Virée Caradisiac - Volkswagen California 6.1 : road-trip aux accents de liberté au Canada
Avaler des kilomètres sans se demander où dormir. S’arrêter quand on veut, où l’on veut. Avec son toit relevable qui se transforme en tente, le Volkswagen California 6.1 est depuis la fin des années 80 la coqueluche des véhicules utilitaires aménagés. Virée outre-Atlantique pour voir si l’héritier du Combi défend toujours aussi bien son titre.
«Welcome to the Hotel California. Such a lovely place. Such a lovely face». La fameuse chanson des Eagles résonne sur les ondes canadiennes. Faut-il y voir un signe du destin ? Assurément ! Mon camping-car California 6.1 sera mon hôtel roulant pour les trois prochains jours. À nous le bitume et les splendides étendues de la province de la Nouvelle Écosse, bordant l’océan Atlantique.
En France, on le qualifie de « camping-car » ; en Allemagne de « camping-van », un terme plus approprié et plus marketing pour ce petit utilitaire aménagé. Ainsi, l’esprit n’imagine pas des sexagénaires au volant d’un énorme engin suréquipé, mais plutôt une jeune famille ivre d’aventures motorisées durant lesquelles on peut se faufiler absolument partout. Le van aménagé a le vent en poupe : + 15 % entre septembre 2018 et août 2019.
Pour satisfaire cette clientèle de nouveaux curieux, le California 6.1 a subi un très léger restylage extérieur : une face avant avec de nouveaux LED, une bande chromée et une teinte bi-ton (pour la gamme Ocean). Le nôtre est beige et marron. Dommage… On aurait préféré des couleurs un peu plus pop, façon Combi. L’équipe Volkwagen nous a réservé le modèle haut de gamme : le Ocean, moteur diesel 2L TDI, 198 ch, boîte DSG à 7 rapports et quatre roues motrices.
Côté intérieur, le lifting est beaucoup plus soutenu… et réussi ! La planche de bord a été totalement réaménagée : les compteurs sont désormais numériques. Un écran de contrôle tactile avec moult fonctions, situé au niveau du plafonnier, ajoute au confort d’utilisation. Comme sur un écran de smartphone, on fait défiler tactilement les 3 pages d’affichage. Sur la première, le California est représenté indiquant le niveau des deux cuves (une de 30 litres pour l’eau propre et une autre de 30 litres pour l’eau grise, autrement dit sale), et l’autonomie de la batterie, qui tiendrait sans aucune recharge, c’est-à-dire sans rouler, près de 4 jours ! Sur les autres pages, l’on trouve les fonctions réfrigérateur, toit relevable (grâce à une commande hydro-électrique), chauffage (immédiat ou continu), camping (pour un jeu de lumières nocturne), recharge max, assiette (pour mettre son véhicule plan), réveil, minuterie, éclairage, réglages et écran éteint. Ici se trouve le cerveau de notre chère monture, qui sera testé dès ce soir.
Il est enfin temps de partir de l’aéroport d’Halifax, la capitale de la région, pour rejoindre le parc de la baie de Blomindon. Sur autoroute comme sur les étroites routes sinueuses, le California ne démérite pas malgré son embonpoint. Avec ses 2,6 tonnes (plus lourd qu’un pick-up) mais une direction assistée électromécanique, il file sans heurts telle une gazelle… un peu bruyante mais tout de même bien agile malgré les innombrables nids-de-poule. Toutes les assistances sont présentes : Lane Assist pour garder la voiture dans sa trajectoire, Park Assist pour se ranger en créneau ou en bataille, Trailer Assist pour aider aux manœuvres avec remorques et même un Cross Wind Assist pour stabiliser le véhicule en cas de vents forts.
La nuit tombe et le paysage aux couleurs automnales laisse place à un ciel pailleté. Ici, pas de pollution lumineuse ; les étoiles tapissent cette étendue d’encre. Il fait un vent à décorner un caribou. Pour la première nuit, point trop n’en faut, ce sera la banquette-lit d’en bas afin de bénéficier au maximum du chauffage. Pour l’installation, il faudra tout de même m’y reprendre à plusieurs fois. Pas question d’aller demander de l’aide à mes collègues masculins, réputés depuis des siècles comme ayant un esprit plus pratique. Moi aussi, je veux avoir l’esprit pratique !
