Une voiture électrique d'occasion à moins de 5 000 € ? Oui, ça se trouve... mais ce sera souvent non !
Arborant une vignette "Crit'Air 0", promesse de ne jamais rencontrer aucune restriction de circulation, les véhicules électriques (VE) font de l'œil aux acheteurs, y compris sur le marché de l'occasion. Oui, mais même si les prix fondent, la plupart des modèles restent chers. Alors quand on a un (tout) petit budget, que peut-on trouver en seconde main ? Sachez qu'il y a des offres à moins de 5 000 € ! Mais... Faut-il pour autant craquer ? Pas si sûr.

Les voitures électriques sont encore et toujours plus chères que les thermiques, même si quelques modèles "premier prix", comme la Citroën ë-C3, la R5 à petite batterie, ou le Hyundai Inster par exemple, sont arrivés en 2024 et cette année. C'est un constat. En neuf bien sûr, même si elles bénéficient d'un bonus écologique, qui s'est d'ailleurs beaucoup réduit (2 000 € désormais pour tous, et jusqu'à 4 000 € pour les plus bas revenus) et qui ne fait que rapprocher leur prix de celui d'une auto thermique, et encore... Mais aussi en occasion !
En effet, après une grosse décote de façade, qui ne correspond en fait qu'à la prise en compte du bonus écologique plus important auquel elles ont eu droit l'année de leur achat (jusqu'à 7 000 € fut un temps), elles décotent ensuite plus lentement, même si l'offre de plus en plus abondante change quelque peu la donne par rapport aux années 2021/2022/2023. Mais comme les modèles neufs sont longtemps restés dans la zone des 30 000 à 50 000 € (voire bien plus), les prix en seconde main restent élevés.
Malgré cela, on commence à trouver des occasions à prix abordable, en particulier quand on parle des modèles les plus anciens de la "nouvelle vague" (on ne parle pas ici des Citroën Saxo ou Peugeot 106 électriques des années 90) sortis sur le marché.
Ainsi, les premières Renault Zoé, Peugeot Ion ou Citroën C-zéro, Nissan Leaf de première génération, âgées parfois de plus de 12 ans aujourd'hui, peuvent se trouver, comme quelques autres modèles, à moins de 5 000 €.
Mais si commencer à trouver des modèles abordables, c'est bien, que ce soit de bonnes propositions, ou de bonnes affaires, c'est mieux. Alors est-ce qu'à ce prix, il faut foncer sans réfléchir ? Ou au contraire tourner sept fois son chèque sur la table avant de signer ?
Voyons cela modèle par modèle.
Voitures électriques d'occasion : plus aucune aide à l'achat !
Il vous avait semblé entendre que l'on pouvait obtenir une aide à l'achat pour un véhicule électrique d'occasion ? Oui, c'était bien le cas, au passé... Seulement entre le 8 décembre 2020, date à laquelle le gouvernement a proposé une aide à l'achat de 1 000 €, pour un VE de seconde main, et le 12 février 2024. Il n'y avait même pas de conditions. Mais depuis le 13 février 2024, c'est terminé. Plus rien pour aider à l'achat en seconde main. Toutefois, il peut toujours exister ponctuellement des aides à l'achat régionales, ou des opérations promotionnelles des constructeurs. Mais c'est désormais rare.
À tout seigneur, tout honneur, commençons par le modèle qui a démocratisé le véhicule électrique en France, et qui fut l'électrique la plus vendue chez nous pendant des années, à savoir la Renault Zoé.
La Renault Zoé

Elle a été commercialisée en mars 2013, les premiers exemplaires ont donc aujourd'hui près de 12 ans.
Les annonces qui proposent un rachat de la voiture démarrent autour de 4 000 €, si l'on sort du jeu les modèles non roulants, avec une batterie en rade ou des réparations importantes à prévoir (quelques annonces sont à moins de 2 000 €).
