Succession de Luca de Meo : pourquoi Renault ne peut pas se payer une star mondiale
Sa petite place dans le concert de l'automobile mondiale et la rémunération proposée qui ne peut pas être à la hauteur des premiers de la classe, peuvent peut-être limiter Renault dans le recrutement d'un nouveau directeur général. D’où la tentation d'une promotion interne.

Toutes les suppositions sont désormais avérées et Luca de Meo va bel et bien rejoindre Kering, puisque le groupe a confirmé sa venue. Sa succession est donc ouverte au sein du conseil d’administration et plusieurs noms circulent.
Une succession qui devrait connaître une issue rapide puisque le nouveau directeur général devrait être nommé dès le 15 juillet prochain. Parmi les noms les plus cités, Denis Le Vot arrive en tête, suivi de Fabrice Cambolive. Deux hommes qui sont déjà dans la place, puisque le premier dirige Dacia, et que le second est à la tête de la marque Renault.
Des hommes qui ont fait carrière sous le signe du losange
Si le boss de Dacia a plus de chances que celui du Losange pour devenir calife à la place du calife, c’est parce que, d’une part, il a mené sa barque, et la réussite de la marque « essentielle » avec une autonomie maximum, alors que le second était plus étroitement chapeauté par le boss de Meo, qui a toujours été très attentif à la marque Renault.
Mais il est une autre raison pour laquelle ce sont précisément ces deux hommes qui sont en tête des pronostics : ils sont déjà dans la place, ce qui simplifie le recrutement par le truchement d’une promotion interne.
Et ce n’est pas qu’une question de passage de témoin plus facile. C’est aussi en raison de moyens limités et d'une notoriété assez faible, qui oblige Renault à privilégier l’interne. Il serait évidemment tentant de s’offrir une star internationale de la filière, ou d’une autre. Sauf que le groupe n’est que le 13e mondial, en nombre de voitures vendues, loin derrière le podium constitué par Volkswagen, Toyota et General Motors. Le losange, malgré ses trois marques (Alpine, Dacia et Renault, se retrouve même derrière le discret et efficace Suzuki, et le très abîmé Nissan.

Difficile dans ce cas de tenter un candidat attiré par un groupe phare de la galaxie auto. Difficile aussi de s’aligner côté salaire. Par tradition, un débauchage a tendance à coûter 20% de plus que ce que le débauché touche dans son entreprise du moment.
Et chez Renault, on a tendance à être moins dispendieux qu’ailleurs. Certes la rémunération 2024 de Luca de Meo est à la hauteur de ce qui se pratique dans le secteur, même si, avec 12,8 millions d’euros, elle n’atteint pas celle de Mary Barra (General Motors) et ses 29,5 millions l’an passé, ni celle de Carlos Tavares qui a perçu 36,5 millions du temps de sa splendeur en 2023.
Reste que le conseil d’administration a dû batailler ferme pour parvenir au « gros » salaire l’an passé de de Meo, et à en passer par une "attribution d’actions exceptionnelle" pour en arriver là. Car parmi les actionnaires, l’État français veille au grain pour éviter des dérives salariales qui pourraient lui être reprochées par la suite.
Un seul candidat venu de l'externe
Quoi qu’il en soit, ces freins de notoriété et de rémunération pourraient calmer quelques stars. Si l’on y ajoute les difficultés auxquelles Renault, comme l’ensemble des constructeurs européens risquent d’être soumis dans les années qui viennent, et son manque de surface mondiale sur des gros marchés comme les États-Unis et la Chine, on comprend la tentation de l’ex-régie de compter sur ses ressources internes.
Pour autant, il reste un candidat externe souvent cité dans cette short list qui brigue le fauteuil de de Meo. Il s’agit de Maxime Picat. L’homme est actuellement le directeur des achats et de la logistique de Stellantis, mais aussi responsable de la région Asie-Pacifique, Moyen-Orient et Afrique.
Il est un peu mis sur la touche par la nouvelle direction du groupe depuis l’éviction de son mentor Carlos Tavares qui voyait en lui un digne successeur. Peut-être, de ce fait, n’est-il pas le candidat le mieux placé chez Renault ou de nombreux transfuges de Stellantis, ne verraient pas du meilleur œil, l’arrivée d’un homme rompu aux méthodes tavaresiennes. La paix sociale a un prix : peut-être celui d’une recrue interne au poste de directeur général.
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