Elon Musk : le tweet de trop lui fera-t-il perdre Tesla ?
Le 20 février dernier, Elon Musk, le turbulent et controversé patron de Tesla, balançait un tweet qui ne payait pas de mine. Mais en réalité, il pourrait lui coûter sa place de patron, tout simplement. Voici pourquoi.
Elon Musk est certainement aussi génial que fantasque... et imprévisible. Le 20 février dernier, il a lancé sur le réseau social Twitter une information qui, sans payer de mine, allait en réalité faire l'effet d'une bombe auprès des autorités boursières, et pourrait lui coûter ni plus ni moins que sa place de patron de Tesla.
"Tesla a fabriqué 0 voiture en 2011, mais en fabriquera 500 000 en 2019"
Quelques heures plus tard, il précisait son propos
"Je voulais dire que le taux de production annuel sera fin 2019 de 500 000, c'est-à-dire 10 000 voitures par semaine. Mais les livraisons pour 2019 sont toujours estimées à environ 400 000."
Mais le mal était fait. Pourquoi ?
Il faut savoir qu'Elon Musk est sous le coup d'un accord passé avec la SEC (Securities and exchange commission), qui est l'autorité de régulation et de contrôle des marchés financiers américains. En septembre 2018, lui qui avait l'habitude de relayer sur les réseaux sociaux, et spécialement twitter, les résultats financiers et les prévisions de son entreprise, s'est engagé à ne plus publier aucune information qui pourrait faire varier le cours de l'action Tesla. La SEC lui a tout simplement interdit. Et a rendu obligatoire le contrôle et la filtration des tweets du milliardaire.
Or, celui de la semaine passée, manifestement non contrôlé en amont, et mentionnant une production annuelle de 500 000 unités alors que jusqu'ici, c'est le chiffre de 400 000 qui avait été avancé, aurait forcément fait réagir les marchés, à la hausse bien sûr.
Lundi, la SEC a donc officiellement accusé Elon Musk d'influer sur le cours de l'action. Pour elle, le tweet a fait grimper le cours de l'action, et le fait que les informations soient "probablement fausses" fera chuter le cours de celle-ci. Une pratique strictement encadrée, et dangereuse à la fois pour l'entreprise et les actionnaires.
Elon a deux semaines pour prouver ses écrits
Dans les faits, le cours de l'action a très peu fluctué, car Elon Musk a très rapidement rectifié et précisé son tweet. Mais c'est surtout le fait de contrevenir facialement à l'interdiction, et de ne pas respecter l'accord passé qui énerve la SEC. Cette dernière a saisi la justice américaine, qui donne deux semaines à Musk pour justifier ses annonces et prouver que les informations sont vraies.
Le principal intéressé a déjà en partie répondu, avec un autre tweet moqueur, affirmant que ce qu'il avançait était déjà écrit noir sur blanc dans les transcriptions de revenus.
"La SEC a oublié de lire les transcriptions de revenus de Tesla, qui statuent clairement sur [une production qui passe de] 350 000 à 500 000. Tellement embarrassant..."
Il n'a donc pas l'air très inquiet, mais devrait peut-être l'être. Car la SEC perdrait toute crédibilité face à d'autres patrons ou entreprises, en laissant faire Musk. Si Tesla et son patron pouvaient se permettre ce genre de pratiques sans conséquences, tout le monde ferait de même.
Charles Elson, spécialiste en gouvernance d'entreprise à l'université du Delaware estime concernant la SEC que "Soit elle réagit comme il se doit, soit elle aura beaucoup de mal à imposer ses règles à d'autres personnes". Pour lui "aucun PDG ne survivrait à cet incident. Le conseil d'administration de Tesla doit prendre le taureau par les cornes et adopter des mesures comme le relever de ses responsabilités, au moins pendant une certaine période."
Il se pourrait aussi que la justice impose au si volubile patron des restrictions dans l'usage des réseaux sociaux. À moins que Musk s'en sorte encore une fois sans gros dommage, protégé par son aura et le fait plutôt très concret que sans lui, l'entreprise Tesla s'écroule.
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