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Offensive anti-diesel: l'industrie manque de s'étouffer

Dans Economie / Politique / Industrie

Florent Ferrière

Ségolène Royal vient de l'annoncer : les entreprises vont enfin pouvoir déduire 80 % de la TVA sur le sans-plomb, comme c'est le cas pour le diesel depuis de nombreuses années. La mesure n'est pas une surprise. Ce qui l'est, c'est le calendrier : la Ministre de l'écologie a annoncé une mise en place en deux ans seulement. Étonnée par cette rapidité, l'industrie automobile est inquiète.

Offensive anti-diesel: l'industrie manque de s'étouffer

Voilà plusieurs années que le diesel est dans le collimateur de nos gouvernants. Favorisé pendant des décennies par des avantages fiscaux (carburant moins taxé, bonus écologique basé sur le C02…), le gazole est majoritaire dans le parc automobile français.

Selon le CCFA (Comité des Constructeurs Français d'Automobiles), sur 38 millions de voitures particulières et de véhicules utilitaires légers en circulation dans l'Hexagone au 1er janvier 2016, 67 % roulaient au gazole. En 2015, ce carburant a représenté 81 % des ventes dans les stations-service.

Les prix à la pompe bientôt alignés

Mais les vents contraires ont commencé à souffler sur le marché français et se sont renforcés suite à l'éclatement du scandale Volkswagen, qui a éclaboussé d'autres constructeurs, dont Renault. Nos représentants politiques souhaitent « dé-dieseliser » la France… mais sont tout de même conscients que l'industrie du diesel représente dans l'Hexagone plusieurs milliers d'emplois.

Il faut donc ménager la susceptibilité des constructeurs, des équipements et des sous-traitants. Ceux-ci savent que le marché est à un tournant. Mais pour adapter leur offre et leur production à une demande qui évolue, ils souhaitent qu'on leur donne du temps. C'est d'ailleurs ce qu'a décidé de faire le gouvernement à propos des prix à la pompe. En 2015, il a lancé un processus d'alignement de la fiscalité du sans-plomb et du gazole, qui sera étalé jusqu'à la fin de la décennie.

Chez PSA, 18 000 emplois en Europe liés au diesel

Depuis quelques mois, une autre mesure était dans les cartons : accorder les mêmes avantages fiscaux entre les deux types de carburants pour les entreprises. Pour l'instant, ces dernières peuvent en effet déduire 80 % de la TVA uniquement sur le gazole, ce qui explique l'ultra dominance de ce carburant chez les professionnels.

Mercredi soir, dans le cadre du projet de loi finances 2017, un amendement sur la déductibilité de la TVA pour l'essence a été voté, avec un calendrier étalé sur cinq ans. Mais le lendemain, sur France 2, Ségolène Royal a créé la surprise en annonçant un délai bien plus court : les avantages seront identiques en seulement deux ans.

Les professionnels du secteur tirent alors la sonnette d'alarme. Ils craignent une chute des ventes du gazole brutale, qui impacterait la filière en France et menacerait des milliers d'emplois. Le syndicat FO de PSA a été le premier à s'inquiéter, rappelant qu'en Europe 18 000 emplois de PSA dépendent de ce type de moteur.

Mais la direction s'est voulue rassurante. L'un de ses porte-parole a déclaré à nos confrères de L'usine Nouvelle que le rééquilibrage fiscal « est en phase avec ce que les constructeurs ont demandé », ajoutant qu'il faut tout de même du temps « un minimum de cinq ans (...) nécessaire pour donner de la visibilité et permettre de s'adapter ».

Le cas de l'usine Bosch en Aveyron

Il convient de noter que PSA n'a pas attendu cette mesure pour réagir. Réputé pour ses HDi, le groupe français est aujourd'hui à la pointe des moteurs essences avec sa nouvelle famille de blocs PureTech. D'ailleurs, PSA a choisi de fabriquer un nouveau moteur essence 3 cylindres dans l'usine de Trémery en Lorraine, un site jusqu'à présent spécialisé dans le diesel.

Ce sont peut-être les équipementiers qui sont les plus inquiets. À Rodez, dans l'usine Bosch, la CGT est préoccupée. Le site, qui emploie 1 600 salariés, fabrique des injecteurs, uniquement pour les moteurs diesels. Dans le journal local Centre Presse Aveyron, Yannick Anglarès, représentant du syndicat, déclare « À plus ou moins long terme, on a des craintes. On a déjà l'exemple de l'usine de Vénissieux, qui avait été reconvertie pour fabriquer des panneaux solaires. Ces fabrications ont disparu et il y a maintenant un plan social pour fermer l'usine ».

Les prochaines semaines seront déterminantes. Les industriels souhaiteront sûrement rencontrer la ministre pour demander un assouplissement de son calendrier. Le Parlement a jusqu'au 23 décembre pour voter définitivement le Projet de Loin de Finances 2017.

Pour le CCFA "l'annonce de Ségolène Royal est une catastrophe"

Le CCFA est très remonté. Caradisiac a contacté François Roudier, l'un de ses représentants. Si ce dernier est d'accord pour la mise en place de la mesure, il souhaite que cela se fasse sur cinq ans. « C'est la brutalité qui est le problème. L'industrie nécessite de l'inertie, regardez le cycle de vie d'une auto. En deux ans, on détraque l'industrie, de la conception à la vente ».

En plus de donner l'exemple de l'usine Bosch, il explique que des concessionnaires pourraient faire faillite, confrontés à une dépréciation de leur stock de véhicule diesel et à une explosion de l'offre de gazole en seconde main.

Pour François Roudier, « L'annonce de Ségolène Royal est une catastrophe. » Il a d'ailleurs été surpris, soulignant que « même à Matignon, ils étaient partis sur un calendrier de cinq ans ». Quand on lui demande si la ministre de l'écologie peut faire marche arrière, il répond « la démocratie veut que l'on écoute les parlementaires ».

 

 

 

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