BMW 528i E39 vs Mercedes E280 W210, les teutonnes de l’âge d’or, dès 2 000 €
Rapides, confortables, luxueuses et dotées de beaux moteurs, ces grandes routières représentent aussi l’apogée de la qualité germanique avant la décrépitude des années 2000. Et devinez quoi ? Elles ne coûtent pas très cher, pour le moment…
Dans les années 90, les financiers n’ont pas encore forcément le dernier mot au sein des directoires des grands constructeurs, même si leur influence grandit. On peut encore jouer les cartes du hi-tech et de la qualité totale, et de ces points de vue, les BMW Série 5 E39 et Mercedes Classe E W210 disposent d’atouts maîtres. Les deux constructeurs se marquent à la culotte (de peau), et présentent presque en même temps ces grandes berlines de nouvelle génération, à la mi-1995.
Elles deviennent les références de leur catégorie et connaissent bien vite des ventes élevées. La concurrence, qu’elle soit française, italienne ou suédoise, ne peut que s’incliner face au degré d’aboutissement des ces modèles, très agréables une fois dotés de moteurs suffisants, ici un 6-en-ligne 2,8 l de 193 ch chez Bmw et Mercedes. Vous voulez un daily chic et confortable, ou une monture pour partir en vacances dans un maximum de confort ? Ces deux-là sont faites pour vous, à condition de bien les acheter.
Les forces en présence
BMW 528i (1995-1998) : berline 4 portes, 6-cylindres en ligne 2,8 l, 193 ch, 1440 kg, 236 km/h, à partir de 3 000 €.
Mercedes-Benz E280 (1995-2002) : berline 4 portes, 6-cylindres en ligne 2,8 l, 193 ch (V6 de 204 ch dès 1997), 1570 kg (1 540 kg), 230 km/h (234 km/h), à partir de 2 000 €.
Présentations : des records d’aérodynamique
Prenant la suite de la très élégante Série 5 E34 en 1995, l’E39 perd en finesse visuelle ce qu’elle gagne en aérodynamique, son Cx chutant à 0.27, une valeur alors jamais vue sur une berline de cette catégorie. La BMW, dessinée par Joji Nagashima sous la férule de Chris Bangle (eh oui !), y parvient tout en conservant le langage esthétique propre à sa marque, de façon à ne pas effaroucher sa clientèle.
Celle-ci sera également rassurée par la présence de 6-en-ligne sous le capot, envoyant leur puissance aux roues arrière, ou aux quatre le cas échéant. Les trains roulants sont plus raffinés que jamais, recourant uniquement à de l’aluminium, tout en adoptant des épures sophistiquées, dont un essieu multibras à l’arrière. BMW au somment de son art, et plus encore dans l’habitacle, où le dessin du tableau de bord se veut plus élégant que jamais et la finition incroyablement soignée.
Au lancement, la Série 5 E39 dispose en haut de gamme d’un 2,8 l de 193 ch, le V8 arrivant plus tard. Le 6-cylindres M52B28 tout en alliage bénéficie de 24 soupapes alliées à une distribution variable Vanos commandée par une chaîne de distribution. Le top à l’époque. Ce beau moteur s’attèle à une boîte 5, manuelle ou automatique, et emmène à 236 km/h la 528i qui, étonnamment, ne pèse que 1 440 kg, soit moins que la 525i E34 ! De série, la dernière-née dispose des quatre vitres électriques, de la clim, du régulateur de vitesse, de l’autoradio K7 ou encore de l’ordinateur de bord.
Tant mieux, car à 259 900 € (59 000 € actuels selon l’Insee), la 528i est chère. Et plus encore en Pack Luxe, qui ajoute notamment le cuir et la régulation auto de la clim. Fin 1996, la Série 5 E39 se décline en break Touring, alors qu’en 1998, le moteur 2,8 l gagne un double Vanos pour mieux répondre aux nouvelles normes Euro II. Fin 2000, la 528i est remplacée par la 530i, dont le 3,0 l M54 développe 218 ch, donc se passe du restylage intervenant à ce moment.
Si BMW a joué la continuité en passant de la Série 5 E34 à l’E39, Mercedes a pris plus de risques en remplaçant sa Classe E W124. Présentée presque en même temps que sa rivale munichoise, la berline étoilée, codée W210, se signale en effet par sa face avant originale, ornée de quatre projecteurs ovales. Une façon de provoquer BMW ? Toujours est-il que ce trait se retrouvera sur d’autres modèles de Stuttgart.
Dessinée adroitement par Steve Mattin (depuis passé chez Volvo puis Lada) sous la férule de Bruno Sacco, cette carrosserie se montre d’un aérodynamisme remarquable, le Cx tombant à 0.27… Comme sur la Série 5 ! La Mercedes bénéficie aussi d’un haut niveau technologique. En effet, elle se signale par une plate-forme inédite, reposant, comme celle de sa devancière, sur des trains roulants sérieux : double triangulation avant, essieu multibras arrière.
