DESIGNbyBELLU - Land Rover Defender, retour aux valeurs fondamentales
Enfin une proposition pure et dure dans le monde des SUV tellement encombré d’usurpateurs. Land Rover renouvelle ses Defender en s’appuyant sur une légitimité édifiée au fil de soixante-dix années de légende.
On avait fini par oublier qu’il pouvait exister des quatre-quatre authentiques, des tout-terrain véridiques, des baroudeurs dignes de ce nom. Autre chose que des frimeurs d’opérette incapables de s’échapper hors piste.
Il faut dire que la clientèle a encouragé les dérives et les déviances. Les acheteurs ne sont pas regardants et accepte qu’on leur vende des 4 x 4… à deux roues motrices (sic) avec pour seule ambition d’aventure la traversée de la jungle urbaine.
Soit. Il y a quand même sur cette planète un public qui ne se laisse pas enfumer par les faux semblants et qui n’agit pas en fonction des diktats de la mode, des injonctions dictées par le marketing et des postures qui consistent à imiter ce que font (et ont) les voisins.
Aujourd’hui, si l’on cherche un vrai véhicule tout-terrain, il faut se tourner vers les institutions certifiées grande randonnée, patrimoine et sentes boueuses. Les références historiques se nomment Jeep Wrangler, Mercedes-Benz G, Toyota Land-Cruiser ou Land Rover Defender. La Wrangler est apparue dans sa dernière génération (JL) en novembre 2017. Rien à redire sur cette héritière qui respecte l’esprit original de la Jeep tout en évoluant discrètement.
La Classe G de Mercedes-Benz dont les origines remontent à 1979 a été modernisée en janvier 2018, mais elle est restée pétrifiée sur ses positions et n’a pas progressé d’un iota sur le plan esthétique alors que sa base mécanique était complètement reconsidérée. C’est un choix.
De son côté, la Land-Cruiser a évolué sans cesse au hasard de ses changements de génération et ne doit rigoureusement rien à la version originale.
On attendait au tournant la nouvelle Land Rover. Réinventer une icône, la moderniser sans renier ses origines, l’actualiser sans la dénaturer… c’était un vrai défi pour les designers. L’équipe qui s’en est chargée est dirigée par Gerry McGovern. Un drôle de personnage, ce Gerard Gabriel McGovern qui signait ses dessins « Gerry ». À soixante-trois ans, il a un long palmarès gravé dans l’industrie britannique. Il a travaillé chez Chrysler U.K., Rover et MG. Dans les années 1980, il avait un look Grand Siècle. Coiffé comme Louis XIV, il s’est fait connaître en dessinant la MGF. Puis il s’est rangé des perruques en entrant en 2004 chez Land Rover, alors détenue par Ford. D’abord affecté au design avancé, Gerry McGovern prit en charge la direction du design en 2006. Dès lors, un formidable mutation fut engagée sur ce plan.
Il était évident que chez Land Rover se posait avec acuité la question du remplacement de la Defender. Héritière d’une lignée née en 1948, elle était hors du temps, hors des modes et hors sol, ce qui est fâcheux quand on revendique une aptitude au tout-terrain.
Le projet DC100 dévoilé en 2011 donna une idée assez précise de ce qui allait devenir la gamme Defender dévoilée en septembre dernier au Salon de Francfort. La DC100 montrait la version courte et affichait déjà un style inspirant la robustesse, réalisant dans un gabarit ultra-compact la fusion de la modernité et de l’image de marque.
Dans la nouvelle gamme Defender, on retrouve les deux tailles, avec les deux empattement différents (258,7 ou 302,2 cm) qui entretiennent deux personnalités bien tranchées. La version courte (90) inspire les ascensions dans la caillasse tandis que le modèle long (110) évoque les longues balades à travers la savane.
Nous ne parlons pas ici des aptitudes que les Defender doivent à la transmission intégrale permanente et à la boîte de transfert à double gamme. Ainsi que la gamme des motorisations qui comprend deux blocs essence (4 cylindres 2,0 litres 300 ch ou hybride 6 cylindres 3,0 litres 400 ch) et deux diesels (4 cylindres 2,0 litres 200 ou 240 ch).
Malgré l’air de famille habilement entretenu, les lignes de deux Defender sont justes, modernes, dépouillées et ne font aucune référence simpliste au passé. D’ailleurs, les surfaces sont beaucoup plus travaillées que sur les anciennes Land Rover qui assumaient leur destination militaire ou agricole avec des tôles planes, plates et pliées. Mais les volumes des Defender sont restés simples, nets, sans fioritures, sans effet gratuit. Prise d’air minimaliste, phares sobres, bouclier fonctionnel : la face avant est traitée dans une économie de moyen confondante dans le contexte du design contemporain qui superpose les couches de décorum.
Discret clin d’œil au passé, la roue de secours ancré sur le panneau arrière. Du grand art.
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