Pourquoi la love story entre Renault et Nissan repart de plus belle ?
L'INFO DU JOUR - Le losange a tout intérêt à chouchouter son ex-partenaire de l'Alliance. Il en va des accords industriels entre les deux marques, qui permettent à Renault de faire des économies d'échelle, comme des actions que le Français détient chez le Japonais et qu'il aimerait bien voir repartir à la hausse et valoriser.

Ce n’est pas un retour d’affection, mais plutôt une main tendue pour ne pas perdre trop d’argent. Ainsi, les dernières mesures prises par Luca de Meo pour aider Nissan ne sont pas une aumône, mais plutôt un investissement gagnant pour Renault.
Des mesures qui sont de plusieurs ordres et que l’ex-régie a confirmées ce lundi 31 mars sans perdre de temps. Car la direction du losange n’a pas traîné après le changement de patron de Nissan et a très vite pris langue avec le nouveau boss du Japonais, Ivan Espinosa avant même qu’il ne prenne ses fonctions, ce qu'il doit faire officiellement le 1er avril.
Des aides tous azimuts
Mais de quoi cette aide française au Japonais est-elle le nom ? Il n’est pas question de recréer la défunte Alliance, mais plutôt de s’entendre sur une « coopération » industrielle mais aussi financière plus développée que depuis la fin du mariage il y a deux ans.
La bouffée d’air frais dont va bénéficier Nissan commence en Inde, ou le Nippon s’est lancé, un peu inconsidérément, dans la construction d’une usine à Chennai avec l’aide du Français. Coût de l’investissement global, qui doit générer 2 000 emplois : 600 millions de dollars versés par l’un et l’autre à parts presque égales. Mais Nissan, dans la mouise que l’on sait, ne peut plus faire face à ses échéances. Du coup, Zorro de Meo vient à sa rescousse, rachète les 51% que le Japonais détient dans l’usine et devient le seul propriétaire de l’affaire, en rajoutant 200 millions au pot.
Pour autant, Chennai ne va pas fabriquer des Captur, au moment où l’usine sera livrée, mais des Nissan Magnite, un SUV urbain sur les routes du sous-continent depuis 2020 et qui cartonne, surtout en raison de son prix : moins de 9 000 euros. Des Renault devraient être assemblées sur la même chaîne, toujours à destination de l’Inde. 6 modèles sont évoqués pour les deux marques.

Mais cette main tendue indienne de Renault à Nissan n’est pas la seule. Le japonais s’était engagé à prendre une participation de 600 millions d’euros dans l’entité Ampère du losange, uniquement dédiée au développement et à la fabrication d’autos électriques. Nissan traînait la jambe pour régler son ardoise depuis la signature de l’accord il y a deux ans pour cause de finances désastreuses. Le constructeur n’aura pas besoin de se saigner pour payer ses dettes. Dans son communiqué du 31 mars, Ampère a annulé l’accord : « Nissan sera libéré de son engagement à investir » explique le texte.
Une Twingo, une mini Nissan et une petite Dacia sur la même base
Pour autant, le Japonais continuera de bénéficier des services d’Ampère, mais en tant que client privilégié. La Micra électrique sera bien fabriquée à Douai, sur les chaînes et avec la plateforme de la R5. Et la petite Nissan à watts jumelle de la Twingo, est confirmée. Elle sortira dès l’an prochain de l’usine slovène de Renault, sous un nom, et un design inconnus pour le moment. Mais elle reprendra la base technique de la future petite du losange, mais aussi d’une Dacia électrique de moins de 4 m. Par ailleurs, et toujours histoire d'alléger les charges de Nissan, ce dernier va abaisser sa participation au sein du capital de Renault qui passe de 15 à 10%.
On se demande bien entendu pourquoi Renault a tant de largesse pour son ex-conjoint au sein de l’Alliance. En fait, le losange a tout intérêt à ce que Nissan sorte du gouffre financier dans lequel il est englué. Pour mémoire, le Japonais a vu ses ventes chuter de 40 % depuis deux ans. Il s’apprête à licencier 9 000 collaborateurs de par le monde et l’agence Moody’s l’a dégradé il y a un mois pour le placer au niveau « spéculatif ». Pour ne rien arranger, les droits de douane, que Donald Trump va déclencher cette semaine, vont l’affecter plus encore que d’autres puisque, depuis trois décennies, les États-Unis sont un marché essentiel pour Nissan.
Cette mauvaise santé ne fait pas du tout l’affaire de Renault qui pourrait en être affecté. Luca de Meo le reconnaît et admet, dans le communiqué rendant publique son accord avec son ex-fiancé, que tous les partis et Nissan en particulier à intérêt à « redresser sa performance le plus rapidement possible ».
Aide ton prochain, il te le rendra bien
Et pour cause : en cas de cessation de paiement, les collaborations industrielles ne pourraient plus être assurées. Adieu les économies d’échelle pour la Twingo et la R5 rebadgées Nissan. Mais il en va aussi des 35,7% de parts que Renault détient chez le constructeur Nissan. L’action de ce dernier étant à la baisse depuis des mois, l’ex-régie compte bien la voir reprendre du poil de la bête le jour où elle voudra s’en débarrasser. Aime ton prochain comme toi-même, et il pourrait bien te renvoyer l’ascenseur un jour.
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