À Douai, Luca de Meo fait son electroshow
Venu fêter le premier anniversaire d'Ampère, l'entité électrique du groupe Renault, son directeur général a dévoilé la stratégie qu'il est en train de mettre en place pour développer les ventes de VE à coups de réduction de tout, de coûts, bien sûr, mais aussi de temps de développement et de fabrication. Nous l'avons suivi dans l'atelier de montage de l'usine de Douai.
Une nouvelle R5 dans l'atelier de montage de Renault Douai. Crédit photo Caradisiac.
Il a l’obsession du temps qui passe. Celui qu’il faut pour concevoir une auto, et celui qu’il faut pour la fabriquer. En ce jour de premier anniversaire d’Ampère, célébré au sein de l’usine de Douai dans les Hauts de France, Luca de Meo arpente les allées de l’atelier de montage ou défilent de nouvelles R5, des Mégane comme des Scenic e-tech en cours de finalisation. Il parle, non pas de la pluie et du beau temps, mais de celui qu’il souhaite gagner. En prenant soin de se comparer aux Chinois comme à Tesla, tout en se mesurant au premiers, sans jamais citer ce dernier.
« Nous développons la Twingo en moins de deux ans. Et on va fabriquer nos futures voitures en moins de 10 heures, avant que d’autres n’y arrivent ». Un ange aux allures d’Elon Musk, quin explique à qui l'écoute qu'il en passe d'y parvenir, survole les autos qui défilent dans le grand hall de Renault Douai. Mais il ne faut plus appeler cette usine ainsi. Ici, c’est Electricity, du nouveau nom que s’est donné la bonne vieille unité de production âgée de 55 ans et qui a assemblé 5 millions de Scenic de toutes les générations.
Ampère se cultive en Chine
Mais Douai n’est pas seul dans la ligue Electricity. Les usines de Maubeuge (ou sera assemblée la R4) et Ruitz, elles aussi dans les Hauts de France, forment la partie française d’Ampère, l’entité électrique de Renault qui emploie aujourd'hui 11 000 personnes, dont 35 % d’ingénieurs. Sauf que le nord de la France n’est pas le seul refuge de la nouvelle entité. « Les Chinois nous ont beaucoup copié, aujourd’hui nous faisons de même », sourit de Meo. C’est ainsi qu’un groupe de 150 Ampere boys travaillent pour le compte du Français à Pékin. Une structure baptisée « Advanced China Development Center » et que le staff Renault a rebaptisé en riant ACDC.
C’est, entre autres, grâce au groupe ACDC, que le temps de développement des nouvelles autos du losange doit passer de quatre à deux ans, à coups de process raccourcis et d’intelligence artificielle. « Quand j’ai expliqué qu'on allait gagner tout ce temps aux équipes en charge de la Twingo, ils m’ont dit que ce n’était pas possible ». Et pourtant le patron de Renault le promet : la nouvelle petite auto sera bien prête en 2026, « avec une batterie LFP, une consommation de 10 kWh aux 100 km, et pour moins de 20 000 euros ».
En attendant, Douai et ses 2 500 salariés assemblent la nouvelle R5 et commencent à fabriquer sa cousine l’Alpine A290 aux bases communes. 300 citadines jaunes, vertes et bleues défilent chaque jour, fabriquées par une équipe et demie. Une cadence poussée à 500 voitures en y ajoutant les Megane et les Scenic. Pour autant, Douai, pardon Electricity, n’est pas encore au top de ses performances, évaluées à 500 000 voir 600 000 autos par an. Bien sûr, l’arrivée de la futur Micra, la version japonaise de la R5, et la version Mitsubishi du Scenic devraient augmenter le chiffre.
Pas suffisamment pour autant. Du moins pas pour le moment. « La voiture électrique est à 50% des prévisions en Europe », poursuit Luca de Meo. Et pourtant, le boss y croit dur comme fer. Pour lui, « l'avenir sera forcément électrique » Comment remonter la pente des ventes stagnantes ? En baissant les coûts de revient et le prix final, évidemment. « Ampere est en ligne avec son objectif de réduire ces fameux coûts de 40 % d'ici à 2028 ». Et pousser ainsi les consommateurs à craquer pour des voitures électriques moins chères. Comme, avant la Twingo, la R5 à 25 000 euros qui doit arriver dès l’an prochain.
« Dans l'électrique, il n'y a pas que le prix d'achat qui compte»
« Mais aussi en expliquant tous les avantages des autos électriques. Car il n’y a pas le prix d’achat. Leur budget énergie est divisé par trois par rapport au thermique, leur entretien par deux et elles durent plus longtemps ». Il n’y aurait donc que des bénéfices à passer à l’électrique. Ce serait aussi une manière d’augmenter les cadences d’Electricity et le chiffre d'affaires de Renault. « Bien sûr. On est là pour faire du business rentable, mais il faut proposer aux clients des voitures qu’ils puissent acheter. L’un ne va pas sans l’autre ».
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