Fiat Stilo Abarth (2001-2007) : le scorpion embourgeoisé, dès 2 500 €
Conçue pour contrer la Golf, la Stilo arbore un design germanisant mais, en version Abarth, conserve un très musical 5-cylindres en ligne de 170 ch. Seulement, comme elle soigne plus son équipement que sa sportivité, elle aurait plutôt dû se nommer HGT…
L’erreur parfaite. Croire qu’en définissant une voiture comme si elle venait d’Allemagne, on va séduire les acheteurs des productions d’outre-Rhin. Et ce, en arborant un badge italien. C’est celle commise par les dirigeants de Fiat, agacés d’avoir vu le début de carrière prometteur des Bravo/Brava voler en éclat une fois sorti ses rivales germaniques, les Opel Astra II, Ford Focus et VW Golf IV. Ah, les clients veulent du teuton ? Eh bien on va leur en donner.
En mauvaise posture financière à la fin des années 90, le géant italien mise énormément sur la remplaçante de son duo de compactes, la Stilo, qu’il conçoit en 26 mois, alors qu’elle bénéficie d’une toute nouvelle plate-forme, ainsi que de trains roulants inédits. Curieusement, un simple essieu arrière de torsion remplace les bras tirés indépendants, plus raffinés, de ses devancières… Heureusement, à l’instar de celles-ci, elle profite de deux carrosseries différentes, suivant qu’elle se décline en 3 ou 5 portes.
Leur design est dû à Peter Fassbender, un Allemand travaillant chez Fiat depuis 1989 : ça tombe bien, on lui demande de faire du… germanique ! L’équipement fait l’objet de tous les soins, tout comme la qualité des matériaux, qui devra atteindre un niveau inédit chez Fiat.
Des sommes faramineuses sont donc investies dans cette auto, qui est présentée en septembre 2001, au salon de Francfort. Au même moment, des avions percutent les Tours Jumelles à New-York… Mauvais augure pour l’italienne ? Toujours est-il que son look est fraîchement accueilli, surtout celui de la 5 portes, particulièrement fadasse. Une italienne qui ressemble à une allemande ? Voilà qui suscite l’incompréhension. La 3-portes fait toutefois meilleure impression, tout comme la finition de l’habitacle.
Surtout que celui-ci bénéficie d’une dotation jamais vue. Clim auto bizone, GPS, téléphone intégré, régulateur de vitesse couplé à un radar inter-distance, démarrage sans clé, projecteurs au xénon, hifi, sièges à réglages électriques… Tout ceci est disponible, en série ou en option. Évidemment, cette sophistication pousse les prix vers le haut, ce qui inquiète le réseau Fiat, déjà rebuté par l’esthétique.
Dès le lancement, le constructeur prévoit une version haut de gamme badgée Abarth, appellation ravivée par la petite Seicento. Et comme celle-ci, la Stilo Abarth n’a strictement rien de sportif, un autre malentendu. Dommage, car elle profite du beau 5-cylindres 2,4 l de la Lancia Kappa, développant ici 170 ch. Son truc, c’est plutôt l’équipement : l’ESP, la clim auto bizone, le GPS Connect Nav couplé au téléphone, les phares et essuie-glace automatiques ainsi que le régulateur de vitesse sont de série. Tout comme la discutable boîte robotisée Selespeed mono-embrayage, déjà vue chez Alfa Romeo…
Malgré tout ceci, le prix demeure plutôt raisonnable : 21 700 € en 3 portes, soit 27 500 € actuels selon l’Insee. Aucune concurrente n’en propose autant, de sorte que l’Abarth ne se vend pas si mal. Mais elle ne va pour ainsi dire pas évoluer. Comme le reste de la gamme, elle subit un léger restylage en 2004, qui voit partir dans la liste des options le système Connect Nav.
Mieux, la boîte robotisée suit le même chemin : on peut donc s’offrir une Abarth avec une commande manuelle. Une série limitée Schumacher apparaît également, mais en France, elle se contentera du 1,9 l JTD ! A la 170 ch que certains importeront, lnglais ajouteront une évolution GP. Sa spécificité ? Une suspension revue par Prodrive, qui installe des ressorts Eibach, des amortisseurs Bilstein, des jantes spéciales et abaisse l’assiette. Malheureusement, elle n’arrive pas en France.
L’Abarth est retirée de la gamme en 2007, la Stilo terminant sa carrière début 2008. Ça a été un four : sur les 400 000 prévues annuellement, Fiat n’en a écoulé en tout que 769 000, perdant ainsi près de 2 730 € par unité vendue, selon l’estimation de The Economist… Soit un total de 2,10 milliards d’euros.
Combien ça coûte ?
Pas bien cher. On trouve des Stilo Abarth en très bon état dès 2 500 €, totalisant certes plus de 150 000 km. Ce genre de kilométrage n’est pas un souci pour les exemplaires bien suivis. Pour 5 000 €, on arrive parfois à dégotter un exemplaire de 2005 en boîte manuelle d’environ 120 000 km, en provenance de Suisse la plupart du temps, alors que nous avons récemment vu une 5 portes de 2003 totalisant seulement 35 000 km pour 6 000 €.
Quelle version choisir ?
Facile, il n’y en a qu’une. Préférez un des rares exemplaires en boîte manuelle, plus fiable à long terme que la Selespeed.
Les versions collector
Il y en a de deux types. D’un côté, celles dotées d’un maximum de suppléments, notamment le cuir, le toit ouvrant panoramique, les projecteurs au xénon voire le radar interdistance. On l’a vu dans la liste des options, mais on ne sait pas s’il a effectivement doté des voitures livrées ! De l’autre, celles équipées, là encore, de la boîte manuelle. Évidemment, toutes se doivent d’être en parfait état.
