Les inavouables de la rédaction: Pierre-Olivier Marie et la Citroën Visa
Dans cette série estivale, les membres de la rédaction vont évoquer tour à tour une voiture qu'ils aiment tout en en ayant un peu honte. On commence par Pierre-Olivier Marie et son improbable affection pour la Citroën Visa.

Ferrari, Porsche, Rolls-Royce, etc. : aucun amateur d’automobile ne peut rester insensible aux productions de ces marques mythiques, à commencer par les membres de la rédaction de Caradisiac. Mais chacun d’entre nous a aussi ses petites faiblesses plus ou moins avouables, des modèles qu’il apprécie dans le plus grand secret car il sait qu’ils risquent de lui attirer les quolibets de la majorité. Cet été, nous allons pourtant prendre notre courage à deux mains pour mettre en valeur des modèles qui en dépit de leur laideur, lenteur ou manque de fiabilité (voire tout à la fois) méritent d’être reconsidérés.
J’ouvre donc le bal de cette série estivale avec la Citroën Visa, à laquelle me relient deux versions en particulier : la GT rutilante de ma mère quand j’avais une dizaine d’années, et un peu plus tard la Super E blanche qui a été la première voiture de mon grand ami Thomas. Je précise toutefois qu’il s’agissait de modèles restylés, les Visa de première génération, dites "groin de cochon" étant définitivement trop disgracieuses à mon goût

La Visa, donc. Née en 1978 pour une carrière qui allait durer dix ans (et même 28 ans si l’on compte son dérivé utilitaire, le mythique C15), elle se distinguait par une habitabilité exemplaires compte tenu d’une longueur de 3,69 m., et soignait les aspects pratiques avec son coffre de 280 litres accessible par un hayon. Fabriquée à près de 1,3 million d’exemplaires, elle constitue un véritable succès pour Citroën, qui trouvait là un bon moyen de succéder aux Dyane et Ami 8, modèles populaires s’il en est.
De la Visa on retiendra aussi un certain raffinement technique : allumage électronique intégral, volant monobranche, essuie-glace monobalai ou, sur les premières versions, un satellite sous le volant qui permettait d’avoir les principales commandes au bout des doigts.

Concentré d’innovations, cette Visa est aussi une reine du marketing qui ne compte plus les déclinaisons et séries spéciales aux noms aujourd’hui délicieusement désuets : Challenger, Leader, Club, GT (et GT Tonic), Sextant, Carte noire, West end et autres Super X.

Ecolo avant l’heure, la Visa s’enorgueillit aussi de recevoir un économètre, composé de deux diodes rouges et vertes, la première s’allumant quand le pied droit est trop lourd. Et de pied lourd il est aussi question avec plusieurs versions aux prétentions sportives, qui cassent un peu l’image de "voiture de Mamie". Apparue en 1982, la GT pointe ainsi à 168 km/h grâce aux 80 ch délivrés par le bloc TU 1 360 cm3 largement répandu au sein du groupe PSA Peugeot Citroën. Apparaîtront aussi les versions Chrono ou 1000 pistes, sans oublier, années 80 obligent, une bouillonnante version GTI reconnaissable à son improbable calandre 4 phares.
Mais le grand fait d’armes de cette Visa - au sens propre - est l’incroyable publicité du porte-avions (le Clémenceau), réalisée par Jean Becker, dont l’immense Jacques Séguéla nous livre ci-dessous les coulisses de la préparation. Il est d’ailleurs probable que plus jamais une réclame automobile ne fera preuve d’une telle audace. Pour toutes ces raisons j’aime la Visa, à la gloire de laquelle j'écrirai peut-être un jour une chanson. J’ai déjà le refrain : "La Visa, je te veux si tu veux de moi…"



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