Essai - Yamaha Booster et Booster Easy : la résurrection
Après l’arrêt de son modèle original en 2010 et voyant le marché du vélo électrique exploser, Yamaha décide de ressusciter le 2 roues iconique sous la forme d’un vélo à assistance électrique de type Fatbike. Nous sommes allés l’essayer à Amsterdam pour nous en faire une première idée.
Une légende d’une autre époque
Cela fait 34 ans que le MBK Booster et son clone, le Yamaha BW’s ont été présentés au Salon de la Moto à Paris. Le petit scooter léger, tout rond, aux gros pneus a rencontré un succès imprévisible auprès des jeunes. Et pour cause, en 1990, le vélo existe, mais ne permet pas de parcourir les longues distances de campagnes et ni de ramener un ami en galère après une soirée.
Le plus incroyable dans cette histoire, c’est que le Booster était initialement prévu pour le marché japonais, où le concept n’a pas rencontré son public. Heureusement pour elles, les deux firmes ont vite senti le coup et c’est en Europe que le scooter urbain est devenu la star des 2 roues pour jeunes. Yamaha a donc pensé sa nouvelle itération pour l’Europe, et c’est sur le vieux continent que le Booster 2023 est produit.
Le Booster a marqué une génération. C’était même le free floating avant l’heure, dans la mesure où le scooter changeait de propriétaire, souvent l’insu de ce dernier, avant de revenir (parfois) entre les mains du premier acquéreur, avec un pot modifié et une vitesse maximum revue à la hausse.
Mais nous ne sommes plus en 1990, les POGS des cours de récré ont été remplacés par des smartphones et les jeunes de lycées font des coverings sur leur Citroën Ami. Ce sont eux et les autres, moins chanceux ou fortunés, que Yamaha vise avec le Booster.
Il y a également l’actif qui a connu le Booster originel et qui, par excès nostalgique et besoin de se déplacer en ville, pourrait craquer.
Deux versions mais une plus intéressante que l’autre
Il existe deux versions du Booster. La première est un VAE classique, limité à 25 km/h et nommée Booster Easy, affiché à 3 299 euros. La seconde est un speedbike pouvant monter (difficilement et moyennant beaucoup d’efforts) à 45 km/h, proposé à 3 699 euros.
Dans la réalité, les deux Boosters sont identiques, du cadre à la batterie. Le speedbike récupère un afficheur couleur plus détaillé et le moteur est poussé à 500 W.
En commun, nous retrouvons un freinage hydraulique avec des plaquettes métalliques comprimant des disques de 180 mm à l’avant comme à l’arrière.
Une selle Royale a pour mission de préserver votre séant.
Les énormes pneus en 20 x 4 (pour 20 pouces diamètre par 4 pouces de large) sont là pour le confort et évoquer l’ancêtre thermique. À l’avant, une fourche télescopique à air que l’on peut bloquer.
La transmission, à chaîne, provient de chez Enviolo. Nous en reparlerons dans la partie conduite, mais c’est probablement ce qu’il y a de mieux sur le marché aujourd’hui pour des déplacements urbains.
Le Speedbike a droit à un feu de stop, absent du modèle Easy et un écran de commande en couleur avec prise micro USB.
La structure du cadre, ajourée à la manière de celle de la Tour Eiffel offre autant d’opportunités d’y faire passer un antivol, soit 7 attaches. De quoi tuer d’ennui les éventuels voleurs, même équipés de la meilleure des disqueuses.
La couleur turquoise fait penser à une entreprise qui délivre des repas avec des roues. Mais le coloris gris sombre existe.
La version Speedbike reçoit une plaque d’immatriculation mais pas de clignotants, qui ne sont pas obligatoires mais toujours pratiques, surtout pour un engin se devant de rouler sur la route. (NDLR : les speedbikes ne sont pas autorisés sur les pistes cyclables et appartiennent à la catégorie des cyclomoteurs).
Côté poids, le Booster Easy pèse 35 kg. La version Speedbike prend un kilo de plus. C’est beaucoup par rapport à la moyenne des VAE qui évolue autour de 24 kg.
Une autonomie dans la norme
L’autonomie n’a pas vraiment pu être mise à mal malgré les 40 km parcourus. Il restait 63 % restant après 20 km en Speedbike sur les routes toutefois planes des Pays-Bas. Le Booster Easy, version à 25 km/h affichait pour sa part encore 82 % après 17 km de parcours environ.
Dans les deux cas, avec un cycliste de 110 kg dessus. Mais que les personnes en surpoids se rassurent, l’autonomie a été identique pour un autre journaliste pesant 40 kg de moins.
Les 630 Wh de la batterie devraient permettre d’atteindre les 50 km avec l’assistance maximum en hiver.
La conduite d’un vélo de ville à gros pneus
Durant cet essai, nous avons parcouru une vingtaine de kilomètres avec chaque modèle.
On commence par la position de conduite. Droite, elle évite de courber le dos et de forcer sur les poignets. Mais, le guidon (cintre) droit (plat dans le jargon), inspiré de la moto, aurait mérité d’être courbé vers l’arrière pour rapprocher les poignées des mains du cycliste. Cette position de conduite permet de se dépenser mais pas optimisée pour exploser des records, de vitesse.
Le cadre ouvert est pratique pour monter sur le vélo et poser le pied à l’arrêt. La selle très confortable, pourra soutenir votre corps sans que votre postérieur se soit endolori à la fin d’une grande promenade.
La fourche est trop souple et le garde-boue a tendance à frotter. On peut la bloquer sur les routes lisses pour gagner en dynamisme.