Que surveiller ?
Fondamentalement, la mécanique de la Stilo Abarth se révèle robuste, tant le moteur que la boîte. De plus, la carrosserie est insensible à la corrosion, de sorte que tout semble réuni pour que l’auto dure très longtemps. Seulement, elle connaît quelques points faibles, certains bien ennuyeux. Comme beaucoup de modèles du début des années 2000, elle pâtit de bugs électroniques : affichages sporadiques de témoins, écran central figé, GPS en panne…
Ensuite, sous le poids du moteur, les triangles de suspension souffrent, demandant souvent à être remplacés avant 100 000 km. Pour sa part, le 5-cylindres souffre de bobines défaillantes, là encore vers 100 000 km, alors que, peu accessible, sa courroie distribution demande de longues heures pour être changée, ce qui se ressent sur la facture. Enfin, la boîte Selespeed est plus fiable qu’on ne l’imagine : elle peut atteindre 200 000 km sans nécessiter aucune intervention.
Seulement, en cas d’avarie de son robot électro-hydraulique, grosse galère en perspective : le réseau Fiat refuse de le réparer, et les spécialistes capables de s’en occuper en France sont bien rares. Regrettable, car les pannes ne sont pas forcément graves. Autre point à surveiller : la qualité de montage de la Stilo, qui varie d’un exemplaire à l’autre. Certains sont parfaitement assemblés quand d’autres sont risibles.
Au volant
Vingt ans après son apparition, la ligne de la Stilo demeure étonnamment actuelle, voire plaisante. Bien plus que celle d’une Peugeot 307 ! À l’intérieur, les matériaux sont flatteurs, toute la planche de bord étant en plastique rembourré, alors qu’une pellicule soft-touch recouvre les divers boutons. L’ensemble vieillit plutôt bien, même si l’assemblage demeure imparfait. Et quelle curieuse idée que ce siège réglable en hauteur. En réalité, seul le dossier monte. Du coup, quand il est au plus haut, il se disjoint nettement de l’assise, qui reste fixe. Pas facile de trouver la bonne position, mais une fois cela fait, on est assez confortablement installé au volant.
À la mise en route, le moteur transforme l’expérience, distillant une ambiance haut de gamme. Un peu brutale en manœuvre, la Selespeed ne convainc pas tellement plus en automatique, sauf si on lève le pied quand on sent qu’elle va changer de rapport. Mieux vaut l’utiliser en manuel, à l’aide des palettes au volant, surtout qu’elle administre un coup de gaz au rétrogradage. Ça, c’est sympa.
Cela permet aussi de mieux profiter du linéaire 5-cylindres, qui, se montre souple, profite d’une belle allonge, frôle en chantant les 7 000 tr/min et emmène la Stilo à près de 230 km/h compteur, sur autoroute allemande bien sûr. Le meilleur argument de ce modèle ! À cette vitesse, le châssis se révèle très sain et sûr, mais les réglages adoptés ne permettent pas de l’utiliser sportivement : un comble pour une Abarth.
En effet, si la suspension se révèle ferme et peu filtrante, l’amortissement trop souple engendre du roulis (comme sur une Golf IV), alors que la direction, certes rapide, manque de consistance et de feedback. Du reste, l’ESP, au demeurant permissif, n’est pas déconnectable. Dommage, car quand on le provoque, l’arrière ne rechigne pas à se placer, profitant à la bonne agilité de la voiture, même si le sous-virage domine finalement.
Ainsi, mieux vaut conduire la Stilo Abarth de façon fluide, profiter de l’allonge de son moteur velouté, et surtout de la mélodie de ce dernier. Une GT de poche très agréable sur long parcours, mais un peu gourmande : 10,6 l/100 km en moyenne.
L’alternative youngtimer
Fiat Ritmo Abarth (1981-1987)
Déjà obsédé par la Golf, en l’occurrence la GTI, Fiat lui lance une réplique fin 1981 : la Ritmo Abarth 125 TC. Animée par un 2,0 l double arbre de 125 ch, elle bat l’allemande par ses performances mais se montre lourde à conduire. Elle évolue en 1983, adoptant des faces avant et arrière redessinées, ainsi qu’un nouveau tableau de bord.
Sous le capot, le 2,0 l passe à 130 ch, ce qui profite aux performances, d’autant que l’auto s’allège d’une cinquantaine de kilos. La suspension revue profite à l’efficacité, faisant de cette 130 TC une redoutable compétitrice. Des modifications de détails interviennent fin 1985, tandis que l’auto finit sa carrière en 1987. Une vraie sportive, disponible dès 9 000 € en bon état.
Fiat Stilo Abarth 2002 : la fiche technique
- Moteur : 5 cylindres en ligne, 2 446 cm3
- Alimentation : injection
- Suspension : jambes McPherson, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis (AV) ; essieu de torsion, ressorts hélicoïdaux, barre antiroulis (AR)
- Transmission : boîte 5 manuelle ou robotisée, traction
- Puissance : 170 ch à 6 000 tr/mn
- Couple : 221 Nm à 3 500 tr/mn
- Poids : 1 320 kg
- Vitesse maxi : 215 km/h (donnée constructeur)
- 0 à 100 km/h : 8,5 secondes (donnée constructeur)
> Pour trouver des annonces de Fiat Stilo Abarth, rendez-vous sur le site de La Centrale.
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