La W210 a même droit à une direction à crémaillère, une première sur une berline Mercedes ! Autres premières, les ceintures de sécurité à limiteurs d’efforts (série), le capteur de pluie et le radar de stationnement (options).
Dans la large palette de moteurs proposée au lancement, le 6-cylindres en ligne 2,8 l de 193 ch de l'E 280 se calque précisément sur le bloc de la 528i. Comme lui, ce moteur, codé M104, s’équipe de deux arbres à cames en tête (celui côté admission s’agrémente d’un déphaseur) actionnant 24 soupapes.
Seulement, ce groupe à bloc fonte est lourd, et à 1 570 kg, la Mercedes est plus pesante que sa rivale. Ceci se traduit par des chronos en léger retrait, la vitesse maxi se cantonnant à 230 km/h. Si Mercedes annonce que la W210 est moins chère à fabriquer que la W124 sortante, cela ne se retrouve pas sur le prix de vente.
En finition de base Elégance, l'E 280 coûte en effet la bagatelle de 292 000 F (soit 65 000 € actuels selon l’Insee). Et si elle bénéficie de 4 vitres électriques, de parements en bois, de 4 airbags, de jantes en alliage, de l’ABS, voire du contrôle de traction, elle se passe de clim et de radio ! L’Avantgarde, revient à 300 900 F, soit 66 900 € actuels, mais profite de la clim voire de trains roulants surbaissés. Et en option, tout est disponible, des sièges électriques au GPS en passant par le cuir. Au prix fort, bien sûr...
L'E 280 évolue fin 1997 en changeant de moteur. Désormais, elle accueille un V6 tout alliage comptant 18 soupapes (et un double allumage), le M112 de 204 ch, l’autorisant à ramener sa masse à 1 540 kg, au bénéfice des performances (234 km/h au maxi). Chose alors rare pour un V6, il est ouvert à 90° : modulaire, ce moteur peut en effet compter jusqu'à 8 cylindres. Toujours est-il qu’avec le M112, la 280 reçoit également une nouvelle boîte 5 automatique à gestion électronique affinée et peut s’accommoder d’une transmission intégrale 4matic.
En 1999, la W210 subit un restylage important, toute la face avant s’abaissant de 2 cm, alors que nouveaux boucliers s’installent. Le V6 ne change pour ainsi dire pas, mais l’équipement s’enrichit, permettant à la Classe E de faire bonne figure jusqu’à l’arrivée de sa remplaçante, la W211 de sinistre mémoire, en 2002.
Fiabilité/entretien : BMW au top, Mercedes en baisse
La Série 5 E39 représente une apogée en matière de qualité de fabrication. Elle vieillit fort bien, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur, pour peu qu’on en ait pris un minimum soin. Mécaniquement, les ennuis se concentrent sur les diesels, le 2,8 l essence étant très solide. A surveiller tout de même, le Vanos, la pompe à eau et le calorstat.
Côté boîte auto, BMW annonce une lubrification à vie : mieux vaut la vidanger avant 100 000 km, sous peine d’ennuis passé les 150 000 km. Dans l’habitacle, des pépins électriques peuvent survenir, tout comme des pannes d’accessoires : normal vu l’âge de la voiture. Tout comme la corrosion qui, sur le tard, peut attaquer insidieusement (bas de caisse, points de levage, tourelles d’amortisseurs avant), surtout sur les autos venant de zones régulièrement salées.
Chez Mercedes, le bilan est moins reluisant. La marque avait commencé à réduire sa qualité de fabrication avant le lancement de la W210 et cela se sent : nombre d’exemplaires de cette Classe E ont connu des soucis de corrosion prématurée sur les portières, incitant Mercedes à les reprendre… pour des questions d’image. Cela demeure un point important à vérifier avant achat : passages de roue, portières, planchers, supports d’amortisseurs avant… Les projecteurs ont, de plus, eu tendance à noircir prématurément sur les premiers millésimes.
Côté moteur, le M104 se révèle très solide, seul le joint de culasse pouvant faiblir passé 200 000 km, souvent à cause d’une surchauffe suivant une panne du viscocoupleur de ventilateur. Le M112 semble encore plus solide, là encore avec une bonne maintenance. Côté boîte, comme chez BMW, n’écoutez pas le constructeur, vidangez-les avant 100 000 km et tout ira bien. Dans l’habitacle, on relève un très bon vieillissement, malgré des pannes électriques et des bugs, surtout après 2000.
Avantage : BMW. Mieux fabriquée que sa rivale, la 528i n’accuse son âge que plus tard tout en profitant d’une longévité mécanique remarquable, tout comme la E280.
Vie à bord : chic hélice vs austère étoile
Superbe planche de bord que celle de la 528i ! Elégante, remarquablement fabriquée, bien agencée, elle a tout pour elle. Le reste de l’habitacle n’est pas mal non plus, surtout celui des Pack Luxe ! On apprécie la qualité des matériaux, les panneaux de porte matelassés, le confort des sièges. Sans oublier les nombreux rangements. Cela dit, l’habitabilité arrière n’a rien d’exceptionnel, non plus que le volume du coffre.
