Pour celles et ceux d'entre vous qui ne connaîtraient pas BSA (il faut pour cela fréquenter les musées de la moto généralistes), voici pour commencer une petite rétrospective permettant de situer la marque et de la remettre dans un contexte. C'est aussi mieux comprendre la nouvelle 650 qui arrive sur le marché.Née en 1861 au Royaume Uni, la marque BSA (Birmingham Small Arms) a commencé par fournir des munitions avant de créer en 1901 la division moto et de sortir la première représentante en 1910. Au sortir de la Première Guerre Mondiale, l’âge d’or de BSA voit le succès des Blue Star, Empire Star et Gold Star, tandis que le second conflit planétaire donne naissance en 1948 à laBantam, vendue alors à plus de 500 000 exemplaires de par le monde et d’asseoir la marque dans l’esprit collectif motard. Pourtant, suite au rachat de Triumph Engineering en 1953 et alors que près d’un tiers des motos circulant sur la Belle Bleue sont des BSA s’amorce un déclin inéluctable menant à la fermeture en 1973. La faute aux modèles japonais, plus innovants et plus performants. Il ne fait jamais bon dormir sur ses lauriers…Aujourd’huiVoici devant nous la petite perle indo-anglaise produite en Inde. La ligne est très proche de celle du modèle original, même si le guidon est nettement plus relevé, l’instrumentation réellement plus basse (même si elle respecte l’inclinaison de son aînée) et si, bien entendu, le freinage est à présent à disque. Un à l’avant et un à l’arrière, pincés chacun par un étrier Brembo, ils sont secondés par un ABS double canal séparant l’avant et l’arrière. Même la forme du réservoir de 12 litres est très proche de l’origine. L’industrialisation est passée par là, qui révèle le pli de soudure là où l’original était parfaitement arrondi. Flatteuse pour l’œil de prime abord, la BSA surprend ensuite par des détails de finition et des choix particuliers. Explications.En se rapprochant, on observe l’immense logo sur le réservoir, lequel ne propose pas l’impact visuel mérité, faute de profondeur et de brillant. De même, le logo de la marque constitué de 3 fusils dressés et croisés, se retrouve sur de nombreux éléments de flancs, mais plutôt que s’être moulés ou gravés, ils sont des autocollants. Est-ce que cela va bien vieillir ?De ce point de vue, une Royal Enfield fait nettement mieux pour ce qui est de cultiver l’art du détail qui compte. De même, l’autre indienne au style rétro propose des commodos typés vintage là où la Gold Star hérite d’éléments modernes, imposants et peu flatteurs. Pour autant, l’instrumentation, encore elle, ne propose que deux minuscules inserts LCD : l’un dans le compteur indiquant le kilométrage total ou l’un des deux partiels, l’autre dans le compte-tours affichant la jauge à essence. On alterne entre les informations et remet le trip à zéro depuis le bouton « i » du commodo droit. Quelques entorses à la tradition ont donc bien été faites, mais sans nuire complètement à l’ambiance générale à bord, délicieusement désuète. Pas de montre, pas d’indicateur de rapport engagé ni d’informations de consommation, la Star apparaît dans son plus simple appareil. Les témoins moteur, huile et clignotants sont quant à eux déportés dans le petit cercle inclus dans l’optique avant.Un optique moderne et fort joli, intégrant un logo BSA. Autre manifestation de l’air du temps, le boîtier dépassant du guidon côté gauche. D’aucun aura reconnu un concentrateur USB, lequel regroupe une prise USB A femelle et une prise USB C. La prise allume cigare vous manque ? Il y en a une ! Située côté gauche, derrière le mollet, elle complète une moto dont on espère que la batterie sera costaude, tout en appréciant le côté déconnecté tellement à contre-pieds qu’il en devient jouissif. Devant les yeux, un cuvelage de phare, un garde boue en tôle peinte ou chromée, maintenu en place par des tiges dévoile pudiquement le pneu. La BSA Gold Star est équipée de Pirelli Phantom Sportcomp au dessin si reconnaissable et se prêtant admirablement bien aux néo classiques.Sous les fesses et devant la jambe droite, un moteur et sa ligne d’échappement. Le monocylindre de 652 cm³ est entièrement peint, hormis les pseudo ailettes de refroidissement. Même le garde pignon de chaîne est en métal massif, tandis que la boîte de vitesses s’extériorise fièrement, elle qui par le passé pouvait être aisément extraite pour passer d’une boîte "racing" à une boîte « civile ». Ce n’est pas le cas de sa "jumelle".Ce moteur, d’origine Rotax mais entièrement retravaillé pour passer Euro5 et répondre aux exigences de Mahindra/BSA, c’est du lourd, mais cela dégage quelque chose de réellement particulier, tout comme la forme douce et prononcée de ses carters. Et cela induit au passage beaucoup de chaleur, s’il est question du collecteur. Gosh. Les amateurs de bande thermique ont trouvé là de quoi s’amuser.Très discrètement intégré dans la partie avant du cadre double berceau, le radiateur de refroidissement dispose d’une petite grille de protection et son look entièrement noir le rend particulièrement discret. Même l’injection est « maquillée » par un cache évoquant les carburateurs, à la manière de ce que l’on retrouve sur les Triumph ou encore Brixton. La béquille latérale a remplacé la centrale, peut être histoire de gagner du poids. Quoi que, la chasse au kilo superflu ne semble pas avoir été la priorité de BSA. Avec 213 kg annoncés, on devine bien que la Gold ne se refuse pas aux physiques menus. Bien rembourrée, de bonne forme, l’assise judicieusement placée à 780 mm de haut est ferme et agréable tandis que la moto se tasse sur son amortisseur arrière dès que l’on s’assied, ramenant le garde-boue arrière au-dessus de la roue dans une courbure parallèle, là où il laissait visuellement trop d’espace auparavant. À propos de vue, justement, les minces tiges des rétroviseurs minimalistes se terminant par des miroirs accrochés sur rotule et particulièrement compacts. Ils n’inspirent pas la solidité ni une vue panoramique dégagée, et dans les faits, ils sont pires encore…Dites donc, n’aurions-nous pas envie de rouler un peu, histoire de dégourdir les bielles et de voir si le côté rétro perdure jusque dans l’agrément moteur ? Un petit coup de démarreur et le pot saucisson en position latérale droite commence à chanter la bande-son "gromono" de n’importe quel trajet effectué au guidon de la BSA. On sourit en pensant qu’il n’y a que deux rivets pour retenir la chicane le muselant, tandis que l’on met le premier coup de gaz après avoir relevé la moto de sur son appui latéral. Elle n’est pas si légère, dites donc, cette Gold Star !