Renault R5 électrique : dans les coulisses de la fabrication des protos au Technocentre
Elle arrive début 2024, cette très attendue R5 électrique. Mais pour le moment, ce sont 60 prototypes qui sont fabriqués dans un endroit tenu très secret, au sein même du Technocentre, le "centre de réalisation des prototypes". Une mini-usine dans laquelle, pour la première fois, des médias ont été autorisés à pénétrer. Caradisiac y était.
Casque, lunettes de protection, surchaussures et gilet fluo. Il nous faut enfiler la panoplie du parfait ouvrier pour avoir le droit d'entrer dans l'un des lieux tenus les plus secrets du Technocentre : le centre de réalisation des prototypes (CRP).
Même les employés du constructeur doivent montrer patte blanche, disposer d'une autorisation pour y rentrer, et abandonner leur smartphone à l'entrée, par souci de confidentialité. Rien ne doit fuiter. D'ailleurs, nous n'avons nous-même pas pu prendre de photo sur place, toutes celles de cet article ont été fournies par Renault.
Mais que se passe-t-il donc au sein de cet immense bâtiment de 50 000 m2, où 500 personnes s'affairent, situé au cœur même du Technocentre, lieu où se concentre toute la matière grise du constructeur au losange ? Eh bien depuis 25 ans, c'est là que ce dernier fabrique les prototypes de ses futurs modèles. Vous l'aviez déjà compris, le nom étant pour le coup assez explicite.
Pourquoi autoriser, pour la première fois depuis sa création, des médias à entrer dans ce saint des saints ? Eh bien parce que c'est en ce moment qu'on y fabrique les "protos" de la future R5 électrique, 60 en tout. C'est le projet codé B1316, surnommé "Echo". Ce modèle revêt une importance capitale pour Renault, a fait déjà beaucoup parler de lui, et la marque ne rechigne manifestement devant aucun effort de communication, jusqu'à nous ouvrir des portes jamais ouvertes...
Nous avons vu la R5 électrique, mais...
Il faut dire que cette citadine polyvalente, qui viendra prendre la suite de la Zoé, a des ambitions gigantesques. Elle a été annoncée comme devant coûter 25 000 € en entrée de gamme, sans concession sur la qualité, la puissance ou l'autonomie. Selon nos informations, elle fera entre 125 et 150 ch, issus d'un nouveau moteur ePT 100, proposera deux capacités de batterie (42 ou 52 kWh) et pourrait afficher jusqu'à 400 km d'autonomie. De plus, sa plateforme CMF-B EV autorisera la charge bidirectionnelle, donc la possibilité de recharger ou faire fonctionner des appareils électriques, voire d'alimenter son foyer.
Privilégiés donc, de pouvoir arpenter les allées de cette usine modèle réduit, nous y avons vu la R5 électrique. Y compris entière et sans camouflage, pour certains exemplaires terminés. Las, on ne pourra pas vous la montrer. Mais Renault nous a fourni des images de protos camouflés. Nous en avions surpris certains déjà, roulant dans le sud de l'Espagne.
Tout ce qu'on peut vous dire, c'est qu'elle ressemble évidemment à l'Alpine A290 Beta, puisqu'elle lui sert de base, mais en plus sage. Elle joue parfaitement sur la nostalgie en reprenant les proportions et les grandes lignes des R5 et R5 turbo originelles, mais en apparaissant comme parfaitement moderne, avec son bandeau reliant les feux arrière, ses épaulements larges, ses optiques à pointes, et ses jantes de 18 pouces, si l'on en croit les pneus en 195/55 R18 croisés dans la mini-usine. L'insert sur le capot est fonctionnel mais pas pour injecter de l'air sous le capot, c'est un indicateur de charge de la batterie.
Son style est très proche du concept présenté en 2021, il a seulement été rationalisé, pour pouvoir être industrialisé.
