Le pionnier des 4x4 de luxe, c’est lui ! Nous voulons parler de Sir Range Rover bien sûr, un engin conçu comme un couteau suisse, à la classe à part, très british. Près d’un demi-siècle plus tard, il n’est plus seul au monde, mais il demeure le « must » absolu de la catégorie. Retour sur la première version, d’ores et déjà collectionnable !





Repères

Production

1970 – 1996

Puissance

111 A 200 ch

Cote 2012 

À partir de 7 000 €

Sans doute fallait-il être Anglais pour imaginer un engin aussi improbable que le Range Rover. Pensez donc : c’est le premier véhicule capable le matin de crapahuter dans les pires bourbiers pour vous emmener confortablement à l’heure du thé, avec classe et distinction, jusqu’à votre club de golf. Un grand écart que pratique cet authentique 4x4 depuis juin 1970, date de sa commercialisation. Plus qu’une simple voiture, le Range va marquer son époque, et même montrer à la concurrence la voie à suivre. Plus raffiné que la Jeep Grand Wagoneer, seule rivale potentielle à l’époque, le luxueux Range signé par David Bache se pose déjà comme un monument du design, où fonctionnalité et beauté s’unissent dans une simplicité évidente. Preuve en est, l’actuelle et 3e génération s’en approche nettement. Sauf que la première mouture qui nous intéresse ici est née avec 2 portes seulement, le hayon permettant d’accéder au vaste coffre s’ouvrant déjà en 2 parties. Une particularité qui perdure, mais aussi le recours à un noble V8 essence, moteur puissant parfaitement calibré pour permettre au performant Range de faire jeu égal avec les meilleures routières. D’une cylindrée de 3,5 litres, ce V8 « carbu » d’origine Buick développant 135 ch lors du lancement sera sans cesse amélioré, pour culminer à 4,2 litres (et 200 ch) en fin de carrière (1996). Entre-temps, l’année 1985 verra l’arrivée d’un diesel rugueux, sonore et poussif (2.4 de 112 ch), mais qui dopera les ventes grâce à son appréciable sobriété. Tout est relatif, car hier comme aujourd’hui l’élitiste Range Rover reste au-dessus de la mêlée…

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Sur la route


Avec un Range, l’expression « monter en voiture » prend tout son sens ! L’habitacle, haut perché, permet d’anticiper sur les aléas du trafic, rendant les trajets plus reposants. D’ailleurs, tout est fait pour rendre la vie plus douce. Les premiers modèles se distinguent pourtant par la rusticité de leur habitacle, relativement dépouillé. En 1970, il n’est pas encore question de cuir et de bois. La sellerie est en velours ou en vinyle et le plastique s’invite en masse. Mais on est assis confortablement, et la généreuse surface vitrée illumine cet immense habitacle, capable d’engloutir sans sourciller femme, enfants et gros toutou ! Le souffle du V8 rassure et assure, grâce à son important couple disponible dès les plus bas régimes (25,6 mkg à 2 500 tr/mn). Mais il faudra apprendre à composer avec une boîte manuelle à 4 rapports au guidage ferme, une direction non assistée et un roulis évoquant plus une péniche qu’une voiture.




Range Rover : le gentleman baroudeur

Pourtant, malgré un poids de sumo (1 724 kg) et une carrosserie profilée comme un parpaing, le Range sait jouer au hors-bord en filant à l’anglaise à près de 160 km/h (au prix d’une consommation décourageante de 25 l/100 km !). Et lorsque la route s’arrête, vous continuez votre chemin, comme si de rien n’était. Grâce à ses suspensions offrant un important débattement, sa garde au sol généreuse, ses 4 roues motrices permanentes et son réducteur de boîte, le Range passe partout, avec un flegme qui n’appartient qu’à lui ! Un esprit qu’il cultivera tout au long de sa carrière, en prenant soin de s’embourgeoiser : boîte automatique, clim et direction assistée seront dès lors du voyage…




