Prise en mains - Peugeot Landtrek : interdit de séjour
Comment ne pas être enthousiaste à l'idée de prendre le volant d'une toute nouvelle Peugeot pouvant recevoir un moteur turbo essence envoyant plus de 200 ch aux roues arrière via une boîte de vitesses manuelle à six rapports ? Sauf qu'il s'agit d'un pick-up et qu'il ne sera jamais vendu en Europe. Il s'appelle le Landtrek et nous avons tout de même pu en prendre le volant pour voir ce que nous allons rater.
Il en impose, ce Landtrek. 5,33 m de long dans sa version double cabine, 1,96 m de large rétroviseurs pliés et 1,89 m de haut, cela en fait un beau bébé, même dans le monde du pick-up hors folies nord américaines. On se lâche à Sochaux ? Pas exactement. Il y a beau avoir des lions un peu partout et un logo Peugeot en toutes lettres sur la ridelle et sous la lunette arrière, pas grand-chose ne sort du Doubs, ni de Bourgogne Franche-Comté ou même de France.
En effet, le châssis ainsi que la plupart des éléments de carrosserie à part la face avant, sont repris du Kaicene F70 développé par le constructeur chinois Changan Automobile et le moteur, un 4 cylindres 2,4 turbo essence délivrant 210 ch et 320 Nm, provient du catalogue Mitsubishi (le 4K22D4T, un cousin pas si éloigné du célèbre 4G63 des Lancer Evo). Un diesel est aussi disponible, un 1,9 de 150 ch et 350 Nm, mais il vient encore de l'Empire du Milieu, la boîte mécanique est une Getrag allemande et l'automatique est fournie par le belge Punch. Enfin, l'ensemble est assemblé en Chine et Tunisie.
À l’intérieur par contre, on ressent très bien l'influence de Peugeot, avec la disposition des compteurs aux aiguilles se rejoignant, le grand écran multimédia de 10 pouces trônant en haut de la planche de bord, un volant à deux branches et des boutons façon touches de piano. Un mélange de 3008 et de 508 sans le High Cockpit et des matériaux bien plus rustiques afin de faire face plus sereinement à une utilisation plus intensive. L'équipement n'a rien non plus d'indigent avec la connectivité Apple CarPlay et Android Auto, un disque dur de 10 Go, six airbags, une caméra 360 ° (utile dans les manœuvres mais aussi en tout terrain), un système de maintien de la vitesse en descente, l'alerte de franchissement de ligne, l'assistance de remorquage et un régulateur de vitesse.
Deux moteurs au choix : un 1,9 diesel de 150 ch (à gauche) ou un 2,4 essence de 210 ch (à droite).
Une version simple cabine est disponible mais notre modèle d'essai est la double cabine, très spacieuse et plutôt confortable, avec une banquette arrière modulable, ce qui est unique dans le segment, et le choix pour l'avant entre deux sièges indépendants ou une autre banquette à trois places, portant donc la capacité à six places en tout sur deux rangées !
La banquette arrière 60/40 se montre tout à fait confortable et ses dossiers peuvent se plier et ainsi supporter 100 kg.
Un pick-up, c'est fait pour transporter et cet aspect n'a évidemment pas été négligé : le Landtrek peut embarquer jusqu'à 3 europalettes pour sa version simple cabine (deux sur la double cabine), la charge utile va jusqu'à 1,3 tonne et on peut remorquer jusqu'à trois tonnes. C'est aussi fait pour crapahuter et le Peugeot se débrouille aussi très bien dans le domaine avec un angle d'attaque allant jusqu'à 30°, un angle de fuite à 27° et un angle central à 25°. Il peut aussi franchir des gués de 600 mm bien aidé par sa garde-au-sol de 235 mm. Disponible en propulsion, il peut être aussi configuré avec une transmission intégrale enclenchable bénéficiant d'une gamme de vitesses courtes et d'un blocage de différentiel arrière.
La version double cabine peut accueillir deux palettes, la simple cabine en ajoute une troisième.
Notre modèle d'essai est équipé du moteur essence associé à la boîte automatique à six rapports et à une transmission intégrale permanente, une version propulsion étant aussi disponible. Est-ce qu'on retrouve l'ADN de Peugeot à la conduite ? C'est sûr qu'on retrouve un train arrière un peu léger dans la grande tradition de la marque, mais c'est plus lié au fait que ce soit un pick-up avec une benne vide qu'à l'héritage de la 205 GTI. Trêve de plaisanterie, il se montre plutôt confortable pour un utilitaire et les accélérations comme les reprises sont étonnamment vigoureuses avec un 0 à 100 km/h en 11,2 s et un 80 à 120 km/h en 8 s Pas mal pour 2 tonnes, même si, sur la route grasse de cette fin juin digne d'un mois de novembre, cela peut se traduire par des tressautements et des pertes d'adhérence du train arrière rigide avec suspensions à lames.
Il y a quelques années, quand le malus n'était pas appliqué aux pick-ups double cabine, Peugeot aurait pu peut-être en envisager l'importation en France comme Renault l'a fait avec l'Alaskan. Mais maintenant que cet avantage important s'est envolé, la part de marché du segment chez les particuliers a quasiment disparu, rendant l'opération peu intéressante économiquement. Pas de Landtrek donc pour l'Hexagone puisqu'il ne sera diffusé que sur les marchés de l'Amérique Latine et de l'Afrique Subsaharienne.
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