Les voitures se ressemblent ? Ça ne date pas d’hier !
On entend souvent dire « aujourd’hui, toutes les voitures se ressemblent ». Certes, mais cela a toujours été le cas. Exemple frappant, la Peugeot 404, ressemblant énormément à la Lancia Flaminia, voire l’Austin Cambridge, ce qui n’a rien d’un hasard…
On l’entend, mais on le pense aussi. Toutes les voitures se ressemblent. Cette assertion souvent vraie mais un brin pessimiste est souvent suivie d’explications justifiant cette uniformité de style par le fait que toutes les autos sont dessinées par ordinateur. La vérité est bien plus complexe. Depuis toujours, les constructeurs s’épient, et les bonnes idées des uns se retrouvent souvent chez les autres.
Par exemple, la Chrysler Airflow de 1934, si elle a été un échec commercial, a vu son design aérodynamique inspirer nombre de marques. Parmi elles, on peut citer Peugeot, dont la ligne « Fuseau » des années 30, visible sur les modèles de la série 02, comme la 402 dès 1935, doit beaucoup à l’américaine.
Outre l’inspiration, une autre pratique explique la ressemblance de bien des modèles. Jusqu’à récemment, les constructeurs déléguaient le dessin de leurs productions à des intervenant extérieurs, designers mais aussi carrossiers.
On citera notamment Pinin Farina, devenu officiellement Pininfarina en 1961. Célèbre pour avoir magnifiquement dessiné des Ferrari, Pinin Farina travaille avec Peugeot dès le début des années 50, ce qui débouche sur la 403, étrangement terne.
L’Italien collabore aussi avec Lancia, qui produit alors l’Aurelia. Sur la base de cette auto ultramoderne, il développe les concepts Florida, présentés dès 1955, l’un en deux portes, l’autre en quatre portes.
Ils tranchent par leurs lignes fines et tendues, à une époque où l’industrie automobile faisant encore la part belle aux rondeurs. Leur design se retrouve bien vite sur un modèle de série : la Lancia Flaminia, dès 1957.
Notons tout de même que le carrossier italien a récupéré un élément très en vogue à l'époque : les ailerons arrière, dus à Harley Earl, patron du design de GM. Il les a introduits chez Cadillac en 1948, ayant été inspiré par les dérives du Lockheed P-38 Lightning.
En 1957 apparaît le concept Florida II, encore plus proche de ce qui va arriver en série..Puis, en 1959, de façon un peu moins manifeste, sur la Fiat 1800 et l’Austin A55 Cambridge Mk II. Celle-ci s’est vue clonée chez les autres marques de la British Motor Corporation : Morris Oxford, Wolseley 15/60 ou encore Riley 4/68. Un élément supplémentaire expliquant la grande similarité entre les autos.
Suit en 1960 la Peugeot 404, dont la berline et le break se révèlent étonnamment proches du concept Pinin Farina. La 404 se déclinera aussi en cabriolet et en coupé, qui seront des copies presque conformes des déclinaisons équivalentes de la Fiat 1200/1500.
A l’époque, on s’en souciait moins que maintenant. Une explication : les marchés étaient très nationaux, à cause des droits de douane élevés, donc la clientèle n’était pas forcément au courant de ce qu’il se passait au-delà des frontières.
Ainsi, peu de gens ont noté que la Citroën DS, jugée révolutionnaire en 1955, empruntait en réalité beaucoup à la Studebaker Champion de 1953…Ce qui était valable avant-guerre l’est encore aujourd’hui, à cause notamment de normes toujours plus nombreuses, de designers souvent sortis des mêmes écoles (avant de passer d’une marque à l’autre) et de la frilosité des actionnaires poussant trop souvent les constructeurs à reproduire ce qui fonctionne ailleurs…
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