A vérifier avant d’acheter


On a peine à le croire tant on le croise quasiment tous les jours au coin de la rue, mais le Range « Classic » est déjà à considérer, eu égard à son grand âge, comme un véhicule de collection ! Cela concerne davantage les premiers modèles, les V8 3.5 3 portes, dotés d’une calandre verticale en métal. Mais ancien ou plus récent, le Range reste un colosse aux pieds d’argile qui nécessite un entretien méticuleux… et souvent onéreux. Le V8 tout alu est réputé solide, à condition de le ménager. Il réclame des vidanges régulières (avec une huile de qualité) et déteste les hauts régimes. Son point faible reste la distribution (par chaîne) qui peut avec le temps endommager l’arbre à cames et les poussoirs. Les boîtes mécaniques équipant les premiers modèles, rudes à manipuler, sont aussi plus fragiles que les « boitotos » (fuites d’huile, vitesses qui sautent, synchros fatigués). Une boîte qui émet un grondement en roulant doit vous alerter sur son usure avancée. L’état des ponts est à surveiller (fuites récurrentes), mais aussi les bras de guidage et les ressorts de suspension, souvent affaissés (le poids, voilà l’ennemi !). L’intérieur vieillit souvent mal, notamment au niveau des selleries (difficiles à trouver en occasion, y compris les accessoires). Enfin, si la caisse est en acier, la carrosserie, elle, est en aluminium, ce qui ne l’empêche pas de rouiller, surtout si le modèle convoité est habitué au tout-terrain (la boue stagne dans les passages de roues). Le châssis est généralement épargné, mais pas le reste (pied-milieu, hayon, baie de pare-brise…).





Range Rover : le gentleman baroudeur



Notre version préférée


Puristes dans l’âme, nous privilégions clairement un modèle 3 portes, équipé bien sûr d’un V8 essence. Et plus le modèle sera vieux et en bel état d’origine, et plus il aura un intérêt à être conservé tel quel. Un rêve difficile à concrétiser, car de nombreux exemplaires ont été « préparés » pour le franchissement, avec des conséquences irrémédiables. Les premiers millésimes, rustiques car assez proches du Land, n’offrent pas l’agrément d’une voiture de luxe moderne. Préférez un exemplaire produit à partir de 1986, mieux équipé, mais aussi plus puissant (V8 3.5 puis 3.9 litres de 165 à 179 ch). Ces versions, dotées de l’injection (donc un peu moins gourmandes), disposent souvent d’une boîte automatique (à 4 rapports), bien adaptée à ce gros véhicule. Si vous souhaitez rouler au quotidien le diesel, plus réaliste, s’impose, mais il est fragile et poussif (2.4 et 2.5 turbo diesel). Seules les versions TDI produites de 1992 à 1995 sont fréquentables, mais il faudra accepter de rouler dans une version dotée d’une carrosserie 5 portes, moins élégante que la variante originelle à 3 portes. En la matière, le top reste pourtant l’élitiste V8 4.2 de 200 ch (produite de 1992 à 1996), offrant puissance, performances et un intérieur suréquipé évoquant plus une berline Jaguar qu’un 4x4 (finition Vogue SE). Une singularité qui met en exergue la personnalité du Range Rover, engin à la fois unique et multiple, offrant une rare polyvalence. Dans tous les cas, limitez-vous à un modèle en parfait état d’origine : demain, ce sont les seuls qui seront recherchés en collection.



Range Rover : le gentleman baroudeur





Fiche technique : Range Rover V8 3.5 (1971)


Moteur : 8 cylindres en V, 16v

Cylindrée : 3532 cm3

Alésage x course (mm) : 88,9 x 71,1

Alimentation : 2 carburateurs Zenith-Stromberg

Puissance : 135 ch à 5000 tr/mn

Couple : 25,6 mkg à 2500 tr/mn

Transmission : aux 4 roues, boîte de vitesses mécanique à 4 rapports

Poids (kg) : 1724

Dimensions (L x l x h) en m : 4,47 x 1,78 x 1,78

Pneus : 205 x 16 M+S

Freins AV/AR : disques ventilés, assistés

Réservoir : 86 litres

Vitesse maxi : 156 km/h







On aime

Voiture culte !

Polyvalence rare

Confort royal

Habitabilité remarquable

Aptitudes en tout-terrain









On aime moins

Consommation décourageante (V8)

Agrément limité (diesel)

Fiabilité (surtout diesel)

Entretien pharaonique









Conclusion


Souvent copié, mais jamais égalé, le Range Rover n’est pas qu’une simple voiture : c’est un art de vivre. Seul l’inclassable Range, pionnier du SUV de luxe moderne, parvient à concilier l’inconciliable avec autant de talent en étant parfaitement à son aise dans les champs comme… sur les Champs Elysées ! Chic, unique et so british, cet athlète débonnaire mérite désormais d’être préservé. La moindre des choses pour un joyau de la couronne…      







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