Au fait, pourquoi dit-on « break » ?
S’ils ont été largement phagocytés par les SUV, les breaks font de la résistance, car ils présentent bien des avantages. Mais d’où viennent-ils ? Qui sont-ils ?
Même s’ils souffrent sous les coups de boutoirs des SUV, les breaks résistent. Par exemple, la toute dernière Volkswagen Passat n’existe qu’en break. Mais d’où vient celle appellation ? Comme bien d’autres, comme berline, phaéton ou cabriolet, elle est issue du monde hippomobile. En anglais, dans le registre équestre, « to break » signifie « dresser », aussi initialement, un break était-il un véhicule destiné au dressage des chevaux. Par la suite, l’usage de ce véhicule s’est élargi, servant au transports de biens et de personnes, voire aux promenades champêtres, et on y accédait par l’arrière.
C’est certainement à cette époque qu’il a adopté une connotation rurale. Naturellement, au tournant du 20e siècle, on a troqué les chevaux contre le moteur à vapeur pour animer les breaks, qui demeurent encore bien loin de leur concept actuel. Celui-ci se précise dans les années 30, surtout aux Etats-Unis et au Royaume-Uni, où ils sont dénommés « station-wagon » et « estate ». Dans le premier cas, cela provient des mots wagon, désignant initialement une charette, et station, pour gare. Ces engins servaient à aller chercher des passagers à la descente du train. Dans le second, cela fait référence aux propriétaires de grands domaines (estate) qui se servaient de ce type d’auto pour les parcourir.
C’est Ford qui introduit l’appellation Station Wagon en 1923, sur un modèle qui se signale par une partie arrière en bois. Pourquoi ? Parce que transformer une auto de grande série comme la Ford T en Station Wagon, destiné à une production relativement limitée, était effectué par des carrossiers sous-traitants et revenait moins cher en utilisant le bois.
En 1929, la Ford A Station Wagon (fabriquée entièrement en interne) comporte 4 portes, un arrière ouvrant, et est entièrement fermée : la formule n’a guère évolué depuis. Elle sera largement copiée et engendrera les Woodies, ces breaks parfois très élégants et luxueux qui connaîtront un certain succès à partir des années 30 aux USA.
En France, dès 1948, Renault propose sa Juva 4 Commerciale en 4 places, avec une carrosserie tôlée mais deux portes latérales seulement : la Dauphinoise. Peugeot lance en 1949 la 202 Canadienne, recourant largement en bois, mais dotée, elle, de quatre portes. En 1950, la Peugeot 203 Commerciale peut être considérée comme le premier break moderne, avec sa carrosserie métallique, ses quatre portes latérales et son grand volume de chargement. Toutefois, et curieusement, c’est Citroën qui va utiliser commercialement le terme break en premier avec son ID Break à la toute fin 1958.
Peugeot lui emboîte le pas en 1963 avec sa 404 Break Super Luxe, suivie en 1965 de la 204 Break. D’une manière générale, les constructeurs rechignent souvent à appeler un chat un chat, donc à appeler leurs breaks break. Citroën aura recours à la dénomination Evasion sur la BX, Renault utilisera Nevada sur la R21 et Peugeot SW (pour station-wagon), sur les 406 et 206, notamment.
On l’a vu plus haut, le terme break revêt une connotation utilitaire mais aussi presque spécifiquement française : pour les marchés internationaux, mieux vaut une autre dénomination. D’ailleurs, plus aucune voiture anglaise ne s’appelle Estate (paradoxalement, ce terme a été ravivé par Renault !), ni aucune allemande Combi, ou Kombi (pour Kombinationskraftwagen, le break outre-Rhin). Mais, même s'ils se parent d'autres noms, les breaks conservent un intérêt certain de part leur fort volume utile et leur bon profilage, qui leur permet souvent d'abaisser leur consommation face à celle d'un SUV.
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