Et justement, le CRP du Technocentre est là pour s'assurer que cette industrialisation se passera sans accroc. Il s'agit bel et bien, nous l'avons constaté, d'une usine en miniature, capable d'assembler entièrement une auto, grâce à une mini-ligne de fabrication. Et c'est très rare, Renault étant un des rares constructeurs à posséder ce type de structure, les autres utilisant les usines existantes pour y fabriquer leurs protos.
Une usine miniature pour valider les process de fabrication et l'outillage
Le but ? Fabriquer les premiers supports "physiques" de validation (après l'étape de la conception virtuelle et des simulations informatiques), c’est-à-dire les mulets (qui ont roulé dès octobre 2021 avec des carrosseries de Clio) et les protos, donc. Mais aussi, nous affirme Roch Barrois, directeur du centre de réalisation des prototypes, valider la conformité et la représentativité des pièces fournies par les équipementiers, leur niveau de qualité. Ceci afin de permettre le démarrage industriel rapide et d'entraîner les opérateurs qui travailleront ensuite dans l'usine de Douai dans le Nord, où sera fabriquée la R5 électrique. Avec des moteurs assemblés dans l'usine de Cléon en Normandie, et des batteries assemblées sur place à Douai, la R5 2024 sera "Made in France".
Ainsi, les ouvriers travaillent au CRP avec un outillage et des machines qui sont entièrement conformes à celles de Douai, puisqu'elles y seront transportées ensuite.
Bien sûr, le rythme de fabrication n'a rien à voir. On ne parle pas de 1 500 voitures/jour, mais de 4 ou 5 exemplaires quotidiens. Car il faut valider, fixer la "géométrie" de la voiture, c'est-à-dire le positionnement de toutes les pièces, affiner les process, et parfois résoudre des soucis avec ces mêmes pièces.
Les divers gabarits permettent justement de se rendre compte immédiatement de tout souci de forme ou d'alignement, "avec une tolérance au dixième de millimètre" précise Roch Barrois. Si souci, un aller-retour entre Renault et son fournisseur suffit en général pour arriver au résultat espéré. Deux maximum.
Les défauts dans le process sont détectés et corrigés
Nous avons pu assister à l'étape d'assemblage entre la caisse en blanc revenue de peinture (cette étape est tout de même réalisée à Douai) et le châssis. Une opération qui prend moins d'une minute en usine. Mais si ça va si vite, c'est qu'au CRP, on a travaillé pendant des jours, et réglé l'opération au millimètre (ce n'est pas exagéré) pour que tous les éléments s'emboîtent sans se toucher. Lors de notre passage, une jambe de suspension était mal placée, et a "coincé". Elle a été détectée et sa position ajustée.
Toute la partie software, connectique et électronique est également testée. Le fait d'être au sein du Technocentre, à proximité immédiate des personnes qui contribuent au développement de la R5, permet une grande réactivité pour l’analyse et la résolution des aléas, sans devoir dépêcher du personnel dans les usines de production. Un gain de temps.
Et en sortie de "chaîne", le contrôle qualité est évidemment primordial. Car ce qui doit ensuite être transféré à Douai doit être le plus parfait possible, pour que le démarrage industriel se fasse le plus rapidement. Aujourd'hui, nous assure-t-on, il n'y a presque pas nécessité d'arrêter les chaînes de production pour passer d'un modèle déjà produit à un nouveau.
Ces 60 exemplaires fabriqués, ensuite camouflés, vont maintenant vivre leur vie de proto. Ils seront testés dans des conditions extrêmes, au froid, au chaud, vont subir des tests de vieillissement accéléré, afin de parfaire les ultimes mises au point.
Renault, bien évidemment, n'est pas le seul à faire des prototypes de ses futurs modèles. Tous les constructeurs le font. Mais tous n'ont pas, nous l'avons dit, d'usine déportée pour le faire. Et nous avoir ouvert les portes de ce lieu confidentiel reste un événement rare.
Vivement également la présentation officielle de l'auto, qui devrait avoir lieu début 2024. On sent une attente énorme autour de ce modèle, et le respect de la promesse de prix, surtout...
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