Des coulées de sueur plus tard, après des contorsions improbables accompagnées de quelques noms d’oiseaux, je crie victoire ! Tirer fortement une manette afin de faire coulisser l’assise, rabattre les appuie-têtes vers l’arrière, tirer encore une fois fortement une attache pour faire basculer le dossier, déplier le matelas… et voilà que mon lit est enfin prêt. Je règle mon chauffage sur le niveau 7 sur 10, sans trop savoir à quelle température cela correspond, et mon alarme à 7h07 en espérant ne pas réveiller toute la vallée avec un bip strident qui ravive nos pulsions meurtrières.
Dans mon sac de couchage, je vais retrouver Morphée… qui ronfle ! Le vrombissement du moteur du chauffage me tire de mon sommeil. Il faudra changer de sens et mettre ma tête côté coffre pour épargner mes oreilles. Morphée malheureusement bien parti, je décide de lire un peu. La banquette-lit peut s’incliner… mais seulement depuis le coffre. Il me faudrait affronter le froid polaire et de potentiels animaux tout aussi insomniaques. Tant pis, je préfère compter les moutons ou les ours depuis l’intérieur. Finalement, une douce sonnerie résonne dans l’habitacle, accompagnée d’un message sur l’écran de contrôle tactile : « Il est l’heure de se lever ! Ou justement pas ? ». L’humour allemand serait-il aussi délicieux que le belge ?
Timide, le soleil pointe son nez à travers les nuages. La baie de Fundy se dessine dans des tonalités violettes. Originellement dénommée la baie française au XVIIe siècle, elle est connue pour ses impressionnantes marées… les plus grandes au monde ! Une légende locale raconte qu’elles peuvent atteindre 16 mètres à cause d’une baleine géante qui s’y agite.
Ce matin, la marée est basse. D’infinies bandes de sable ourlent la côte. Pas de monstre marin à l’horizon ; mais un paysage à couper le souffle ponctué sur 270 km de long de maisons aux pelouses parfaites, de forêts chatoyantes et de pittoresques ports de pêche. Un peu d’autoroutes où la limitation de vitesse est fixée à 100 km/h seulement et nous voici à l’extrême pointe de la baie se love Port Royal, une des premières colonies européennes établie en 1605 par le français Champlain, fondateur de la ville de Québec.
C’est l’heure du déjeuner. Les équipes allemandes ont préparé le repas, mais le California offre une totale autonomie. La cuisine, au design épuré et moderne, est aménagée d’un évier, de deux plaques de gaz, d’un frigo et de plusieurs placards. Pour la première fois, la finition Beach est également équipée d’une cuisine (un peu plus sommaire car il y a 3 places derrière au lieu de 2 sur le Ocean et le Coast). Une aubaine pour les acheteurs qui échappent ainsi au malus écologique puisque le Beach entre dans la gamme des VASP (Véhicule Automoteur Spécialement Aménagé).
Une table coulissante, très facile à déplier, permet de manger dans l’habitacle. En revanche, le pivotement des sièges avant est un véritable casse-tête, surtout pour celui du conducteur. Pour le retourner, il faut jouer des manettes avant et arrière, rabattre le dossier… et surtout desserrer le frein à main ! Quand le volant ne gêne plus, c’est au tour de la molette de côté, qui râpe alors le battant en plastique de la porte. Une fois installé, il faut aussi avancer au maximum le siège vers la table. Mais la manette reste côté pédales. Le California entretient assurément la souplesse !
Autre point noir : la moitié du siège conducteur est encombrée par l’angle de la cuisine et il faut accepter de manger de biais… En revanche, pour manger dehors, rien de plus facile. La table est clipsée dans la porte coulissante et les chaises pliantes sont intelligemment logées dans une housse accolée au coffre. « Das Auto »… incontestablement !
