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14 juillet : une histoire de France version automobile

Dans Rétro / Saga des marques

Michel Holtz , mis à jour

Pour la fête nationale, Caradisiac révise son histoire. Des taxis de la Marne à la 205 GTI, de la DS du Général à la deuche des masses populaires, en passant par la Zoe qui préfigure le futur, plusieurs autos ont marqué leur époque, en participant directement aux événements majeurs, en les accompagnant parfois, ou en servant de baromètre au temps qui passe. Une certaine histoire française pas si anecdotique que cela.

14 juillet : une histoire de France version automobile

Raconter l’histoire de France à travers ses autos marquantes oblige évidemment à quelques raccourcis. C’est qu’on ne dispose d’aucune image de Clovis dans sa Yaris, ni même d’une estampe de Ravaillac dans sa Cadillac. Alors, pour tenter de retracer l’épopée hexagonale à travers les âges, contentons-nous de remonter à l’invention de l’automobile. Et, fête nationale oblige, d’évoquer quelques modèles français qui ont, à leur manière, changé l’histoire, ou du moins, s’y sont inscrites, même symboliquement.

 

14 juillet : une histoire de France version automobile

 1914 : une course à 70 000 francs pour les taxis de la Marne

La première guerre mondiale dure depuis deux mois, mais en septembre de cette année là, Paris s’affole. L’armée allemande est à une centaine de km de la capitale, le président du conseil s’est enfui à Bordeaux et le général Gallieni est seul aux commandes. Le front est à une centaine de kilomètres des faubourgs et le gradé veut marquer les esprits, calmer la population et lui montrer que l’armée française n’est pas en déroute. Alors le 6 septembre, il prend la décision de réquisitionner 600 taxis qui appartiennent majoritairement à la Compagnie Française des Automobiles de Place qui deviendra la G7 un peu plus tard, L’entreprise dispose notamment d’une flotte de Renault AG de 8ch et deux cylindres suffisamment puissantes pour trimbaler 5 soldats à 25 km/h. De toute façon, à cette époque, la vitesse maximale autorisée est de 40km/h, pour ne pas effrayer les chevaux. Le convoi ainsi formé « fonce » sur Nanteuil dans la Marne pour y déposer 3 000 réservistes censés arriver en renfort pour soutenir les troupes. Ils vont surtout soutenir le moral des Français en participant très peu à la bataille. Les taxis quant à eux regagnent Paris, le compteur toujours en marche, pour s’en aller se faire régler la note par le ministère de la guerre. Il lui en coûtera 70 102 francs de l’époque. Le prix du sursaut national.

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1936 : une certaine idée de la voiture du peuple

 A l’été 36, après un mois de grèves qui aboutissent aux réformes du Front Populaire les Français découvrent les congés payés. Mais ils ne vont pas embouteiller une A6 inexistante. C’est en vélo ou en train que les salariés en vacances s’en vont faire du camping. Pourtant, depuis un an du côté du quai de Javel, on pense à eux. Mais pas vraiment en terme d’acquis sociaux. Michelin vient de racheter Citroën et le patron de la maison Pierre Boulanger souhaite créer une petite auto pas chère et de très grande diffusion, histoire de vendre plus de pneus. Les départs en vacances de 36 sont une aubaine inespérée pour diffuser un tel modèle, mais à l’été du Front populaire, elle est loin d’être prête. En développement au centre de recherche Citroën de la Ferté Vidame, la TPV (Très Petite Voiture) verra sa gestation stoppée par rien moins que la deuxième guerre mondiale. Il faudra attendre le salon de l’auto d’octobre 48 pour découvrir la 2ch. Mais le frère ennemi de toujours, Renault, l'a grillé sur le poteau : il a lui aussi sa voiture populaire, la 4CV, Elle est disponible depuis deux ans déja. 10 ans après l’été 36, les Français en vacances vont enfin découvrir les joies des bouchons estivaux.

 

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1962 : l’oléopneumatique sauve le Général

 Les accords d’Evian sont signés. Le « je vous ai compris » du Général de Gaulle prend son véritable sens : celui de la compréhension d’une nécessaire séparation de la France et de l’Algérie. Mais tout le monde ne l’a pas compris ainsi. Surtout pas l’OAS (Organisation Armée Secrète) qui multiplie les attentats, dont le plus fameux vise le grand Charles lui-même. « La grande Zohra » du nom de code employé par l’OAS pour désigner le général traverse le Petit Clamart avec tante Yvonne au soir du 22 août 1962 à bord de la DS présidentielle. Mais soudain, un commando ouvre le feu. Sur les 150 balles tirées, 19 atteignent la voiture. La roue avant gauche et l’arrière droite sont touchées. Qu’à cela ne tienne, le chauffeur, Francis Marroux, rétrograde et accélère. Grâce à la fameuse suspension hydropneumatique Citroën, la DS garde son cap et parvient à s’extirper du guêpier. Tout le monde est sain et sauf, malgré une balle qui n’est pas passée loin de la tête du Général. Arrivée à Villacoublay, destination du cortège, Yvonne de Gaulle peut s’inquiéter des deux poulets prévus pour le diner qu’elle transportait dans le coffre de l’auto. Ils étaient eux aussi intacts.

