J’ai une automobile. Je n’y connais pas grand-chose en automobile.
Je ne sais pas réparer une voiture. Ni même identifier d’où vient une panne.
Je reconnais difficilement les modèles. J’ignore tout à fait — ou j’oublie à chaque fois — ce que mes amis ont comme voiture. La seule voiture que je reconnaisse c’est la mienne (et souvent avec difficulté). En plus j’oublie souvent où je me gare.
Je ne regarde pas les courses automobiles. Je trouve ça assez monotone.
Je déteste conduire en ville. Une voiture en ville c’est trop lent. Les feux rouge quelle plaie.
Le comble de l’absurdité : ne pas pouvoir se garer. Tourner comme un crétin sans pouvoir poser sa voiture. Perdre un temps fou à rouler à l’affût d’une place. Dans ces cas-là je déteste les voitures. Je me dis : dommage que les vélos n’aient pas de coffre.
J’aime beaucoup les autoroutes. Enfin : j’aime beaucoup conduire sur autoroute. J’aimerais beaucoup les autoroutes tout court s’il n’y avait pas les péages. Il faut nationaliser les autoroutes !
J’aime beaucoup conduire sur autoroute, ou même sur une 4 voies sans trop de trafic, parce que j’aime conduire sans réfléchir. Ou plutôt : j’aime conduire tout en pouvant réfléchir. A autre chose qu’à la conduite.
C’est-à-dire à l’envers : je n’aime pas conduire avec des voitures en face. Des voitures en face qui à tout moment peuvent vous percuter. Et encore pire : les voitures en face et de nuit : avec leurs phares dans la gueule.
Une voiture c’est bien pour voyager. L’intérêt numéro 1 d’une voiture pour moi : m’aider à traverser la France pour aller en Italie. Puis (et surtout) : me permettre de sillonner l’Italie. La route se déplie, je traverse des paysages, il y a du soleil, je suis sur la route. C’est bon. Une voiture c’est fait pour voyager.
J’ai eu une voiture que j’aimais beaucoup : une Honda Civic break. Je lui avais donné un nom : Enterprise. Très lumineuse avec plein de fenêtres. Assez grande pour dormir dedans. Sillonner l’Italie avec son amoureuse sa voiture l’été le jour. Et dormir baiser dans sa voiture l’été en Italie la nuit : voilà mon meilleur souvenir de voiture. En plus à l’époque je n’avais pas le permis, c’était mon amoureuse qui conduisait. J'ai longtemps fait le co-pilote, j'aime beaucoup les cartes.
Quand j'étais petit j'aimais beaucoup les Corvette Chevrolet orange (ou à la rigueur vermillon). Mais finalement je me suis acheté une Clio bordeaux à 500 euros.
Mon père avait une Opel Manta verte. Elle était belle. Il l’a remplacée quelques années plus tard par une nouvelle Opel Manta verte. Elle était belle aussi. Spacieuse.
A la retraite mon père s’est fait plaisir et a racheté la 205 GTI de mon frère. Elle démarrait sur les chapeaux de roue. Ma mère se plaignait souvent d’avoir mal au cœur. Mon père avait une conduite assez brusque, il était toujours à fond. Mon frère aussi. Et dans sa voiture il écoute toujours du métal très fort. J'aime bien : ça donne l'impression d'être poursuivi par des méchants et ça fait rouler encore plus vite.
A la fin de sa vie mon père a eu un cancer des os. Il est parti très rapidement. Quinze jours avant sa mort — alors qu’il était en fauteuil roulant — il conduisait encore sa 205. Je crois que ce fut son dernier plaisir. Le dernier endroit où il ne se sentait pas diminué.
Je pense souvent à la mort en roulant.
Rouler c’est dire merde à la mort. Voilà ce que devait se dire mon père.
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