En dehors de quelques rares points à améliorer, le California 6.1 est une véritable maison roulante très bien pensée : une douchette à brancher à l’arrière, de nombreux placards de rangement, des prises en nombre suffisant, des prises USB aussi, 8 lumières dont on peut régler l’intensité, un store extérieur pour se protéger du soleil ou de la pluie, des rideaux coulissants ou même aimantés pour une totale intimité, le lit du dessus qui se relève totalement permettant ainsi de se tenir debout dans l’habitacle, des sièges chauffants, une climatisation réglable pour chacun des passagers et même, grande nouveauté, un sommier en ressort pour le lit du haut !
Pour le lit sur le toit, il va falloir patienter encore un peu. Il faut reprendre le volant pour atteindre le paisible lac Mush-a-Mush. Sur la route en lacet bordée d’un épais rideau de feuillus et d’épineux, je croise quelques rares routiers, des picks-up mais zéro voiture électrique. Ici, ne sont verts que les paysages… Mon California 6.1 m’apparaît comme un vaisseau inépuisable. Avec son réservoir de 80 litres, j’ai l’impression d’être un nomade qui peut compter sur son chameau le temps d’une traversée solitaire. De discrets sentiers caillouteux mènent à des étendues d’eau dont la surface n’est qu’un miroir de beauté. Un de ces chemins mène à notre camp, blotti au milieu des sapins. La place stratégiquement choisie, je prépare ma couche. Le toit déplié, il faut maintenant grimper, en s’aidant des sièges ou des accoudoirs… et enfin exhiber nos plus beaux triceps pour se hisser sur ce matelas confortable. Il est possible d’ouvrir le devant de la tente ou d’opter pour les moustiquaires mais ce soir, la pluie et le vent battent la toile grise. Le chauffage est mis à fond. En bas, c’est ambiance sauna. En haut, atmosphère bretonne. Un souffle frais et doux traverse la toile, caressant mon visage. Véritable plongée en enfance quand je réclamais dormir sous la tente dans le jardin ; les parents bien au chaud, moi imaginant mille aventures improbables.
L’aventure reprend au petit matin. Dernier jour où nous longeons la côte, durement fouettée par le vent et les vagues agitées de l’Atlantique. Le California a cela de magique : il transporte, fait voyager… le corps mais aussi l’esprit, tout en offrant un confort indéniable. Bien installée dans mon siège, les deux bras accoudés, j’avale ces rubans asphaltés aux interminables deux lignes jaunes, croisant parfois de lourds GMC, de vrombissants Mack ou encore ces big trucks, qui, quand on les dépasse, dérangent les mise-en-plis les plus sophistiquées. Cette partie de la Nouvelle-Écosse est beaucoup plus peuplée. Direction Lunenburg. La ville, fondée par des colons allemands et aujourd’hui classée à l’Unesco, est fameuse pour ses maisons en bois colorées. Son port, encore investi par des artisans, accueille le Bluenose II, réplique d’une goélette de course emblème du Canada. Un peu plus loin, nous rejoignons Peggy’s cove, une bourgade qui la journée se transforme en hall de gare. Les touristes, débarqués en meute par bateaux de croisière, sortent en file indienne des cars garés sur les immenses parkings. Tous viennent voir le phare, posé depuis 1915 tel un ermite sur un tapis de rochers polis par la nature capricieuse. Un délicieux sandwich au homard avalé – l’autre attrait de Peggy’s Cove – je reprends la dernière portion de route ponctuée de petits villages aux demeures cossues.
708 kilomètres plus tard, de la boue plein l’habitacle, retour à l’aéroport d’Halifax avec une consommation de 8,4 l/100. Je comprends pourquoi le California est n°5 des ventes de camping-cars en France (1 289 vendus, soit +260 % par rapport à 2013). Aux âmes nomades… il les remplit de menus bonheurs. Mais le prix du modèle Ocean essayé fleure les 75 000 €. Un tarif qui ne le destine malheureusement qu’aux âmes nomades déjà bien assises socialement.
Les tarifs (hors options)
- Finition Beach : à partir de 46 260 €
- Finition Coast : à partir de 59 210 €
- Finition Ocean : à partir de 65 810 €
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