Super-limiteur de vitesse et "boîtes noires" dans les voitures : ça commence aujourd'hui
Nicolas Valeano , mis à jour
A partir d'aujourd'hui 6 juillet, tous les modèles nouvellement lancés doivent être équipés d'un "boîte noire" enregistrant les données relatives à la conduite, ainsi que d'un limiteur de vitesse intelligent. Explications.
Les excès de vitesse appartiendront-ils bientôt au passé? C'est en tout cas le souhait des autorités européennes, qui ont adopté en novembre dernier une réglementation instaurant le montage d’un système d’Adaptation Intelligente de la Vitesse (AIV) - ou ISA pour Intelligent Speed Assistance - qui s'assurera en permanence que le véhicule respecte la limitation de vitesse en vigueur sur la route où il évolue.
Au moindre excès entrera en action un système combiné d’alertes (visuelles et sonores), secondé par un dispositif actif de réduction de la vitesse qui fonctionne « en réduisant la puissance de propulsion et le couple de transmission du véhicule. »
Cette décélération forcée ne sera enclenchée que si le conducteur ignore les alertes, mais il restera toujours possible d'annuler ce processus d'une pression franche sur l'accélérateur, ce qui peut s'imposer pour s'extraire d'une situation délicate.
Pour connaître la limitation en vigueur sur la route où il évolue, le système combinera une caméra lisant les panneaux à un système cartographique qui géolocalisera la voiture.
« Le logiciel s’appuie sur le contenu cartographique et traduit ces données en informations exploitables pour l’AIV », expliquait il y a quelques mois à Caradisiac Vincent Martinier, Directeur marketing de TomTom pour la France.
En complément de ce dispositif, les voitures seront dotées d'une "boîte noire" qui suscite encore bien des interrogations.
EAD/EDR : kesako ?
La définition de la Commission Européenne est la suivante : les EDR (Event Data Recorder) - en français EAD (Enregistreur Automatique de Données, donc) - sont utilisés dans les véhicules pour enregistrer et mémoriser des données (par exemple, la vitesse, la force de freinage, le déploiement des airbags, le statut des systèmes de sécurité) en cas de collision.
Les EDR deviennent obligatoires pour les nouveaux types de voitures particulières et de camionnettes au titre de règles de l’UE révisées (règlement sur la sécurité générale), puis en 2024 pour tout le catalogue de ces constructeurs. Les voitures d’occasion ne sont pas concernées.
Quelle est la logique pour la mise en place de ces EDR ?
Paradoxalement, grâce à l’action des multiples aides à la conduite active comme les systèmes de freinage d’urgence automatisés et de contrôle de trajectoire, il est de plus en plus difficile d’analyser les causes d’un accident a posteriori.
Les traces physiques (sur la chaussée par exemple) étant de moins en moins significatives, il faut alors se tourner vers des traces numériques.
Ainsi, l’EDR est pensé pour analyser de manière fine les éléments internes au véhicule pouvant contribuer à expliquer un accident. Une logique encore plus justifiée par l’automatisation croissante de la conduite. Ces données, transformées en statistiques d’analyse des accidents, contribueront aussi au développement des futurs systèmes d’aides à la conduite et de sécurité active.
Quel est l’objet de cette nouvelle fonction embarquée ?
Pas de panique, les données d’EDR anonymisées seront utilisées pour l’enquête et l’analyse relatives aux accidents, à des fins purement statistiques donc. Aucun enregistrement sonore n’est fait et les données ne concernent que les quelques secondes autour d’un accident. Elles ne sont pas transmises aux compagnies d’assurance et ne servent pas à déterminer les responsabilités en cas d’accident.
Ces données peuvent-elles servir pour déterminer les responsabilités d’un accident ?
Pas au stade actuel. Date, heure et lieu ne sont pas collectés dans le système, pour répondre aux standards européens en matière de protection de la vie privée, ce qui limite les analyses possibles. De même, les propriétaires ne sont pas identifiés, au grand dam d’associations de défense des victimes de la route comme la FEVR, qui considère que ces limitations d’usage ne vont pas dans le sens de la Vision Zéro de la Communauté Européenne, visant à réduire à zéro le nombre de morts sur les routes à l’horizon 2050.
Qui récupère les données ?
Ce sont les autorités nationales qui ont accès aux données anonymes des EDR. Elles leur serviront à mieux comprendre les nouveaux scénarios d’accidents. Rappelons ici que c’est déjà le cas pour les données de consommation des véhicules.
Quel est le coût pour l’acheteur final ?
Il est difficile à évaluer, sachant que les nouveaux tarifs des constructeurs pour cet été, date de l’introduction du système, ne sont pas encore dévoilés. Mais gageons qu’il faudra compter quelques dizaines d’euros, moins de 100 € dans tous les cas pour les modèles où ce surcoût serait répercuté.
Voilà donc un système mis en place dans une démarche purement statistique. Il pourrait cependant impacter les comportements des conducteurs, gardant dans un coin de la tête la crainte d’un contrôle de leur conduite. Cela pourrait-il arriver un jour, une fois que les boîtiers seront installés ? Les évolutions de ce système ne sont pas pour l’instant d’actualité, sous la protection des strictes réglementations européennes protégeant la vie privée. Mais qui sait de quoi demain sera fait ?
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