Route de nuit - Le nouvel art du volant
"Accélérez!": Introuvable ou presque, ce livre publié dans les années 50 constitue un témoignage précieux d'une époque où l'automobile était encore une aventure.
Celui-ci, vous ne le trouverez pas chez le libraire du quartier. Mais si vous tombez dessus, nous vous recommandons chaudement de vous délester de quelques euros pour vous offrir ce témoignage de ce que l’automobile représentait au début des années 50.
Au-delà du moyen de transport, il s’agissait d’un outil de conquête et de plaisir, tandis que la « bonne conduite » constituait une forme d’accomplissement de l’homme moderne. Un homme moderne que l’auteur, Edmond Dujardin (qui créera le célèbre jeu des Mille bornes quelques années plus tard), enjoignait littéralement à accélérer, afin de pratiquer ce qu’il appelait « le nouvel art du volant ».
En un peu plus de 180 pages, Dujardin délivre mille conseils visant à « transformer le chauffeur moyen en excellent conducteur », selon les termes employés dans la préface par Charles Faroux, ingénieur, journaliste et co-créateur des 24 Heures du Mans.
Nourri de l’expérience de ses 600 000 kilomètres parcourus (pas mal, pour l’époque !) l’auteur ratisse large. Il est ici question de vous apprendre à interpréter tous les signes que pouvaient vous adresser votre monture. Mais aussi de vous enseigner « les vertus du sourire », d’étudier « la personnalité de votre voiture », d’apprendre le double débrayage, d’« éduquer son subconscient », mais aussi de « monter son meilleur pneu à l’avant droit », car c’est celui qui travaille « dans les conditions les plus pénibles (extrémités de chaussée, clous du ruisseau, coups de trottoir). »
Par ailleurs, on peut rendre grâce à Dujardin de souligner les dangers de l’alcool au volant, à une époque où la question ne se posait guère: "Le meilleur service à rendre à un camarade pompette qui prétend piloter quand même, c'est de retirer une bougie de son moteur, d'arracher le fil du delco ou de faire n'importe quoi qui l'empeche de rouler."
Le style a certes vieilli, la fascination pour l’objet confine souvent à la naïveté, et le propos se montre parfois involontairement drôle :
« Epargnez quand même les cylcistes. Quand même ? Oui, malgré leur indiscipline, leur ignorance ou leur mépris du danger. Les cyclistes, c’est « la plaie de la route. Vous aurez mille occasions de le dire : autant vous y habituer tout de suite. »
« Dépasser, c’est assouvir un naturel instinct de domination et se procurer une satisfaction d’amour-propre telle qu’absolument personne n’y reste insensible. »
« Heureusement, les nouvelles générations de chiens commencent à avoir le sens de la route, et souvent un coup d’avertisseur suffit à les faire garer. »
Mais il faut bien situer ces lignes dans le contexte de l’époque. Ce livre constitue à ce titre un témoignage extrêmement précieux d’un temps révolu où l’automobile était encore une aventure, et n’était pas encore devenue un objet électroménager parmi d’autres.
Accélérez ! Le nouvel art du volant, par Edmond Dujardin, éd. Technique et vulgarisation, 1952
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