 

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1975 : tout a une fin, même les trente glorieuses

 Les braises de mai 68 s’éteignent doucement. A l’Elysée, Georges Pompidou promène ses mégots, sa Porsche 911 et son anthologie de la poésie française : tout va bien. Les années 70 débutent et la France connaît une croissance comme jamais. D’ailleurs, depuis la fin de la guerre, l’économie nationale n’en finit pas d’aller bien. Alors on s’emballe, on vient d’inaugurer le Concorde et on songe déjà au TGV. Chez Citroën, on s’emballe aussi. Les chevrons viennent de racheter Maserati et au quai de Javel on rêve d’une supercar à la Française. Un châssis de DS, un V6 italien et le coup de crayon de Robert Opron seront la triplette gagnante de la SM dont les premiers modèles sont livrés en 1970. Sa consommation ? Quand on aime, on ne compte pas et on ne regarde pas la jauge. Mais trois ans plus tard, la guerre du Kippour éclate, l’Opep se rebiffe et le baril flambe. Pas la SM. Elle est retirée du marché deux ans après. Trop gloutonne, pas assez fiable et pas du goût de Peugeot qui est en train d’avaler les Chevrons. Mais au-delà de l’accident industriel, la fin de la SM signe la fin d’un monde, celui du plein emploi, de la croissance et de l’insouciance. Ils se sont éloignés avec la proue étroite et magnifique de l’une des dernières grande Citroën.

 

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1984 : la crise, quelle crise ?

 Les années 80 sont lancées, avec ses vestes à épaulettes, ses yuppies et son gym tonic. La crise, on s’y est fait depuis une décennie déjà. Une génération a grandi en sa compagnie et lorsqu’elle déboule sur le marché du travail, elle fait avec. Contre vents et marées elle veut s’éclater. Comme c’est la crise, on lui a concocté de petites autos avec de petites consos. Mais les garçons des années 80 veulent le beurre, les sensations et la crémière sur le siège passager. Des petites autos certes, mais des bombinettes. Une idée allemande, que cette formule concentrée. La Golf GTI sévit depuis quelques années déjà lorsque Peugeot, qui détient enfin une petite voiture qui lui permet de jouer les fiers à bras, va elle aussi tenter l’aventure. La 205 vitaminée débarque en mars 84, avec son petit 1.6L de 105ch, ses pubs aventurières et son logo GTI à l’arrière. La même année, l’ennemi Renault est à l’opposé et propose une voiture à vivre, un cocon, un Espace. Il aura du mal à s’imposer, du moins au début. Après, c’est une autre histoire. Celle de ces jeunes en GTI qui auront grandis, qui auront épousé leur crémière, auront de beaux enfants, un pull bleu ciel sur les épaules et emporteront leur petit monde dans un monospace.

 

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2012 : de l’électricité dans l’air

Une crise peut en cacher une autre. Vous avez aimé la pétrolière ? La Financière ? Voilà la climatique. La planète se réchauffe, on nous le répète depuis le protocole de Kyoto en 1997. C’est la faute aux autos. Ce ne sont pas les principales cracheuses de C02, mais les plus visibles et les plus symboliques. Il faut en finir avec le bon vieux moteur a explosion qui a fait son temps. La solution est simple comme une perceuse sans fil : une batterie, un moteur électrique bête comme chou et les roues tournent. Un truc qu’on connaît depuis un siècle lorsqu’en 2012, Renault lance sa Zoe. Evidemment, l’affaire est beaucoup plus complexe qu’une perceuse et le patron Carlos Ghosn, qui y croit dur comme un fer électrique y injecte plusieurs milliards. Quatre ans de Zoe plus tard, ce n’est pas le best seller souhaité par le boss qui fait un peu marche arrière, envisage une transition par l’hybride et se dit, qu’après tout, il a démarré sur les chapeaux de roues. Mais quoi qu’il arrive, quels que soient les chemins autonomes, hydrogénéisés et électrifiées que prendront les autos, elles ne seront plus comme celles de papa. Elles vont évoluer comme jamais, car la Renault AG de la Marne fonctionnait, peu ou prou, grâce au même procédé mécanique que la Peugeot 205 GTI. Elles doivent changer, si elles veulent continuer de coller à la roue de l’histoire de France qui avance.

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