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Exclusif – Le bilan bien mitigé des voitures radars externalisées

Dans Pratique / Radars

Stéphanie Fontaine , mis à jour

Les statistiques débusquées par Caradisiac confirment le rendement bien modeste des véhicules confiés au privé. La conception même de ce matériel, qui contrôle la vitesse dans le flot de la circulation, pourrait en être la raison. Difficile pour l'État de revenir en arrière, alors que le processus est d'ores et déjà lancé dans huit régions, et que huit marchés publics (15 millions d'euros par an de 2018 à 2024) ont donc été passés dans ce cadre.

Exclusif – Le bilan bien mitigé des voitures radars externalisées

Il ne se passe pas une semaine sans que la presse locale n’annonce leur arrivée quelque part. Depuis 2018, les voitures radar dites externalisées, celles dont la conduite est confiée à un prestataire privé, se propagent progressivement, région par région, département par département. D’ici à la fin de cette année, c’est toute la métropole française qui devrait être concernée. Pourtant, le bilan de ces voitures radar « privatisées » reste à évaluer, et surtout, leur rendement serait bien inférieur à celui des forces de l’ordre, en temps « normal » !

Selon nos informations, non démenties par le ministère de l’Intérieur, ces radars externalisés, qui opèrent en roulant uniquement, ont permis de repérer moins de 70 000 excès de vitesse du 1er janvier au 30 septembre 2020. Si l’on considère qu’au cours de ces neuf mois une quarantaine de véhicules de ce type était en fonction, cela représente à peine plus de six infractions par jour et par automate. Avec une telle productivité, leur rôle dissuasif est loin d'être évident. D'autant plus que, sur ces flashs, il y a certainement eu moitié moins de PV…

Pour rappel, toutes les détections des radars ne donnent pas lieu à de véritables verbalisations, il y a des déchets (photos inexploitables, plaques étrangères, erreurs en tous genres…). Et en l’occurrence, il y en aurait de plus en plus avec ce type de matériel, depuis l’apparition de cette externalisation (voir notre tableau ci-dessous). Via une réponse du ministère de l’Intérieur à une question écrite d’un sénateur, on a en effet appris que le taux de transformation (des flashs en PV) le concernant était tombé début 2020 à 52 %, contre 72 à 75 % les années précédentes !

Les voitures radar en chiffres depuis 2015

Statistiques

2015

2016

2017

2018

2019

Nbre de voitures radar

180

259

383

403

449

Nbre de PV

1 140 268

1 445 829

NC

760 013

NC

Nbre de flashs

1 527 453

1 936 706

1 813 261

1 048 710

1 212 540

Nbre de flash/radar/jour

23,2

20,4

13,0

7,13

7,4

Tx de transformation

75 %

75 %

NC

72 %

NC

Source : à partir des chiffres officiels, sans que l'on ne parvienne à être sûr qu'en 2018 et 2019, ces statistiques (nombre de flashs et de PV quand il est renseigné) comprennent celles des voitures radar externalisées. Il se pourrait que seules celles pilotées par les policiers et les gendarmes ne soient renseignées. NC = non-communiqué.

Comment expliquer une telle chute ? Cela fait des semaines maintenant que Caradisiac attend le retour annoncé par le ministère de l’Intérieur à ses questions, mais il a bien fallu se rendre à l’évidence : aucune réponse ne nous sera apportée. Il y a tout juste un an, dans Le Télégramme, à l’annonce du futur déploiement de ces « redoutables » voitures sur les routes bretonnes, la Sécurité routière laissait entrevoir « un premier bilan à la fin de l’année », autrement dit, à la fin de 2020. Que nenni, les informations transmises à leur sujet se font toujours au compte-gouttes et demeurent très partielles.