À ce prix, le rachat s'accompagne le plus souvent de la location de la batterie. Oui, pour une Zoé, et même pour un achat d'occasion, il faut continuer à louer la batterie. Certains modèles ont toutefois bénéficié du rachat de la batterie par le précédent propriétaire, puisque Renault le permet (tarif dégressif selon l'âge de la voiture). Mais c'est rare sous les 5 000 €. Ce système de location est à considérer sous deux angles. Si la batterie est en bon état et avec une capacité restante bien au-dessus des 70 % (le fameux SOH, State of Health), et que l'auto n'a aucun souci, c'est un surcoût qui augmente le prix au kilomètre. Si la batterie donne des signes de faiblesse, le fait qu'elle soit en location forcera Renault à vous la remplacer si elle dysfonctionne ou passe sous les 70 % de capacité. Ce sera alors finalement une grosse économie. À réfléchir donc, pour une auto de 10/12 ans, qui n'est plus garantie, on peut considérer les 59 €/mois en moyenne comme le prix d'une "garantie".
Concernant la voiture en elle-même, il s'agira le plus souvent donc d'une première version de Zoé "R210", ou au mieux R240, avec une petite batterie de 22 kWh, qui autorise environ 130 km à 160 km d'autonomie à la base, un peu moins aujourd'hui. C'est bien moins que les dernières versions ZE40, à la capacité de batterie presque doublée, et même ZE50 pour la toute dernière version.
Ces Zoé chargent à 43 kW maximum pour la R210 ou la Q210 (Q pour Quick charge), 22 kW pour la R240. C'est désormais 50 kW pour les dernières ZE50.
Alors faut-il craquer pour un modèle à 5 000 €, qui aura entre 60 000 et 130 000 km, selon l'année et le modèle, une faible autonomie et une recharge le plus souvent de 22 kW maximum ? Carrément non pour les versions à batterie 22 kWh, sauf à vraiment parcourir de petits trajets, et pouvoir recharger chez vous tout le temps.
Oui si vous trouvez une version ZE40 à batterie de 41 kWh, elles débutent à 5 000 € pour les moins chères. Les ZE50, elles, démarrent à 7 000 €. Pas la même mayonnaise, mais honnêtement, ça vaut le coup de mettre 2 000 € de plus, si vous avez le budget (on sort toutefois de l'aspect économique sur lequel cet article insiste).
Quelques annonces de Renault Zoé à moins de 5 000 € sur La Centrale
Renault Fluence

Chez Renault encore, le modèle Fluence, sorti des radars depuis longtemps, mais qui a existé en version 100 % électrique. Une adaptation de la Mégane 3 à malle de coffre, mais moins bien finie, et dotée d'un moteur de 95 ch relié à une batterie de 22 kWh permettant en théorie 200 km maximum d'autonomie. En réalité, à peine 100 km, selon les conditions. Et une recharge en 8 à 10 heures sur une wallbox. Pas de charge rapide. Et en sachant qu'aujourd'hui, l'autonomie résiduelle sera plutôt autour de 70/80 km... Faut-il aller plus loin ou vous avez compris ?
Aller, pour se faire du mal, le tout est emballé dans une carrosserie pas très sexy, rallongée de 13 cm sur le porte-à-faux arrière pour loger les batteries, ce qui déséquilibre la ligne, et le comportement routier. Ce dernier étant décevant. En gros, les prestations ne sont pas au niveau.
Alors, payer au minimum 3 000 € et jusqu'à 8 000 € pour ce modèle, avec en plus la location de la batterie en sus le plus souvent (comme la Zoé)? C'est non. Définitivement non.
Peugeot Ion et Citroën C-zéro (voire Mitsubishi i-Miev)

Cette "triplette" représente, comme celle des Peugeot 107/Citroën C1/Toyota Aygo, tout simplement une série de clones. La première ayant d'ailleurs été la japonaise, base pour les deux autres. Cependant, la Mitsubishi est quasi introuvable en occasion, tandis qu'on peut dénicher quelques Ion et C-zéro pas trop chères.