Dans la Mercedes, l’ambiance est plus austère, avec cette planche de bord rectiligne. Cela dit, l’assemblage se révèle très rigoureux et les matériaux de belle qualité, le tout composant un habitacle très classe. Et un peu plus généreux pour les jambes des passagers arrière que celui de la BMW, alors que le coffre s’avère plus spacieux. Cela dit, les sièges n’offrent pas tout à fait le même confort et l’équipement de base se révèle moins fourni.
Avantage : Egalité. Mieux présentée et plus souple pour les fessiers des passagers, la 528i doit toutefois s’incliner en matière d’habitabilité et de coffre face à l'E 280.
Sur la route : dynamisme... à Stuttgart !
A bord de la BMW, on trouve rapidement une position de conduite parfaite. Le moteur ? Un régal. Très souple, il se montre d’une onctuosité sans pareille et chante merveilleusement à haut régime. De plus, il gratifie de performances amplement suffisantes. La boîte manuelle lui va fort bien, malgré une pédale d’embrayage déplaisante, mais l’automatique aussi !
Côté comportement, on note une direction manquant de précision en ligne de droite, mais hormis cela, c’est du haut niveau. Précision appréciable, bel équilibre général, appétence étonnante pour la conduite sportive, malgré un peu d’inertie, sauf si on a les ressorts Sport. Mieux, la suspension gratifie d’un confort de haut niveau. En somme, une superbe voyageuse, très rassurante surtout quand elle dispose de l’ESP.
Pour sa part, la Mercedes ne choie pas autant son conducteur, la position de conduite demeurant un peu haute. Mais, hormis l’ineffable commodo unique, l’ergonomie se révèle encore plus claire que celle de la BMW. Le moteur V6 n’a pas l’onctuosité de son homologue bavarois, ni même une musicalité comparable, mais il offre des performances au moins aussi élevées. Côté boîte, si la manuelle est lente, l’automatique vaut largement celle de la BMW.
Il en va de même pour le comportement routier, grâce à un train avant un peu plus incisif que celui de la 528i, et une appétence similaire pour la conduite sportive. Plutôt inattendu ! En revanche, la voiture est plus sensible au vent latéral et la suspension filtre légèrement moins les inégalités. Heureusement, l’insonorisation apparaît aussi poussée que celle de la BMW, et certains exemplaires bénéficient de l’ESP : rassurant.
Avantage : BMW. Grâce à son agrément moteur et son confort global, la 528i devance l’E280, mais de très peu.
Budget : les courbes se croisent
En bon état, avec un contrôle valide et sans aucun frais immédiat à prévoir, la BMW 528i se débusque dès 3 000 €, si on n’a pas peur d’un kilométrage dépassant largement la barre des 300 000. A 4 000 €, on trouve une bonne auto aux alentours de 200 000 km, mais ensuite, vu la rareté grandissante, les prix grimpent nettement. N’espérez pas un bel exemplaire de 150 000 km à moins de 7 500 €, alors qu’on comptera 10 000 € minimum sous les 100 000 km. Les versions manuelles cotent un peu plus, de 500 € à 1 000 €. La consommation tourne autour de 10 l/100 km en mixte.
A kilométrage équivalent, la Mercedes est moins chère que la BMW, parfois de beaucoup.
A 2 000 €, elle se déniche avec 300 000 km environ, contre 3 000 € aux alentours de 200 000 km alors qu’on a vu un bel exemplaire de moins de 150 000 km à 4 500 €. Les autos n’atteignent qu’exceptionnellement les 10 000 €, en affichant un kilométrage inférieur à 100 000. La consommation équivaut à celle de la BMW. Dans les deux cas, n'hésitez pas à dépenser plus pour des exemplaires vraiment impeccables, au suivi complet.
Avantage : Mercedes. Nettement moins chère et pas plus gourmande, l’E280 prend ici sa revanche.
Verdict : une BMW diablement séduisante
Merveilleusement agréable à conduire, la BMW 528i fait valoir son excellent moteur, qui a le bon goût d’être increvable. Elle renforce sa victoire sur la Mercedes par sa qualité de fabrication supérieure, son comportement routier plus homogène, sa sellerie plus prévenante et son équipement souvent plus riche.
Cela dit, la Mercedes offre davantage d’espace, tant pour les passagers que leurs bagages, un comportement parfois plus vif et coûte nettement moins cher. Seulement, ses soucis de corrosion sont à prendre au sérieux : dommage car la mécanique ne trébuche pas.
Thème | Avantage |
Fiabilité/entretien | BMW |
Vie à bord | Egalité |
Sur la route | BMW |
Budget | Mercedes |
Verdict | BMW |
Pour trouver des annonces, rendez-vous sur le site de La Centrale : BMW Série 5 et Mercedes Classe E.
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