Un impact sur la Sécurité routière qui reste à démontrer

À chaque interpellation sur le sujet, la rengaine reste la même : « Le caractère récent de cette externalisation ne permet pas encore de tirer un bilan ou de tracer des perspectives sur son impact sur le bilan des infractions constatées », fait valoir Beauvau. Cela fait maintenant presque trois ans que cette externalisation est pourtant en place en Normandie, et plus d’un an qu'elle a été étendue aux départements de la Bretagne, du Centre-Val de Loire, et depuis la fin 2020 à ceux de la région Pays-de-la-Loire. Elle est aussi d’ores et déjà annoncée dans le Grand Est, ainsi que les Hauts-de-France, la Nouvelle Aquitaine et la Bourgogne-Franche Comté. Ne serait-ce donc pas plutôt les résultats faiblards de cette privatisation qui expliqueraient ces cachotteries ? Surtout qu’officiellement les machines externalisées tournent quotidiennement sept fois plus en moyenne – 5h30 contre 45 minutes - qu’avec les forces de l’ordre !

La pandémie due au Covid, et le confinement au printemps dernier, durant lequel ces voitures radar externalisées n’ont que peu, voire pas du tout (pendant un mois), officié n’ont sans doute rien arrangé. Mais de fait, les chiffres que Caradisiac s’est procurés ne dérogent pas vraiment à ceux qui ont pu filtrer jusqu’ici… Malgré tout, la poursuite de cette externalisation ne paraît aucunement être remise en cause, même si elle connaît pas mal de retard sur le calendrier initialement prévu.

Sur les 450 voitures radar qui doivent normalement composer le parc cette année, il devrait y en avoir 223 confiées au privé d’ici la fin de 2021, et d’ores et déjà 160. Mais selon nos informations, on n’en serait pas là, et il y en aurait moins de 100 conduites par des chauffeurs, salariés du privé. Quant au coût de ce processus, on a appris, en marge du vote de la loi de Finances pour 2021, qu’il était estimé à « 1,30 euro par kilomètre parcouru ». Difficile avec ce seul chiffre de bien se rendre compte…

Huit régions concernées, huit contrats déjà passés

Région Entreprise attributaire Coût hors TVA
Normandie Challancin (Mobiom) 10 247 080 €
Bretagne Challancin (Mobiom) 8 693 933 €
Pays de la Loire OTI France (filiale d'Oviance) 7 774 445 €
Centre-Val de Loire GEOS 8 295 531 €
Bourgogne-Franche Comté OTI France services (filiale d'Oviance) 9 021 395 €
Grand Est Challancin (Mobiom) 15 170 679 €
Hauts-de-France Securitas - Agence de Lille et INEO Infracom - Agence Midi-Pyrénées 11 346 716 €
Nouvelle Aquitaine GSR 16 508 395 €

Depuis la mise en place de cette externalisation en 2018, l’État a passé huit contrats avec des entreprises pour la fourniture de chauffeurs, sans parler de ceux relatifs aux adaptations techniques du matériel. Signés pour quatre ans, ces huit marchés s’élèvent au total à plus de 100 millions d’euros avec la TVA, ce qui correspond à une dépense annuelle de près de 15 millions d’euros jusqu’en 2024. On imagine mieux combien il pourrait être compliqué de revenir sur cette décision.

En fait, nous susurre-t-on au ministère, « c'est la conception même de ces véhicules » qui expliquerait ces modestes rendements. Quand ils sont confiés à des prestataires, ils ne peuvent être utilisés qu'en roulant. Or, c'est à l'arrêt sur le bord des routes qu'ils sont en fait le plus efficace, et le moins coûteux (puisque cela limite la facture en carburant). D'ailleurs, c'est dans cette configuration que policiers et gendarmes les utiliseraient le plus fréquemment.

Pour retrouver nos précédents sujets :

Le documentaire "Radar, la machine à cash" revient sur l'enquête judiciaire en cours sur certains contrats relatifs à ces voitures radar.

Quel avenir pour les voitures radar ?

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