Dieselgate : le laxisme européen face à Volkswagen
C’est un fait dont l’énormité gêne même si, techniquement et politiquement, les spécialistes et autres protagonistes puiseront des arguments pour vous amadouer. Mais, froidement, la situation est la suivante : Volkswagen a reconnu avoir vicié les tests antipollution de ses voitures au moyen d’un boitier électronique dont le but était de tricher et de tromper. 11 millions de voitures sont mises en cause dont 8,5 millions en Europe. Pourtant, c’est aux États-Unis que la marque déboursera 23 milliards en réparations diverses. De ce côté-ci de l’Atlantique, la comparaison des situations donne un désagréable sentiment d’impunité.
L’Europe est-elle réellement cet ensemble commun vertueux qui doit s’imposer à tous les systèmes du monde ? Cette démocratie que tout le monde nous envierait, mais au sein de laquelle, le citoyen qui est aussi consommateur aurait moins de droits qu’ailleurs. Car on ne comprend pas la situation de Volkswagen en Europe alors que, partout dans le monde, le constructeur annonce les milliards à débourser pour faire amende honorable de ses errements reconnus.
Un paradoxe d’autant plus insupportable que c’est cette même Europe qui se veut l’exemple en matière d’écologie et de développement durable. Or cette affaire s’appelle le « dieselgate » et concerne directement les émissions polluantes. Pourtant, l’ire européenne se fait attendre et les propriétaires et distributeurs de Volkswagen européens sont bien moins considérés que leurs homologues américains.
La Commission européenne peine à imposer des sanctions et surtout des dédommagements pour ses consommateurs, tandis qu'aux États-Unis, où on ne s'est pas embarrassé pour désigner Volkswagen comme responsable, le géant automobile allemand devra débourser plus de 23 milliards de dollars pour solder les poursuites.
Car l’Europe ne peut s'en prendre directement aux constructeurs automobiles. De fait, elle a décidé en décembre de mettre la pression sur les autorités nationales, les contraignant ainsi à de premières mesures de sanctions. Reste que pas mal de pays font encore la sourde oreille. La Commission avait reproché au Luxembourg, mais aussi à l'Allemagne, au Royaume-Uni et à l'Espagne de ne pas avoir appliqué de sanctions au constructeur allemand pour avoir utilisé ces dispositifs illégaux.
Ce sont pourtant quatre pays dont les autorités nationales ont accordé des certificats d'homologation à des véhicules fraudeurs. Mais ce n’est pas tout. La République tchèque, la Lituanie et la Grèce ont été mises en cause pour ne pas avoir introduit de systèmes de pénalités pour ces irrégularités dans leurs législations nationales.
Enfin, lorsque la réaction vient enfin, elle reste modeste. Ainsi, le Luxembourg. Les autorités du duché ont annoncé avoir porté plainte contre X, se disant victime d'« agissements criminels et délictuels » qui l'ont amené à établir des certificats d'homologation qu'il n'aurait pas émis si les tests n'avaient pas été faussés. Mais les mêmes laissent le soin aux enquêteurs de désigner le coupable. Volkswagen n'est pas nommément désigné par la plainte. Elle ne vise personne en particulier, car « nous ne savons pas encore qui a fait quoi », a précisé le ministre luxembourgeois du Développement durable, François Bausch. Un écran de fumée de plus ?
Déposer un commentaire
Alerte de modération
Alerte de modération