Normes Cafe et obligation de VE : Londres et Bruxelles devraient adoucir le breuvage
L'INFO DU JOUR - Les constructeurs rognent sur leurs marges pour vendre leurs voitures électriques en Angleterre et des amendes sont à prévoir en cas de non-respect des normes de l'Union européenne. Mais à Londres comme à Bruxelles, la filière semble entendue et les gouvernants devraient faire preuve de souplesse.
Ceux qui prétendent, et ils sont nombreux, que l’UE est la seule à s’obstiner à vouloir basculer dans le tout électrique de force, se trompent. L’Angleterre post-Brexit, avait décidé de fixer la date de l’interdiction des voitures thermiques non pas à 2035 comme dans l’Union, mais à 2030, avant de reculer et de se caler sur la date européenne.
Sauf que dans un énième changement d’avis, et de politique, le gouvernement travailliste revenu au 10 Downing Street en juillet dernier, a fait marche arrière pour retenir au final la date de 2030. Une décision qui, même chez les champions du fair-play, passe mal. Les professionnels sont d’autant plus courroucés que d’ici là, des seuils de ventes de voitures électriques ont été fixés à 22% en 2024 et 28% en 2025, le tout sans le moindre bonus susceptible d’aider les grands bretons à craquer pour le VE depuis deux ans.
Des ristournes en hausse et des marges en baisse
Un passage en force qui a son bon côté puisque l’an passé, les immatriculations de voitures électriques ont augmenté de 21,4% outre-Manche, alors qu’elles ont dégringolé en Allemagne de 27,4% et de 2,6% en France. Comment un tel miracle s’est-il produit ? La volonté farouche de nos voisins de rouler propre n’y est pas pour grand-chose, ce sont les marques ont offert des baisses comme jamais et leurs concessionnaires qui ont remisé leurs autos au maximum.
Sauf que malgré ces efforts, qui ont rogné leur marge, les constructeurs n’ont pas atteint le niveau exigé et sont donc susceptibles de payer de lourdes amendes. Alors l'association de l'industrie automobile britannique, le SMMT s’en est allé se plaindre auprès du gouvernement et a obtenu gain de cause.
Le porte-parole du premier ministre a promis de la « souplesse » dans l’exécution de la peine, sans pour autant revenir sur les prochaines échéances. Et puisque Downing Street refuse de réinstaurer un bonus, les constructeurs réunis demandent également une baisse de la TVA sur les voitures électriques qui pourrait passer de 20 à 10%. Là encore, le gouvernement britannique ne ferme pas la porte.
Une « souplesse » qui pourrait bien être le mot-clé de ce début d’année, puisqu’à Bruxelles aussi, les assauts répétés de Luca de Meo, qui a endossé le costume de lobbyiste en chef pour le secteur en présidant l’ACEA, et du gouvernement français commencent à porter leurs fruits.
Teresa Ribera, la vice-présidente de la Commission semble partante et il ne reste plus qu’à convaincre sa patronne : Ursula Van der Leyen.
L’idée de la numéro 2 ? faire crédit aux constructeurs punis, et lisser sur plusieurs années les éventuelles amendes qu’ils pourraient subir en dépassant la norme des 81 g sur l’ensemble de leur gamme. Une manière d’éviter que les marques européennes ne se jettent dans les bras d’Elon Musk, l’ennemi du moment, en lui achetant des crédits carbone Tesla.
Des amendes payables à crédit
Une autre idée fait son chemin à Bruxelles : celle du bonus européen, qui permettrait aux États membres de faire bénéficier leurs acheteurs respectifs d’une ristourne. Une mesure qui ferait bien l’affaire des gouvernements français et allemands dont les budgets sont plutôt mal en point temps ci.
Quelles seront les mesures d’aides réellement adoptées ? On devrait le savoir dans les prochaines semaines puisqu’une grande réunion stratégique doit se tenir à Bruxelles sur l’avenir de la filière. Au programme : le fameux bonus, la souplesse en matière d’amendes, mais aussi un contrôle européen des installations chinoises sur le continent.
En fixant des limites au déploiement de leurs usines chez nous ? En veillant à un mieux disant social et en évitant la construction de « fausses » unités de production qui ne serviraient qu’à finir d’assembler des autos venues par bateau ? En tout cas, la souplesse en vigueur pour les constructeurs européens ne devrait pas être de rigueur envers les marques de l’Empire du milieu.
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