Sécurité routière : les radars embarqués bientôt débarqués ?
C’était comme l’arme fatale de la sécurité routière, le concept ultime du contrôle de vitesse, la destruction massive garantie des accros aux km/h. Des voitures radars capables de contrôler la vitesse en circulation, confiées à des chauffeurs privés qui n’avaient qu’à laisser faire la technologie pour réprimer sillonnant les routes du territoire national. Seulement voilà : le sommet de la chaîne alimentaire du radar embarqué fait long feu. Et pourrait même être débarqué.
L’idée aurait dû faire son chemin depuis avril 2018, mais apparemment a été abandonnée sur le bord de la route. Ces contrôles particuliers et systématiques avec au volant une personne qui n’est nullement un fonctionnaire des forces de l’ordre flashent peu et la généralisation à l’ensemble du territoire ne semble plus d’actualité.
La déception s’affiche pour la première fois ouvertement et nous vient du préfet de la Manche. Selon le préfet cité dans La Presse de la Manche ces radars embarqués ont relevé moins de 10 infractions par jour dans le département, soit 1 760 infractions en six mois. Dans le détail, les voitures ont flashé 433 fois en janvier, 382 en février puis encore moins en mars avec 258 clichés. En comparaison, sur les quatre premiers mois de l’année, le nombre total d’excès de vitesse enregistrés dans le département a augmenté (+ 54 %), alors qu’un quart des radars fixes est hors-service.
En réponse, le délégué interministériel à la Sécurité routière Emmanuel Barbe commente : « c’est une grande nouveauté technologique, il a fallu régler un certain nombre de problèmes techniques, c’est chose faite ». Par ailleurs, le contexte des Gilets Jaunes et de fronde anti 80 km/h n’encourage pas une généralisation. « À ce stade le contexte n’est pas favorable » reconnaît le délégué.
L’objectif de cette privatisation était avant tout de faire tourner plus ces radars embarqués qui ne roulaient alors en moyenne 45 minutes par jour, les forces de l'ordre étant occupés à d’autres tâches. Mais elle a aussi un coût qui exige à ce que les caisses se remplissent pour récupérer la mise. 120 000 € par voiture et par an sont versés à la société Mobiom pour conduire ces engins. Il faudrait environ 260 infractions relevées chaque jour pour rembourser les 3,10 M€ investis pour les vingt-six premiers véhicules mis en circulation. Vous avez dit fiscalité routière ?
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