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Giotto Bizzarini, le motoriste qui glisse le moteur d'un autre dans la voiture qui porte son nom

Dans Rétro / Saga des marques

Michel Holtz

LES VOITURES LES PLUS RAPIDES DU MONDE - Il a notamment développé le fameux V12 Lamborghini, mais sous le capot de sa 5 300 GT, ne se cache pas un moteur Bizzarini, mais Chevrolet.

Giotto Bizzarini, le motoriste qui glisse le moteur d'un autre dans la voiture qui porte son nom
La Bizzarini 5300GT, étoile filante de l'automobile italienne.

Il porte très certainement le plus beau nom, et prénom, de l’automobile italienne, le plus étrange aussi. Giotto Bizzarini était l’un de ces ingénieurs star, ou fée, qui grâce à sa baguette magique, et ensuite sa seule renommée, a donné de la valeur aux autos sur lesquelles il s’est penché.

Car il a participé à la conception des plus prestigieuses, dont la Ferrari 250 GT. Mais c'est surtout en très grand motoriste qui a conçu l’incroyable V12 Lamborghini. Ironie du sort : il collera un moteur Chevrolet dans l’auto qui porte son nom : la Bizzarini 5300 GT.

Ingénieur et pilote d'essai

Si l’homme a ses contradictions, il a aussi le sens des fâcheries et des portes qui claquent. Né en 1926 à Livourne en Toscane, Giotto Bizzarini étudie la mécanique à l’université de Pise, et s’il l’enseigne un peu, il file très vite chez Alfa Romeo une fois son diplôme d’ingénieur en poche. Mais il n’y reste pas longtemps. Juste trois ans, le temps de travailler sur la Giulietta, de se transformer en pilote d’essai, et le voilà parti chez Ferrari qui avait repéré son génie, en 1957.

Dès ce moment, il a déjà beaucoup appris et va apprendre encore en travaillant sur des autos de courses et de ville, sur la Testa Rossa, la 500 Mondial et sur les 250 GT et GTO. Rapidement il devient l’ingénieur en chef de Maranello et s’entoure des meilleurs : Carlo Chitti, directeur technique de la Scuderia et Romolo Tavoni, directeur sportif. Mais l’ambiance est de plus en plus lourde, les cadres ne sont pas du tout sur la même ligne que le boss. Alors, en 1961, le Commendatore tranche dans le vif et vire tout ce petit monde.

Giotto Bizzarini ou le rêve chevillé d'une auto exclusive .
Giotto Bizzarini ou le rêve chevillé d'une auto exclusive .

S’ensuit une période chahutée. Entre l’échec de l’écurie de F1 fondée en compagnie de l’ami Chitti, le mécénat avorté du richissime comte Volpi et la rancune d’Enzo Ferrari, les projets ont du mal à se concrétiser. Alors Giotto Bizzarini décide de faire cavalier seul.

Il fonde la société Autostar pour y faire ce qu’il sait faire de mieux : des moteurs. Et justement, un jeune ambitieux à la tête d’une entreprise de tracteurs et qui s’est pris la tête avec Enzo Ferrari (de quoi créer des liens avec Bizzarini) veut créer une auto capable de rivaliser avec Maranello. Ferrucio Lamborghini passe commande d’un moteur qui va entrer au panthéon de l’automobile : le V12 à 60° Lambo qui sera tout d’abord installé sous le capot de la 350GT.

La qualité du bloc fait le tour du landerneau automobile italien et arrive aux oreilles d’un autre franc-tireur : Renzo Rivolta. Ce dernier développe son Iso Rivolta IR300 et sa Griffo, dont il a confié le dessin à Giugiaro, alors en poste chez Bertone. Mais ce n’est pas un moteur dont le client passe commande à Giotto, mais un châssis. Car côté bloc, Renzo a ce qu’il faut : un Chevrolet V8 Small block et ses 300 ch. 

Une Rivolta rebadgée ?

Mais comme souvent avec Bizzarini, l’affaire tourne court. L’ingénieur de Livourne se sent-il exclut des décisions ?  Il n’arrive surtout pas à imposer à Rivolta son idée : une version de piste de la Griffo. Alors, il va la concevoir lui-même. Ça tombe bien : il tient à coller son nom sur une auto. Alors, avec ses plans sous le bras, il s’en va développer sa voiture à lui.

Mais pour homologuer une voiture en course, il faut concevoir une version civile, ce sera la Bizarrini 5 300 GT. Elle est dévoilée en 1965. Et non seulement sa ligne est unanimement saluée, mais sa cohérence mécanique l’est tout autant. Avec ses 1 200 kg, la 5 300 GT et son moteur poussé à 360 ch atteint 260 km / h, le tout dans un remarquable confort.

La Bizzarini 5 300 GT revival.
La Bizzarini 5 300 GT revival.

Pour aider son collègue, et assurer une certaine renommée à son modèle, Ferrucio Lamborghini passe commande, de même que le Shah d’Iran. L’auto se vend près de 900 000 euros d’aujourd’hui, et en l’espace de 3 ans, Bizzarini en écoule 133. Un joli score pour une auto très rare, mais pas suffisant pour pérenniser la boîte, qui fait faillite en 1968.

Giotto continuera, vaille que vaille, à développer des autos en free lance pour de grands groupes comme General Motors, mais elles ne dépassent pas le stade du prototype, tout comme ces modèles qu’il tente lui-même de lancer. 

Il retournera là ou tout à commencer, à l’université, pour y enseigner sa science. Sa marque, et son nom, sera rachetée en 2020 par un consortium. Basé en Angleterre, il conçoit et vend une 5 300 revival et souhaite lancer une supercar baptisée la Giotto, évidemment. Quant à l’homme à l’origine de toute l’aventure, il a disparu en 2023 dans sa Toscane natale, qu’il n’a jamais vraiment quitté.

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