L'horizon se couvre fortement pour les hybrides rechargeables
Une nouvelle réglementation européenne, attendue l'an prochain, va prendre en compte les émissions polluantes réelles des voitures à motorisation hybride rechargeable, avec à la clé une taxation alourdie. De quoi en détourner une grande partie des flottes d'entreprises qui en étaient jusqu'ici friandes.
Les hybrides rechargeables sont des voitures formidables…à condition d’être bien utilisées, ce qui n’est que trop rarement le cas. En effet, la seule façon d’obtenir des consommations intéressantes consiste à en recharger la batterie autant que possible de façon à rouler au maximum en électrique. Or, tous les automobilistes ne jouent pas le jeu, loin s’en faut. Notamment parce qu’il s’agit pour l’essentiel de flottes professionnelles et que les personnes concernées n’ont pas forcément les moyens de recharger à domicile.
La Commission européenne, qui avait organisé une vaste étude sur 600 000 voitures essence et diesel dotés de « mouchards » de consommation, avait publié un rapport au printemps dernier concluant que « pour les véhicules électriques hybrides rechargeables, les émissions réelles de CO 2 étaient en moyenne 3,5 fois plus élevées que les valeurs de laboratoire, ce qui confirme que ces véhicules ne réalisent actuellement pas leur potentiel, en grande partie parce qu'ils ne sont pas chargés et conduits entièrement électriquement aussi souvent que prévu. » C’est dit.
La suite ne se fera pas attendre, puisque dès l’an prochain, les hybrides rechargeables (ou PHEV, pour Plug-in Hybrid Vehicles) verront leurs émissions réglementaires doublées, puis probablement triplées dès 2027 ainsi que le précisent Les Echos. Le nouveau calcul prendra en compte l’utilisation électrique réelle, et non ce qu’elle devrait être dans un monde parfait. Et le quotidien de citer le cas, souligné par une étude publiée fin 2022 par l’ICCT (Internation council for Transport Transportation) d’une BMW X1 xDrive25e qui passerait de 45 à 96 g de CO2/km, avant de grimper à 122 g/km si on appliquait des critères (dits Euro 6e-bis UF) plus sévères encore.
L'électrique en embuscade
L’horizon se couvre donc pour celles que l’on surnomme parfois « voitures fiscales », lesquelles voient déjà leurs immatriculations régresser depuis le début de l’année, passant de 9% en 2023 à 8% sur les 5 premiers mois 2024 (chiffres France). Et la situation ne devrait pas aller en s’arrangeant dans la mesure où les hybrides - rechargeables ou non - de flottes d’entreprises perdront également le bénéfice de l’exonération de la taxe annuelle sur les émissions de CO2 à compter du 1er janvier 2025.
Est-ce à dire que l’hybride rechargeable est voué à disparaître ? Pas tout de suite, sachant que des nouveautés continuent d’arriver sur le marché, à l’exemple récent du Renault Rafale 300 ch revendiquant plus de 100 km d’autonomie électrique. De fait, les modèles PHEV disposant d’une grande autonomie électrique pâtiront logiquement moins des effets la nouvelle taxation. Mais ils resteront concurrencées par des modèles 100% électriques dont l’offre ne cesse de s’élargir et qui profitent d’un réseau de charge publique qui ne cesse de s'étoffer. En d'autres termes, le combat est perdu d'avance.
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