Ces autos ont été commercialisées en 2010, avant même la Zoé, mais n'ont connu qu'un piètre succès. Elles étaient relativement chères neuves et leurs prestations, inversement proportionnelles au prix. Tenue de route moyenne (pour être gentil), prise au vent importante, habitabilité de voiturette, petit coffre, rien que ça est déjà peu engageant.
Si on ajoute une minuscule batterie de 14,5 kWh utiles seulement (nombre d'hybrides rechargeables ont aujourd'hui des batteries bien plus grosses !) et une autonomie réelle bien éloignée des 150 km théorique, soit environ 100 km, et plutôt 80/90 km pour les modèles les plus anciens, on s'éloigne alors de la voiture électrique idéale ! Sauf pour les adeptes des tours de pâtés de maisons ou qui ne se servent de leur auto que pour aller faire les courses ou amener les enfants à l'école (s'ils veulent bien monter dedans !).
Même les prix en occasion ne sont pas si bas que ça : avec des offres à partir de 3 800 €, soit à peine moins cher qu'une Zoé, pour des millésimes 2011/2012, ayant plus de 100 000 km. C'est environ 6 000 € pour moins de 50 000 km.
Alors certes, cela fait une auto électrique maniable et facile à garer, mais sincèrement, il y a mieux pour le prix, à commencer par une Zoé...
Quelques annonces de Peugeot Ion et Citroën C-Zéro à moins de 5 000 € sur La Centrale
La Nissan Leaf

Voilà une concurrente un peu plus sérieuse sur le marché de l'occasion, face à la Zoé. La Nissan Leaf, la première évidemment (sortie en 2011) puisqu'il s'agit ici des modèles premiers prix du marché de la seconde main, ne boxe cependant pas dans la même catégorie. Elle est bien plus grande, 4,45 m contre 4,08 m, et est donc une compacte, pas une citadine polyvalente. Avec 330 litres de coffre, il faudra par contre limiter l'emport de bagages, c'est à peine mieux que la petite électrique au losange.
Elle est également plus puissante et polyvalente que les premières Zoé, avec 109 ch et 280 Nm de couple. Et elle monte à 144 km/h contre 135 pour la Zoé. Par contre, sa batterie de 24 kWh ne promet qu'une autonomie moyenne de 160 km environ dans la vraie vie (200 km en cycle NEDC peu réaliste à l'époque), c'est le chiffre que nous avons réussi à atteindre à l'époque lors de notre essai, à quelques kilomètres près.
La Leaf est par ailleurs une auto très semblable, au niveau des prestations, à une voiture thermique. Insonorisation, confort, performances. Tout est au niveau des berlines compactes de l'époque, sauf que c'est sans émissions de CO2 locales.
Alors, la Leaf ? Une bonne occasion ensuite ?
Il faut savoir qu'elle était vendue à l'époque soit complète, soit avec location de batterie. En occasion, on trouve des modèles 2012 batterie incluse à partir de 3 200 € (et plus de 160 000 km). Avec la batterie en location, ce n'est pas forcément moins cher, et il faut ajouter minimum 79 € par mois. Donc ça calme un peu. De plus, à cet âge, la plupart des propriétaires annoncent une capacité de batterie restante entre 50 et 60 % maximum, donc une autonomie de 80 à 90 km. Et si la Leaf peut charger en accéléré (50 kW), c'est sur une prise CHADeMo. Un standard qui se fait très rare sur les bornes.
En 2015, une batterie de 30 kWh est apparue (250 km d'autonomie NEDC). Ces versions sont plus chères en occasion, à partir de 5 000 € pour 150 000 km, mais sans location de batterie le plus souvent. Ce sont de meilleures affaires au final, grâce à l'autonomie supplémentaire.
Faut-il alors craquer ? Oui, si l'autonomie vous convient et que vous pouvez charger chez vous, mais il faut bien demander un rapport sur l'état de fraîcheur de la batterie avant de signer. Car elles ont tendance à perdre plus de capacité, plus rapidement que dans d'autres modèles.
