Urgent, constructeur thermique cherche repreneur, cause manque de cash
La division très probable de Renault en deux entités, l’une thermique l’autre électrique, dont la première serait, en partie, vendue au chinois Geely et au saoudien Aramco, pourrait bien donner des idées à d’autres constructeurs. Car tous ont besoin de financer leur transformation et tous savent que le thermique sera, à long terme, réservé à quelques pays, et pas des plus riches.
C’est un secret de polichinelle. Renault entend bien se couper en deux entités distinctes. L’une baptisée du nom de code « Ampère », et qui devrait regrouper les activités électriques. Quant à la seconde entreprise, qui pour l’instant s’appelle « Horse », elle continuerait de fabriquer des autos équipées de bons vieux moteurs à explosion.
Les choses sont en train de se préciser en ce qui concerne le tour de table de « Horse » puisque les discussions entre Renault et le chinois Geely semblent bien avancées et qu’un troisième larron semble entrer en piste : le saoudien Aramco, leader mondial du pétrole et plutôt richissime. Pour ce groupe, investir quelques milliards pour prendre 20 % des parts de la nouvelle entreprise est à peu près aussi douloureux que l'achat d'une botte de carottes pour un simple quidam.
Un pétrolier saoudien et un constructeur chinois, majoritaires dans le futur Renault thermique
Il n’est d’ailleurs pas exclu qu’Emmanuel Macron en ait touché un mot au roi saoudien Mohammed ben Salmane (MBS) lors de la visite officielle que ce dernier a effectué à Paris en juillet dernier. Le souverain n’a sans doute pas été très long à se laisser convaincre, étant donné le peu d’importance de l’évènement pour son pays et sa principale entreprise.
Toujours est-il que la signature de ce tour de table, qui devrait attribuer 40 % des parts à Renault, autant à Geely et 20 % à Aramco, ne devrait pas traîner. La date de l’accord officiel n’est pas connue, mais l’introduction d’ «Ampère » en bourse est déjà fixée à l’automne 2023.
Tout cela peut sembler bien hâtif, et peut être considéré comme une manière un poil rapide de solder les bijoux de famille, ou du moins ceux d’un constructeur âgé de 123 ans, et le tout, avec le soutien de l’État, actionnaire de la vieille dame. Mais cet empressement est peut-être lié à une bonne raison, et peut-être même à deux bonnes raisons.
Renault a besoin d’argent. Non seulement, ce n’est pas le constructeur le plus rentable de la planète auto, loin de là, et en plus il a encore laissé des plumes en Russie depuis son départ précipité d'AutoVaz. Mais de plus, le losange doit investir plusieurs dizaines de milliards d'euros dans sa transformation vers l’électrique. Cette scission programmée en deux entités est avant tout destinée à faire rentrer l’argent nécessaire à ces investissements et Luca De Meo a très certainement prévu cette opération dès son arrivée à la tête de la maqrue. Elle devait même figurer en tête et en grosses lettres dans sa Renaulution annoncée il y a deux ans et demi. Même si ces grosses lettres n’ont pas été rendues publiques au moment de la publication de ladite feuille de route. Mais pourquoi procéder aussi rapidement, alors que les échéances du tout électrique sont fixées en 2035 ?
Car De Meo, son président Jean-Dominique Sénard et les hommes de Bercy chargés de suivre le dossier avec eux, savent que Renault n’est pas le seul constructeur à vouloir tenter ce type de manœuvre et à chercher des sous. Geely dispose de près de 10 % des actions de Mercedes, tout comme l’autre géant chinois Baic. L’étoile de Stuttgart a elle aussi besoin d’argent frais pour s’électriser et vient elle aussi de se scinder en deux. Même si Mercedes préfère aller en bourse pour en récolter, plutôt que d’en passer par une augmentation de capital, la course aux fonds est lancée en Allemagne, et dans l'ensemble du monde auto. Une course ou le premier arrivé sera le premier servi, d’où le départ façon lièvre de Renault dans cette aventure, qui veut éviter d'être la tortue de la filière.
Attention, risque de délocalisation
Bien sûr, cette course ne se courra pas sans heurts et sans obstacles. Ils ne sont pas d’ordre technologiques, mais plutôt sociaux. Car côté techno, les développements à venir dans le thermique sont limités, et les transferts vers la Chine seront faibles. Les grands pays industrialisés devraient eux aussi, après l’Europe, basculer dans le tout électrique. Les États-Unis y songent et la Californie ouvre la voie. La Chine augmente ses quotas en la matière et devrait y céder rapidement.
Il ne restera plus alors que des pays émergents, en Inde, en Afrique et en Amérique du Sud à rouler au pétrole. Et les nouvelles entités crées tout exprès, qu’elles s’appellent « Horse » ou autres, produiront pour ces régions des autos thermiques et peu chères. Avec quelle main-d’œuvre ? C'est la question. Mais il est fort à parier que les usines qui les fabriqueront ne seront pas sous nos contrées.
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération