Route de nuit - Citroën DS 19 : l’attentat du Petit-Clamart
Tout au long de l’été, la Route de nuit va sillonner notre histoire contemporaine. Chaque semaine, nous évoquerons une voiture qui a été intimement liée à l’Histoire avec un grand « H ».
Mercredi 22 août 1962. Un avion du GLAM attend le général de Gaulle sur la base militaire de Villacoublay pour le reconduire à Saint-Dizier d’où il rejoindra par la route sa propriété de Colombey-les-Deux-Églises. En début de soirée, deux Citroën DS noires quittent la cour de l’Élysée. Dans la première, le général de Gaulle et sa femme Yvonne, assise à sa droite ; son gendre, le général Alain de Boissieu, est installé à l’avant et lui sert ce jour-là d’aide de camp. Au volant, le gendarme Françis Marroux, chauffeur attitré du général.
La DS présidentielle est escortée par deux motards et suivie par une deuxième DS dans laquelle se trouvent un médecin et deux gardes du corps. Choisi au dernier moment, le parcours emprunte l’itinéraire le plus rapide. Le convoi roule à près de 100 km/h. Il n’est plus très loin de Villacoublay, à l’approche du carrefour du Petit-Clamart. Il est 20 heures 10. Dans la pénombre, un homme lit Paris-Presse. Quand il aperçoit la DS à hauteur de la rue de la Bourcillière, il agite son journal. Une rafale de pistolet-mitrailleur déchire le silence. Francis Marroux accélère. Une balle traverse le panneau de custode de la DS, à l’arrière droit. Le général de Boissieu hurle au président et à sa femme de se recroqueviller sur la banquette. Nouvelle fusillade. Le chauffeur du général garde son sang-froid. Il accélère. Le pneu avant gauche est touché, puis le pneu arrière droit… Le cortège poursuit sa route à toute allure malgré les pneus crevés. La suspension hydropneumatique permet de conserver une assiette constante.
Près de 200 douilles seront retrouvées sur le lieu de l’embuscade. Quatorze impacts seront relevés sur la DS qui arrive à l’aérodrome en claudiquant, mais avec ses quatre occupants sains et saufs.
Le couple présidentiel arrive à la Boisserie à 23 heures, avec seulement quelques minutes de retard.
Il faudra deux semaines pour retrouver les douze membres du commando composé d’anciens militaires commandités par l’OAS (Organisation de l’armée secrète). L’instigateur du guet-apens, Jean Bastien-Thierry, âgé de trente-cinq ans, sera exécuté le 11 mars 1963 au fort d’Ivry.
La DS sera réparée, vendue à l’ancien commandant militaire de l’Élysée, puis disparaîtra. La voiture offerte plus tard à la Fondation Charles-de-Gaulle n’est donc qu’une reproduction.
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