La Smart Fortwo ED

Cette micro voiture des villes a été proposée en version électrique en 2010 (en expérimentation), puis en 2012 officiellement. Au menu, 41 ch seulement, 135 Nm, une autonomie théorique de 135 km avec une petite batterie de 17,6 kWh, et toujours 2 places et un coffre de 220 litres.
Stricte urbaine, clairement, et plus encore avec un rayon d'action de 45 kilomètres réels (90 km d'autonomie pas plus en réel). De plus ses performances sont insuffisantes sortie de la ville (vitesse maxi de 100 km/h), et même en ville il faut avoir le pied lourd pour rester dans le flot de la circulation. Et contrairement à d'autres électriques, elle n'est même pas silencieuse, avec un moteur électrique qui turbine et siffle à qui mieux-mieux derrière le conducteur.
Bref, pour nous c'est non. Pour vous, si vous êtes prêts à mettre 4 500 € dans cette électrique digne d'une voiturette, mais qui a pour avantage d'être mieux finie et équipée, alors pourquoi pas, mais c'est un peu du masochisme.
En complément...
Pour les curieux, et parce que nous le sommes aussi, nous sommes allé voir quel est le prix minimum pour un modèle Tesla (roulant et en bon état évidemment). Eh bien on est encore très très loin des 5 000 € ici fixés. La moins chère actuellement est une Model S de 300 000 km affichée à 14 500 €. Et pour une Model 3, c'est minimum 16 800 € pour 170 000 km. CQFD.
LE BILAN
Non, il n'y a pas d'autres modèles à moins de 5 000 €, voire 7 000 € même, sur le marché. Et elles ne sont pas vraiment gégé, ces occasions électriques à pas cher. Oui elles existent, mais autour de 5 000 €, ou moins, on a affaire à des modèles anciens, avec des autonomies qui apparaissent aujourd'hui comme ridicules, vu l'amélioration des derniers modèles sur ce point. Que faire en effet d'une auto capable de parcourir seulement 80 à 90 km ?
Une première Zoé fait certes mieux (150 km) mais les dernières versions, plus chère évidemment, doublent ce chiffre !
Une compacte Nissan Leaf, plus consistante en prestations, et presque au même prix que la petite Renault, pourra être une bonne option cependant, si la batterie est en bon état, et vous n'avez pas besoin de charge rapide en CHAdeMo, une prise rare.
Pour le reste, soyons clairs, il vaut mieux patienter, se constituer un pécule plus important, et opter dans 2 ou 3 ans pour des autos qui afficheront une autonomie plus conséquente, dont la plupart auront aussi abandonné l'idée de louer la batterie, même pour un achat en occasion, et qui auront des possibilités de recharge plus rapides. Pour avoir cela aujourd'hui, il faut compter au minimum 12 000 €. Plus vraiment "bon marché"...
Et pour 5 000 € à 7 000 €, on trouve d'excellentes propositions, en thermique Crit'Air 2, et même des petites citadines en Crit'Air 1 !
Quid de la fiabilité des voitures électriques ?
Une électrique pas chère ok, mais si elle coûte un bras à réparer parce que la fiabilité à long terme n'est pas assurée, ça ne sert à rien...
Alors sachez que si bien sûr, elle n'est pas parfaite (oui, il y a eu des cas de remplacement de moteurs sur les Renault Zoé, oui il y a eu des remplacements de batterie ou de chargeurs intégrés, pareil sur la Nissan Leaf, et sur les autres), c'est en proportion assez rare.
Et au global, la fiabilité des voitures électriques est meilleure que celle des thermiques. Un phénomène qui s'explique très simplement. Les seuls organes qui peuvent défaillir sont les moteurs, les batteries, le chargeur et l'électronique de gestion.
Avec une électrique on évite tous les soucis liés aux : boîtes de vitesses, système de dépollution, embrayage, volant moteur, turbo, démarreur, alternateur, échappement, etc.
Et la plupart des systèmes électriques sont garantis 8 ans ou 160 000 km. De quoi voir venir.
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