Le moteur du Booster Easy est plus vif que celui du speedbike. C’est lié à la plage sur laquelle la puissance doit être fournie. On apprécie qu’il soit totalement débrayable. Autrement dit, au-delà des 25 km/h de l’assistance, le système débraye pour n’offrir aucune résistance au pédalage. Un procédé courant chez les grandes marques. Idem pour son positionnement dans le pédalier, qui rend le pédalage plus naturel.
Le gros point positif vient de la transmission Enviolo. Elle fonctionne comme un bouton de volume analogique sur un ampli. Il n’y a pas de vitesse, mais une variation analogique de la résistance. Ce qui permet de passer les vitesses à l’arrêt.
Imaginez que vous avez pédalé fort. Vous arrivez à un feu et oubliez de rétrograder. Sur une transmission classique, vous allez faire face à une grosse résistance en redémarrant. Avec l’Enviolo, ce n’est pas le cas. Il suffit de tourner la poignée pour réduire la résistance à l’arrêt. On devrait retrouver ce système sur tous les vélos de ville.
Le freinage est très puissant mais pas assez progressif/ Les roues se bloquent facilement. Il faudra un peu plus de progressivité.
Le couple délivré par le moteur en mode High est idéal pour limiter les efforts. En mode standard, on trouve un parfait équilibre entre effort de pédalage et assistance. Les deux autres modes Eco et Eco+ ne servent à rien. Autant couper totalement l’assistance dans ce cas.
Notez que j’ai voulu réaliser un wheeling avec l’assistance au maximum. Malheureusement, c’est parti en soleil avec, comme résultat, la protection de feu arrière qui a cassé. Moralité : évitez de mettre l’assistance au maximum lors de vos tentatives. Il fallait le faire, les Boosters originels ayant (beaucoup) servi à cela. Encore désolé Yamaha.
On termine par un regret : l’appendice en plastique, qui fait également office de garde-boue arrière ne permet pas de monter un siège enfant dessus. Le poids maximum est limité à 20 kg. Yamaha a toutefois développé une gamme d’accessoires dont un panier avec sac à placer derrière et devant. Sachant que le Booster originel servait régulièrement à transporter deux passagers, c’est dommage de ne pas avoir cette possibilité sur cette nouvelle version.
Le Speedbike pas si speed que ça
Le Speedbike permet à l’assistance du moteur de nous accompagner jusqu’à 45 km/h en théorie. Cela a un coût. Au-delà des 400 euros supplémentaires sur le prix d’achat (3 59 euros pour le Booster contre 3 299 euros pour le Booster Easy), ce Speedbike (aussi appelé S-Pedelec) est interdit de pistes cyclables et doit évoluer au milieu de la circulation. À cela s’ajoute une assurance hors de prix (identique à celle d’un 125 cm3). Nous en avions d’ailleurs déjà évoqué les contraintes dans cet essai du Speedbike Moustache Friday 27S.
Si, malgré tout cela, les 45 km/h vous tentent, sachez que le Booster ne les atteint pas. L’effort à exercer est très important et ne pourra être tenu plus de quelques minutes par les plus sportifs. D’ailleurs, au-delà de 32 km/h, il faut forcer pour vraiment évoluer plus vite. Les pneus très larges et le poids élevé de l’engin n’aident pas. Plus particulièrement les roues. Le fameux effet produit par des masses non suspendues.
Le Booster dans sa version Speedbike n’est donc pas la meilleure des idées. Sa vitesse max est faible. Le moteur « poussé » à 500 W a bien du mal à propulser au-delà des 32 km/h sans que vous ne l’aidiez beaucoup. Pour le sport, c’est très bien. Mais dans la circulation à laquelle est cantonné ce vélo, ce n’est pas la solution idéale.
Toujours un bon rapport qualité prix
Compte tenu des composants embarqués, le Booster, affiché à 3 299 euros, s’en sort plutôt bien. Avec les aides, il est possible, à l’heure où nous écrivons ces lignes, de récupérer jusqu’à 800 euros et de faire passer son prix à 2 500 euros.
Le Speedbike se retrouve, lui, presque moitié moins cher que ceux des grandes marques. Mais il offre également la moitié des capacités.
La distribution est faite via le site de vente en ligne de Yamaha et en concession. Vous ne trouverez pas les Boosters dans votre magasin de cycles. Vous pourrez acquérir l’un de ces modèles à partir de juillet 2023.
Notre avis
Le Booster a joué l’ascenseur émotionnel. Très curieux de le découvrir, nous avons un peu déchanté devant le design particulier. Une fois au guidon, le plaisir est bien là. Ce n’est pas le vélo sportif auquel on aurait pu s’attendre, mais le petit vélo urbain à l’aise dans son environnement. Les roues de petits diamètres offrent un bon rayon de braquage. Il est facile à attacher. Le moteur est coupleux, silencieux et l’assistance efficace. Les gros pneus amortissent bien les chocs mais grèvent les performances. Le prix compte tenu de la technologie embarquée n’est pas mauvais. Il n’y a d’ailleurs aucun autre VAE offrant le même trio transmission-moteur-capacité de batterie à un tarif inférieur actuellement
En définitive, c’est probablement le nom, Booster, qui ne convient finalement pas. Il s’accompagne d’une image populaire qui ne colle pas avec ce vélo et forcément, ça crée une sorte de rupture qui déçoit un peu les nostalgiques ayant connu le modèle original. On est tout de même sur une approche urbaine intéressante, bien que perfectible. Reste à voir comment vieilliront les plastiques qui abondent et si le système de distribution va prendre.
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