2024 a progressé de 6 % alors qu'en Allemagne, premier marché européen automobile, il baissait de 10 %. C'est la raison pour laquelle nous avons l'impression que les ventes européennes de l’électrique stagnent. Mais pas du tout, c’est le marché allemand qui ralentit. "
Depuis trois ans une grande percée sur le canal B2B. Quelles sont vos ambitions sur le marché des flottes ?
" Le canal BtoB joue un rôle important dans le marché allemand notre marché domestique, mais aussi au Royaume-Uni avec Vauxhall. C'est un canal qui est en très forte mutation actuellement avec la transformation énergétique. Les usages des clients évoluent. Il y a une forte demande en matière de LLD mais aussi dans tous les modèles comme la souscription, qui permettent l'accès à un véhicule. L'arrivée de la nouvelle génération de l’Astra Sports Tourer nous a permis de revenir sur le top trois du segment en Allemagne. Nous souhaitons continuer à investir sur ce canal, en France aussi. "
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