Renault Zoé: quand l'opération de communication vire au fiasco
Pour promouvoir la mobilité électrique, Renault avait prêté des Zoé pendant 3 ans à chaque foyer de ce village ariégeois. Mais à un mois de la fin de l’opération, l’incendie d’une des voitures a tout balayé.
Tout avait pourtant bien commencé. En juillet 2020, Renault mettait gratuitement à disposition de chaque foyer du village d’Appy (Haute-Ariège, 25 habitants à l’époque et 32 aujourd’hui) une flotte de 11 Zoé, et ce pour une durée de trois ans.
Le but : « démontrer que le passage au tout-électrique est possible pour tous et partout », ainsi que l’assurait alors le constructeur, à l’heure où se dessine « le monde de demain, plus vertueux et responsable dont la mobilité électrique fait partie. »
On allait voir ce qu’on allait voir, donc, ainsi que l’illustrait un important dispositif de communication piloté par Publicis. Des pastilles étaient notamment diffusées avant les JT de 13h et de 20h de TF1 en octobre 2020, documentant l’adaptation des Pynarols à la mobilité « zéro émission. »
A l’époque, ainsi que le rapportent nos confrères du journal La Dépêche, seul un des habitants, Lucien, avait décliné la proposition : "Ce n'est pas une voiture qui a une autonomie suffisante. Ça m'avait un peu refroidi. […] Puis, il fallait faire les pitres devant une caméra."
Les voisins de Lucien ont en revanche appris à aimer leur Zoé. A l’époque, le constructeur se félicitait de ce que « les premiers retours d’expérience montrent que les utilisateurs apprécient le dynamisme de la motorisation de nouvelle Zoé, levant ainsi l’un des a priori autour des véhicules électriques. Les habitants d’Appy ayant voyagé tout l’été au volant de leur nouveau véhicule, ont également souligné le plaisir de conduire avec la boîte automatique ainsi que la grande capacité de son coffre. » N’en jetez plus !
Les Zoé ont ainsi résisté aux hivers rigoureux à 930 mètres d’altitude, et leurs utilisateurs ont apprécié de pouvoir circuler en dépit des récentes pénuries de carburant, avec de plus une électricité produite grâce aux panneaux solaires communaux.
Zoé fumée
Tout s’est bien passé, donc, jusqu’à la nuit du 8 au 9 juin 2023, aux alentours d’une heure du matin. Alors que se profilait la fin de l’opération et que certaines familles envisageaient de poursuivre l’aventure en conservant la voiture mise à leur disposition (en payant, donc), une des Zoé a pris feu alors qu’elle se trouvait en charge.
Malgré l’intervention des pompiers, l’auto a entièrement brûlé et les flammes se sont propagées à la seule borne du village, installée par Renault et désormais hors-service.
De quoi refroidir les ardeurs électriques des habitants, ainsi que celle du maire David Huez : « c’était assez impressionnant [...] Tant que les expertises n'ont pas été faites, on ne touche à rien », commentait alors l’élu dans La Dépêche. Même inquiétude du côté de Gilbert, habitant de la commune : « je voudrais bien savoir ce qu'il s'est passé sur celle qui a explosé. Ça m’a fait un peu peur. »
Ce sont maintenant les compagnies d’assurance respectives de la commune et du constructeur qui travaillent à la résolution de l'affaire.
En attendant, l’incendie a douché l’enthousiasme général. « 4 ou 5 familles étaient prêtes à conserver leur Zoé, en payant cette fois-ci, et elles ont finalement renoncé », commente cette habitante interrogée par Caradisiac. « Depuis l’incendie, je ne vois plus personne en électrique ! »
Renault, sollicité par nos soins, précise que l'unique expertise, réalisée fin juin, a exclu tout dysfonctionnement, tant du côté de la borne de recharge que de celui du véhicule.
Reste qu’après avoir monté un onéreux plan de communication au lancement de l’opération, la marque au losange fait désormais profil bas : pas le moindre communiqué de presse pour dresser quelque bilan, ni la moindre petite mention sur les réseaux sociaux. L’affaire est en cours, mais est-il encore permis d’espérer un Appy end ?
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