Aston Martin et James Bond, c'est une looooongue histoire Celle-ci a débuté en 1964 dans Goldfinger, film qui marque la première apparition de la mythique DB5 à l'écran, et s'est régulièrement poursuivie depuis, malgré quelques coups de canif dans le contrat - 007 n'est pas du genre fidèle. Il y aura notamment une éclipse entre 1969 (Au service secret de sa majesté) et 1987 (Tuer n'est pas jouer), et d'autres constructeurs, notamment BMW, déploieront de grands moyens pour tenter de s'imposer, mais sans succès durable. C'est ainsi que Spectre, vingt-quatrième volet des aventures de 007 (d'où son nom de code de B24 chez les professionnels), et le douzième dans lequel apparaît le constructeur anglais.
Bien sûr, les montants de l'accord financier qui lie les deux parties sont classés secret défense. Tout juste apprend-on que le coût des dégâts causés par Bond à ses voitures durant le tournage de Spectre est évalué à 32 millions d'euros, soit 15 % du budget total du film. Par ailleurs, l'apparition d'une Aston Martin dans un James Bond n'est pas gratuite, l'auto doit jouer un rôle dans l'histoire : « si c’est juste pour se rendre de l’aéroport à l’hôtel, on préfère qu’il utilise un modèle de grande série. Nos voitures doivent contribuer à l'action et à la réussite de Bond, et nous y veillons en lisant le scénario » avait un jour déclaré l'ancien patron d'Aston Martin, le Dr Ulrich Bez, à votre serviteur.
Course-poursuite dans les rues de Rome : la Jaguar C-X75 du féroce Mister Hinx aux trousses de la DB10 conduite par Bond.
Pour Spectre, le constructeur a franchi une étape supplémentaire en créant un modèle spécifique, la DB10, qui ne sera jamais commercialisée. Reposant sur un châssis de V8 Vantage, la bête se caractérise par un design inédit (ce n'est pas forcément du luxe chez Aston, dont le style semblait figé ces dernières années) qui, nous assure-t-on, inspirera les futures productions de la marque. Fait notable, cinq mois seulement se seront écoulés entre les premiers coups de crayon et la production des premiers panneaux de carrosserie.
La DB10 est le sixième modèle de chez Aston Martin à apparaître dans un James Bond.
Dix exemplaires de la DB10 ont été fabriqués, dont huit ont servi au tournage du film. Tous ont survécu « sous une forme ou une autre », précise le constructeur. De fait, les voitures ont parfois bien souffert. Deux DB10 servaient aux cascades « roulantes », deux servaient pour les sauts, deux pour les effets spéciaux (gadgets et armes en tout genre, mais nous vous en laissons la surprise), et deux étaient utilisées pour les scènes d’action : on appelle ça des « pod cars », soit des voitures pilotées par un cascadeur installé sur un siège boulonné sur le toit, tandis que les acteurs sont au volant et filmés par des caméras montées à l'avant de la voiture. Les deux exemplaires restants (dont celui auquel a eu accès Caradisiac) sont utilisés pour la promotion du film à travers le monde, et l'un sera vendu aux enchères l'an prochain, à des fins caritatives.
Ici, une Jaguar C-X75 « pod car » . C'est en réalité le cascadeur, sur le toit, qui conduit la voiture. Des caméras installées à l'avant assurent les prises de vues dans l'habitacle. Au volant, l'ancien catcheur Dave Bautista qui incarne Mister Hinx.
Bien sûr, Bond ne serait pas Bond sans poursuite en voiture. Dans B24, celle-ci se déroule dans Rome et met aux prises 007 et le très féroce Mister Hinx, tueur au service du Spectre (pour Special Executive for Counter intelligence, Terrorism, Revenge and Extorsion) qui lui utilise une Jaguar C-X75. Là encore une voiture qui ne roulera jamais dans la réalité, puisqu'il s'agit d'un concept-car dévoilé par la marque en 2010. Celui-ci- n'avait jamais franchi le cap de la production en série en raison des difficultés financières dans lesquelles se débattait le constructeur à l'époque.
Sur le toit de ce Mercedes ML AMG, un bras articulé de huit mètres et 450 kilos à l'extrémité duquel est montée une caméra. L'auto est dotée d'un moteur puissant et de freins renforcés, ce qui permet de rouler vite et au cœur de l'action. Elle est fournie par Performance Filmworks, entreprise californienne présente sur le tournage de la plupart des blockbusters.
Ladite poursuite a été filmée à Rome début mars 2015, et a mobilisé quelques 350 personnes pour l'équipe de tournage, auxquelles s'ajoutaient 250 « blockers » chargés d'empêcher l'accès aux sites sensibles. Quinze lieux différents ont été utilisés, dont la Via della Conciliazione menant au Vatican. Au volant des voitures, le britannique Mark Higgins, triple champion d'Angleterre des rallyes, et le russe Martin Ivanov. Le premier double Bond et le second Hinx, mais il arrive qu'au gré des scènes les deux hommes intervertissent les rôles. Pas une contrainte, d'après Gary Powell, coordinateur des cascades : « Bond a un caractère froid et efficace, quand l'autre est plus animal et brutal. Cela doit se voir dans le style de conduite adopté par chacun : Bond conduit « proprement » quand son adversaire assure le spectacle ». Et du spectacle, attendez-vous à en voir. Mais chut, nous vous en avons déjà trop dit.
Pour le tournage à Rome début mars 2015, les accès au Tibre étaient bouclés sur 4 kilomètres.
L'Aston Martin DB10 en chiffres :
Moteur |
V8 4,7 l |
Transmission |
Aux roues AR, boîte manuelle à 6 rapports |
0 à 100 km/h |
4,7 s |
Poids |
1 542 kg (1 643 kilos pour les pod cars) |
Dimensions (L x lx h) |
4,41 x 1,94 x 1,25 m |
Production |
10 exemplaires (dont 8 utilisés sur le tournage) |
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