Le conflit entre les taxis et les VTC (voitures de tourisme avec chauffeur) bat son plein. Nés en 2009, sous le gouvernement Sarkozy, les VTC avaient pour but d’élargir l’offre de transport autour dans les régions touristiques. Encadrés par le ministère du Tourisme, ces chauffeurs privés n’ont pas le droit de prendre des clients dans la rue (maraude) et doivent impérativement faire l’objet d’une réservation. Par ailleurs, ils ne peuvent pas, contrairement aux taxis, emprunter les voies de bus. Pour les taxis, ces contraintes ne pèsent pas bien lourd comparé aux avantages dont disposent les VTC, comme la souplesse tarifaire, des charges moins lourdes ou l’exonération de très coûteuses licences. « Les VTC payent une licence de 120 € par an. Il y a distorsion de concurrence avec les taxis qui doivent payer leur licence 230 000 €. Il y a un problème, qu’on m’a légué, que le précédent gouvernement n’avait pas voulu régler », expliquait récemment le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, sur les ondes d’Europe 1. La licence de taxi, délivrée initialement gratuitement par le maire ou le préfet et soumise à autorisation peut être cédée (après quinze ans d'exploitation ramenés à cinq ans si l'AdS a déjà été cédée précédemment) à titre onéreux. C’est ici que le bât blesse, car ces licences limitées en nombre sont un investissement pour les taxis, qui après plusieurs années d’exercice peuvent la revendre. A titre d’exemple, en 2013, une licence coûte 240 000 € à Paris et 65 000/70 000 euros à Saint-Etienne (42).

Les immatriculations de VTC, aujourd’hui gelées suite aux mouvements de grève, ont explosé avec l’apparition des applications smartphones qui permettent de réserver instantanément un véhicule en fonction de votre géolocalisation. Fin 2013, on dénombrait près de 300 entreprises et près de 10 000 VTC. Ce succès, les VTC le doivent à leurs prix fixes et indépendants du trafic, mais aussi à leurs excellentes prestations. « Un client qui a goûté aux VTC, c'est un client adopté », expliquait même récemment l’un de nos internautes. Les taxis ont très vite perçu le danger, réclamant plusieurs gestes de la part du gouvernement. Ainsi, l’Etat réserva exclusivement le transport des malades à ces derniers et imposa un délai de 15 minutes aux VTC entre la réservation et la prise en charge des clients. Un délai qui vient d’être annulé par le Conseil d’Etat et qui est à l’origine des mouvements de ces derniers jours. Un médiateur, Thomas Thévenoud (député PS de Saône-et-Loire), nommé par le ministre de l’intérieur, a deux mois pour trouver un moyen de réconcilier les deux camps. Hors de ce sac de nœuds politico-juridique, où est l’avantage pour le client ? Nous avons voulu tester les deux services simultanément depuis notre rédaction parisienne à destination de l’aéroport Charles de Gaulle, situé à 30 km.

 

NOTRE TEST : Paris-Roissy en fin de matinée en semaine

La majorité des entreprises de VTC fonctionne de la même façon : il faut avant tout se créer un compte via le site internet et enregistrer ses coordonnées bancaires, puis on réserve sa course via le même site, en utilisant une application smartphone dédiée ou par téléphone. Après avoir renseigné le point de départ et la destination de la course, le tarif vous est communiqué et, une fois validé, sera débité de votre compte après la course.


Le test en VTC

11h00 : commande du VTC par la plate-forme Internet LeCab. Il est impératif de laisser ses coordonnées bancaires pour le débit de la transaction. Aucun mouvement d’argent n’est autorisé avec le chauffeur. La course est fixée à 48 € à destination de Roissy, depuis la gare Saint-Lazare. 11h06 : arrivée du VTC à notre adresse. Le véhicule est une Peugeot 508 berline. Le chauffeur est courtois et l’habitacle très propre. Un iPAd avec des jeux et des films est à notre disposition.

11h20 : le VTC est pris dans un petit bouchon mais ne peut pas emprunter les voies de bus pour aller plus vite.11H44 : arrivée du VTC à l’aéroport. La facture sera envoyée à l’adresse mail laissée préalablement.

 

Le test en taxi

11h : commande du taxi auprès de la compagnie G7 (la plus connue à Paris) par téléphone11h10 : arrivée du taxi à notre adresse. La voiture est un Ford S-Max. Le chauffeur est courtois et l’état de propreté n’a rien à envier à celui du VTC. Le compteur affiche 5,90 €.

11h15 : le taxi remonte les voies de bus et évite plusieurs petits bouchons.

11h34 : arrivée du Taxi à l’aéroport Roissy Charles de Gaulle. La course nous est facturée 45,60 €.

 

Bilan : prestations identiques, mais taxi plus rapide et moins cher

Le taxi remporte notre test pour sa rapidité (24 minutes contres 38) et son prix plus compétitif (45,60 euros contre 48). Toutefois, cette expérience réalisée dans des conditions de circulation particulièrement favorables n'a pas valeur de moyenne.

Dépendant du trafic, le VTC s’avère très bon marché aux heures de pointe, puisque dans la plupart des cas le prix est fixé à l’avance et ne dépend pas (dans la plupart des VTC) d’un compteur. Le client est un poil plus chouchouté qu'à bord d'un taxi classique puisque ces sociétés mettent à disposition du client de la lecture ou un IPad.

En revanche, lorsque le trafic est fluide, le taxi s’avère bien plus rentable pour l’usager. Autorisé à emprunter les voies de bus, le taxi peut se rendre très rapidement à destination pour des tarifs relativement corrects. Mais plusieurs mauvaises expériences comme la « balade spéciale touristes » (compteur qui explose) ou des courses refusées car pas assez rentables desservent cette profession.

Selon la société sollicitée, le VTC peut s’avérer très cher. Attention, les tarifs peuvent varier du simple au double car ce sont des prix libres, généralement fixés en fonction de zones prédéfinies ou en fonction de la distance parcourue. Certaines sociétés fonctionnent même au compteur. Soyez donc vigilants car parfois le prix de la course au kilomètre est plus cher qu'un taxi traditionnel. N'hésitez pas à comparer sur Internet les grandes enseignes avant d'arrêter votre choix.


VTC : comment ça marche ?

Les VTC, pour Voitures de Tourisme avec Chauffeur, sont des entreprises qui proposent des services de transport à des tarifs concurrentiels. A la différence d’un taxi, vous ne pouvez pas prendre une VTC au vol, car la réservation est obligatoire. Celle-ci se fait via votre smartphone ou plus généralement sur Internet. L'exploitation des voitures de tourisme avec chauffeur relève de la libre concurrence. Les entreprises définissent donc librement leurs prestations et leurs prix dans le cadre du contrat de réservation avec le client. Les voitures utilisées pour la service de VTC ont obligation d'offrir entre 4 et 9 places, d'être en circulation depuis moins de 6 ans, d'avoir un minimum de 4 portes et d'avoir une vignette autocollante comportant le numéro d'immatriculation de l'entreprise apposée en bas à gauche dans l'angle du pare brise et enfin d'avoir un sigle "GR" apposé sur sa plaque d'immatriculation. Un chauffeur de VTC doit être en possession d'une carte professionnelle délivrée par la préfecture de son département de résidence ou par le Préfet de Police. A l'heure actuelle, Atout France, l'agence de développement touristique de la France, recense près de 6200 exploitants de voiture de tourisme avec chauffeur en France. Plus de la moitié (54%) sont inscrits en Ile de France (Départements 75-77-78-91-92-93-94-95).














Les principaux VTC