Le principe du bonus/malus écologique a toujours été contradictoire : la mesure a pour but d'inciter le consommateur français à acheter un véhicule émettant peu de CO2 en lui accordant une prime, et à le dissuader dans le même temps de se porter acquéreur des voitures libérant le plus de dioxyde de carbone en leur imposant une taxe supplémentaire. L'objectif lors de son introduction en 2008 était que prime et taxe s'équilibrent pour que la mesure ne coûtent rien à l'État, en basant les seuils sur les ventes de 2007. En estimant que le consommateur ne modifierait donc pas sa prévision d'achat.
Cela n'a bien sûr pas été le cas : le coût du bonus/malus écologique sera de 214 millions d'euros pour l'État en 2008, 528 millions en 2009 et autant en 2010. Un échec financier cuisant, mais le but premier de la mesure, diminuer les émissions moyennes de CO2 du parc automobile français, est par contre un vrai succès.
Un serpent qui se mord la queue
Au 1er janvier 2011, les seuils d'obtention du bonus et du malus sont abaissés pour tenter d'endiguer les pertes et les résultats commencent à se faire sentir : au mois d'avril, le déficit a atteint un niveau particulièrement bas, à « seulement » 4,5 millions d'euros, avec 17,8 millions d'euros de recette pour 23,3 millions d'euros de dépense. Toutes les catégories permettant de décrocher un bonus sont pourtant en forte hausse : +87% pour la tranche 91 à 110 g par rapport à avril 2010, +73% pour celle de 61 à 90 g, tandis que les immatriculations des moins de 61 g ont été multipliées par quatre. Des progressions impressionnantes, même s'il convient de remarquer que, si la première tranche représente désormais 27,7% du marché total avec 47 000 immatriculations, les deux autres s'élèvent à respectivement à 379 et 190 unités.
Comment expliquer alors que, malgré ces augmentations à deux, voire à trois chiffres, des immatriculations de voitures bonussées, le coût de la mesure n'ait jamais été aussi bas ? Parce que celles des véhicules malussés sont aussi en forte hausse, représentant 13,7% du marché au mois d'avril alors qu'elles étaient inférieures à 10% sur les trois premiers mois de 2011. Finances ou émissions de CO2, il faut choisir.
Source chiffres : AutoActu.com
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