Cette relative longue introduction pour vous annoncer que la mutation annoncée en début d’année est toujours en cours mais pourrait bientôt s’achever. Bientôt, dans la rubrique « dérapage nocturne », pour pourrez retrouver régulièrement une revue ouverte à des créateurs, des chercheurs. Peut-être s’intitulera-t-elle Périscope. Il y sera encore et toujours question d’automobile. Mais certainement pas que.


Et pour introduire la fin de cette mutation, je vous propose ce soir, ce texte, intitulé Money Think Tank.


Abra…


Me voici, en ce 9 février 2012, sur les hauteurs de Longues, à quelques encablures de Vic-le-Comte, là-même où est située la papeterie de la Banque de France. D'ici je peux enfin apercevoir les contours de cet ensemble dont le complément indispensable se trouve à quelques dizaines de kilomètres, dans la banlieue de Clermont-Ferrand, à Chamalières. Là-bas, l'imprimerie de la Banque de France doit notamment produire cette année 1,25 milliard de coupures du nouveau billet de cinq euros, lesquelles iront se répandre, au moins, dans l'ensemble des pays utilisant la monnaie européenne.


Il est 15h30 en cet après-midi du mois de février 2012 et je me demande quels secrets de fabrication cette papeterie peut bien abriter. Car de secret de l'argent il n'y a pas; et ce temple, ici-bas, est vide. L'argent est pur lien social.


Ce matin j'ai assisté à Clermont-Ferrand à l'intervention d'un représentant du service patrimonial de la Banque de France, même pas venu exprès de Paris, à propos des représentations sur les billets de France en circulation entre les années 50 et 80. L’homme a rapporté à cette occasion une anecdote croustillante. Il a raconté que la fille de Picasso lui a permis de reproduire l'image du recto d'un billet sur lequel Picasso aurait dessiné sa première Colombe de la paix. Mais il lui fut impossible d'obtenir le droit de reproduire le verso d'un billet qu'il aurait bien aimé posséder, sans doute pour le retirer définitivement de la circulation des pièces et billets usagers et le faire entrer dans le patrimoine de la Banque de France. Pourquoi? Simplement parce que, paraît-il, Picasso commettait d'innombrables fautes d'orthographe et qu'il ne fallait pas que cela se sache, encore moins que cela s'expose selon cette dame qui a sans doute accepté que la marque de voitures Citroën, qui appartient au groupe PSA Peugeot Citroën, lui verse des royalties sur chaque Citroën C3 Picasso ou C4 Picasso produite plutôt que vendue, à condition sans doute aussi que le patronyme de sa famille soit correctement orthographié sur chacun des exemplaires produit. Une Citroën C3 Picassot ou une Citroën C4 Picassot aurait beaucoup moins de valeur, sauf auprès de quelque aficionado de la marque aux Chevrons.


Moi, ce qui m'intéresse, dans cette anecdote, ce n'est pas tant d'avoir appris que Picasso faisait des fautes d'orthographes que de spéculer sur l'être-de-banquier de Picasso. Car pourquoi Picasso aurait-il dessiné cette colombe, première, sur un billet, qui plus est à la valeur faciale particulièrement élevée? S'agissait-il de signifier que la paix était ou est au-dessus des querelles d'argent et des valeurs économiques? Ou bien Picasso s'est-il fait prendre à son propre jeu, se transformant en cette occasion en un banquier ultra-libéral en puissance?