La jolie Twingo électrique "rétrofit" est déjà morte
L’INFO DU JOUR – Sur le papier, les « vieilles » Renault Twingo converties à l’électrique par Lormauto avaient tout pour plaire. Hélas, la société annonce sa cessation d’activité. La raison ? Elle a été lâchée par sa banque, qui doute de la rentabilité d’un tel projet. Il faut dire que cette mignonne Twingo de première génération coûtait plus cher qu’une Citroën ë-C3 neuve et que son succès dépend des aides d’état.

Pourquoi fabriquer une nouvelle citadine électrique quand on peut équiper à moindres frais une auto existante pour son utilisation urbaine dans la vie de tous les jours ? Voilà exactement l’idée du « rétrofit » embrassée par Lormauto, qui portait l’un des projets les plus séduisants en la matière : celui de convertir une Renault Twingo de première génération, cette micro-citadine thermique qui a marqué l’histoire de l’automobile avec son design si frais et innovant, en modèle électrique.
La « vieille » Twingo 1 de Lormauto, dont on vous a parlé à plusieurs reprises sur Caradisiac, possède ainsi un petit bloc électrique de 52 chevaux entraînant les roues avant. Respectant la réglementation extrêmement stricte du « rétrofit », elle embarque des batteries d’une capacité de 16 kWh seulement. Un peu juste pour partir en voyage à travers l’Europe, évidemment, mais largement suffisant pour rouler tous les jours en ville. Elle revendique une autonomie maximale de 98,71 km en cycle WLTP urbain (ce qui implique une autonomie WLTP mixte plus faible) et ne demande que 5h pour passer de 10 à 100% de charge sur une modeste prise 2 kW.
Tout était prêt…
En 2022, déjà, Lormauto avait tout prévu. Sa petite Twingo a bien été homologuée avec son nouveau groupe motopropulseur électrique dans les règles de l’art et la société avait même planifié la construction d’une véritable petite usine en Normandie, capable de produire « 3000 véhicules par an » d’après ce procédé du rétrofit avec tout de même 120 salariés.
Mais comme vient de l’annoncer Frank Lefèvre sur son compte LinkedIn, l’entreprise Lormauto va devoir fermer ces portes ces jours-ci. D’après son co-fondateur et co-directeur, la société ne peut plus continuer car elle a été lâchée par la banque BPIFrance ne voulant plus en assurer le financement. Il se montre critique sur le changement de stratégie de l’organisme, qui semble avoir fait volte-face alors qu’un « plan de financement avait été mis au point avec le ministère de l’industrie ».
…Mais le prix était peut-être trop ambitieux ?
Sur le papier, ce projet avait vraiment tout pour convaincre des investisseurs. Sauf peut-être une chose : le prix de vente de la voiture. D’après le site de Lormauto, la Twingo 1 convertie par ses soins coûte 24 000€ TTC pour un acheteur particulier. A ce prix de vente, il faut ensuite déduire les éventuelles aides d’état et notamment celles prévues dans le cadre du rétrofit. Hélas, elles sont très variables : de 5 000€ pour ceux qui déclarent un revenu fiscal de référence par part inférieur ou égal à 7 500€, ou inférieur ou égal à 16 300€ avec des trajets quotidiens de plus de 30 km pour se rendre au travail (ou encore de 12 000 km par an), de seulement 1 500€ pour ceux qui déclarent moins de 26 200€ ou de 0€ pour ceux qui gagnent plus.

Ces aides peuvent se compléter de dispositifs locaux pouvant aller jusqu’à 6 500€, mais uniquement dans certaines régions (Ile-de-France, PACA et Toulouse pour les professionnels, Grenoble pour les professionnels et particuliers) avec des montants variables. Dans le meilleur des cas (avec un très faible revenu déclaré et un maximum d’aide locale), Lormauto avance le prix final d’achat de 12 500€. Mais pour des revenus moyens, le prix d’achat sera similaire à celui d’une Citroën ë-C3 (à partir de 23 300€ avant bonus) d’une Fiat Grande Panda (qui descend actuellement à 18 900€ avec une remise et son bonus). Dans ces conditions, le prix d’achat de la Twingo « retrofit » paraît effectivement très élevé (sachant qu’on parle d’un véhicule moins performant, moins confortable et à l’autonomie très limitée) et on imagine que c’est le point le plus bloquant pour les investisseurs. Des aides d’état plus importantes auraient pu améliorer la compétitivité de la voiture et une offre de location intéressante aurait pu aider à convaincre aussi. Franck Lefèvre affirme en tout cas que son « combat continue » et compte tenu du potentiel de cette vieille Twingo à la présentation charmante, il reste sans doute de l’espoir avec d’autres investisseurs (et à un meilleur prix).
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