Comme prévu ce matin, nous sommes allés à la rencontre de Peter Birtwhistle, directeur du design de Mazda Motor Europe et responsable de ce projet, pour lui poser quelques questions sur son bébé qui draine ici beaucoup d'intérêt.
Pierre Desjardins : Quel était le but de ce concept ?
Peter Birtwhistle : En fait, la MX5 célèbre ses 20 ans de production, et comme nous n’avions pas de grosses nouveautés ici, j’ai pensé que c’était une excellente occasion pour faire ce dont j’ai toujours rêvé : une version dépouillée de la MX5 optimisée pour les sorties circuits du week-end.
Pierre Desjardins : Pourquoi était-ce un rêve pour vous ?
Peter Birtwhistle : J’étais un motard avant, j’ai arrêté mais les sensations me manquent donc j’avais envie de faire une version café-racer de la MX5. Nous n’avions pas eu l’opportunité jusque là, mais cette fois, nous avons montré quelques dessins au président de Mazda qui a donné son feu vert, nous avons ensuite établi un budget et nous l’avons fait.
Pierre Desjardins : C’est donc exclusivement un concept, on ne peut pas espérer une version s’en inspirant ?
Peter Birtwhistle : Je ne pense pas. Mes collègues japonais ne le comprennent pas vraiment, et de toutes façons, ce n’est pas le genre de voiture qu’on peut mettre facilement en production. Mais ce concept a créé de l’intérêt, même certaines personnes venant d’Hiroshima ont été surprises. C’est vrai que Mazda a déjà dans le passé fait des séries limitées de la MX5, ce n’est pas impossible qu’il y en ait une série très limitée, mais c’est quelque chose dont nous n’avons pas encore discuté.
Pierre Desjardins : Pourtant, ce ne serait pas difficile à faire, il n’y a qu’à dépouiller des modèles de série, non ?
Peter Birtwhistle : Effectivement, on n’altère pas la structure basique de la voiture en enlevant le pare-brise puisque ce qui rigidifie la caisse à cet endroit se trouve sous le tableau de bord, on peut donc enlever sans problème le pare-brise…
Pierre Desjardins : Même si on fait un tonneau avec ?
Peter Birtwhistle : C’est exactement pour ça qu’il fallu faire un arceau plus haut derrière les occupants. Sur la version de série, la baie de pare-brise et les arceaux derrière les appuie-têtes travaillent ensemble, en enlevant le premier il fallait renforcer les seconds pour garantir la sécurité.
Pierre Desjardins : Pourquoi avez-vous choisi le plus petit moteur ?
Peter Birtwhistle : C’était pour souligner qu’on pouvait augmenter les performances d’une voiture sans augmenter la puissance, tout en gardant au minimum la consommation et les émissions, juste en enlevant du poids. Et cela permet aussi de diminuer le coût.
Pierre Desjardins : Cela ne vient pas aussi du fait que beaucoup de personnes trouvent le 1,8l plus vivant que le 2,0l ?
Peter Birtwhistle : C’est vrai que les chiffres de performance ne veulent pas dire grand-chose. En la conduisant, on a des sensations grisantes qui ne sont pas reflétés par ces chiffres.
Pierre Desjardins : C’est donc un concept car qui peut être conduit ?
Peter Birtwhistle : Oui, nous allons même peut-être la faire homologuer pour la route. Elle a d’abord été développée mécaniquement avant de s’occuper de la carrosserie et tout s’est passé sur circuit pour vérifier la tenue de route et la répartition des masses. Elle a vraiment été poussée dans ses derniers retranchements, ce n’est pas un concept car comme les autres.
Pierre Desjardins : Une MX5 1,8l pèse 1075 kg, la Superlight 995 kg. Ne pensez-vous pas que ça reste quand même lourd quand on voit tout ce que vous avez enlevé ?
Peter Birtwhistle : En fait, nous avons enlevé 150 kg de pièces, ça faisait des tas impressionnants. Mais en même temps, nous avons aussi du rajouter des renforts, dont un arceau plus résistant, des freins plus gros, etc..
Pierre Desjardins : Pourtant, une MX5 de première génération ne faisait que 950 kg et avait un pare-brise…
Peter Birtwhistle : Oui, mais elle n’avait par contre pas d’airbag ni même aucun élément de sécurité en cas de choc latéral, et tout ça pèse très lourd. Et elle était plus petite aussi.
Pierre Desjardins : Justement, ne préfériez-vous pas ces voitures d’il y a 20 ans qui étaient plus légères et donnaient plus de sensations ?
Peter Birtwhistle : C’était une belle époque effectivement, l’industrie automobile a fait du chemin depuis et de nouvelles règles se sont ajoutées ou renforcées, comme la protection de l’environnement et la sécurité et je prends ça comme des challenges. J’ai toujours fonctionné comme ça.
Pierre Desjardins : Travaillez-vous déjà sur la MX5 de la prochaine génération ?
Peter Birtwhistle : Non, pas encore.
Pierre Desjardins : Mais il y en aura une ?
Peter Birtwhistle : Ah oui, c’est certain. On commence à peine à y penser, nous ne sommes pas vraiment pressés puisque la NC FL a encore quelques belles années devant elle.
Pierre Desjardins : Garderez-vous la même recette ?
Peter Birtwhistle : Oui. Moteur à l’avant et propulsion, accessible financièrement et légère. Mais est-ce que nous garderons ce style rétro que nous avons conservé jusqu’ici, je ne sais pas. Peut-être est-il temps de faire quelque chose de différent. Mais nous avons quand même un gros problème : nous avons une clientèle très fidèle et nous devons toujours penser à eux. La plupart du temps, quand on leur en parle, ils nous disent « ne changez rien, ne changez rien ! ». C’est difficile de changer une icône mais nous ne pouvons pas passer outre, ça serait nous tirer une balle dans le pied.
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