La circulation routière, première gêne sonore pour les Français
Plus de la moitié des Français se dit fortement gênée par les nuisances sonores extérieures. Quatre personnes sur 10 pensent que cela a des répercussions sur leur santé physique ou psychologique et n’hésitent pas à pointer la circulation automobile comme cause principale de cette gêne.
Selon un sondage Ifop pour le syndicat de la route dévoilé ce 10 juin, 51 % des Français ont le sentiment que les nuisances sonores extérieures constituent une gêne importante. Cette proportion augmente davantage au sein de l’agglomération parisienne où 62 % des habitants se disent incommodés par le bruit. Voitures, motos, camions, bus… La circulation automobile apparaît comme la principale source de nuisance sonore pour 59 % des personnes interrogées (68 % dans le grand Paris).
Plus d’un tiers des personnes interrogées considère que le bruit lié à la circulation automobile a un impact sur leur santé physique et psychologique (38 %). Sans surprise l’incidence s’avère bien plus importante en région parisienne (43 %) que dans les communes rurales (35 %). Il n’empêche. Quels que soient les tranches d’âge et le lieu d’habitation, les bruits liés à la circulation routière peut entraîner des effets délétères sur la santé. Et il n’est pas question uniquement de son de moteurs. Le klaxon, mais aussi le bruit de roulement des pneus sur le bitume, les pots d’échappement trafiqués ou tunés sont également en cause. Comme le signale Olivier Blond, président de Bruiparif « 90 % du bruit automobile urbain est généré par 10 % de véhicules dans la capitale. »
Stress, fatigue, tension
Selon l’OMS « le bruit est le deuxième facteur environnemental le plus important à l'origine de problèmes de santé, juste après l'impact de la pollution atmosphérique. » Et pas besoin d’être exposé à une forte densité de décibels pour en souffrir. D’après le docteur Renaud David, spécialiste des troubles organo psychiatrique au CHU de Nice, « aux abords du périphérique parisien la nuisance sonore atteint 68 dB », soit peu ou prou la même densité que sur une place de marché ou dans une rue piétonne. Ce qui n’enlève rien à « la toxicité sur l’audition et peut avoir des conséquences extra-auditives. Le bruit sournois au long cours a un effet négatif direct sur la tension artérielle, le cholestérol, le risque de diabète, le stress, le sommeil… »
Et contrairement à ce qu’on peut penser « il n’y a pas d’habituation du corps » Pire, le cocktail « bruit associé à la pollution aux particules fines a un impact sur le neurodéveloppement et la santé mentale. » Et à l’ancienne sénatrice Laila Aïchi de pointer le silence assourdissant qui entoure cette question sanitaire. Car « si le bruit est soumis à une stricte réglementation dans le cadre du travail, rien n’est mis en place au niveau civil. » Comme le signale Olivier Blond, président de Bruitparif « la loi prévoit des observatoires régionaux de l’air. Mais il n’existe pas en France de cadre légal de ces observatoires sur le bruit. »
147 milliards de coût social
En 2021, l’estimation du coût social du bruit se montait à 147 milliards d’euros. Le trafic routier représente à lui seul 67 % (98 milliards d’euros) de ce coût. Afin de lutter contre ce fléau des solutions existent comme les murs anti-bruit, les enrobés absorbants ou bien des revêtements de façade d’immeubles ou encore des dispositifs urbains. Mais pour Philippe Bertrand, président de la section protection acoustique au sein du syndicat des équipements de la route « la dotation de l’état est passée de 50 % à 20 %. Les collectivités locales ont hérité des routes et ne savent pas comment équiper et entretenir les murs anti-bruits. »
À ce propos, selon le sondage Ifop-SER, 87 % des Français considèrent que les communes et les collectivités locales ont un rôle à jouer dans la prévention et la réduction de la pollution sonore. Mais 38 % seulement sont satisfaits de leur action. Pour le sénateur Guy Benarroche « les autorités territoriales n’ont plus de levier financier elles sont soumises aux dotations de l’État. Or la comptabilité publique ne tient pas compte des coûts sociaux et des dépenses évitées par la construction d’un mur antibruit. » Il y a des solutions mais les régions n’ont pas les moyens de les mettre en place. Philippe Bertrand, donne toute la mesure du manque de mesures concrètes engagées : « on espère construire cette année 50 000 m² linéaire de mur anti bruit. » Une goutte d’eau dans un océan de pollution sonore.
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