« Vous verrez, il y aura des concessions… » Frédéric Banzet, patron de Citroën, semble bien embarrassé. Avec la révélation de ce show-car Cactus, Citroën est gêné depuis le début : alors que tout le monde parle de la voiture de série, l’imminente « C4 Cactus » (son nom officiel est confirmé) présentée au salon de Genève en mars 2014 et commercialisée en juin, la marque lutte pour parler du concept-car révélé au prochain salon de Francfort. « 80 % fidèle » à la voiture de production, dixit Alexandre Malval, patron du design de la ligne C. Des concessions, oui mais lesquelles ? Difficile d’y voir clair, car en apparence, ce nouveau concept de « cross-berline » ne met personne au régime : l’auto est voulue sûre, bien finie, personnalisable, conviviale, climatisée, frugale, hyper-connectée, guidée par satellites. Et jolie, en plus. Tout ce qu’on attend d’une voiture, comme le clamait la pub de l’ancienne Clio. La voiture essentielle ne serait donc pas si essentielle ? Le concept car C-Cactus, chantre du « dépouillé-branché » en 2007, en imposait apparemment trop : le côté baignoire sur roues n’a pas convaincu. « La C-Cactus était extrême » reprend Malval. « On l’a testée auprès de consommateurs, on a vu qu’ils avaient un intérêt pour les voitures épurées. Mais ils n’étaient pas prêts à abandonner tout ce qu’on avait abandonné dans la C-Cactus. La planche de bord, c’est quand même un dû, c’est quelque chose qui les rassure, qui semble les protéger lorsqu’ils sont à l’intérieur du véhicule. On ne pouvait pas renoncer à ça. »
A son lancement, la C4 Cactus aura droit à deux moteurs thermiques classiques, avant l’HybridAir en 2016
Citroën ne s’en cache pas : si la C-Cactus a beaucoup plu par son style de « petit bulldog », les clients, une fois mis au pied du mur, n’étaient pas prêts à investir dans du vide. Du vide non, mais de l’air, oui. La Cactus « tout court » n’en manque pas : déjà par l’HybridAir, technologie qu’elle revendique officiellement, mais qui n’arrivera pas en série avant 2016 : à son lancement, la C4 Cactus aura droit à deux moteurs thermiques classiques au choix. Ensuite par ses « Airbump, cette barrière de protection en matériau cicatrisant, constellée de pastilles absorbantes, à la fois sur les flancs de la voiture, mais aussi sur les boucliers avant et arrière. Inspirées de l’univers du sportswear, ces protections constituent aussi une référence historique à la tôle ondulée du Type H, ou au plastique renforcé de la Méhari. C’est inédit : un constructeur se soucie enfin de la protection de ses carrosseries alors que, depuis 30 ans, la mode est au bouclier peint intégral, au prêt-à-rayer à peine sorti de la concession. Les urbains apprécieront, surtout en France, où l’on prend peu de précautions au moment de se garer. En Allemagne, où les automobilistes sont susceptibles d’être plus soigneux, c’est à voir…
La Cactus de série affichera donc le même regard à deux étages
que le dernier C4 Picasso
Malval explique : « en repositionnant la ligne C par rapport à DS, on a voulu proposer des produits qui avaient une vraie authenticité dans l’usage. C-Cactus était un laboratoire. La Cactus est une vraie voiture avec de vraies prestations, 5 places et un coffre. (…) On ne voulait pas faire une voiture gadget, mais un véhicule sérieux. » Effectivement, la « bouille » si caractéristique de la C-Cactus de 2007 a disparu au profit d’un look plus « corporate » : la Cactus de série affichera donc le même regard à deux étages que le dernier C4 Picasso : une barre de LEDs qui signe l’expression, et des projecteurs de croisement/route dont le style s’efface à l’intérieur des Airbump. La Cactus se veut douce, solide, sans artifice : rien de gratuit, tout est calculé. Le gabarit (4,21 m pour 1,75 m de large) rattache l’auto au segment des berlines compactes, qu’elle va aborder, question tarifs, par le bas (sous les 15 000 €, plus de précisions dans l’épisode 3 de notre dossier), et avec un habitacle… assez révolutionnaire.
La Cactus, avec son tissu chiné et son cuir « camel », joue plus la simplicité et le raffinement épuré que le dépouillement strict
Sur le concept Cactus, il n’y a ni pied milieu, ni lunette arrière, ni vitres. Des choix provisoires, édictés par le besoin de mettre en avant, à l’occasion du salon de Francfort, les vrais changements : une planche de bord très « light », et le grand retour de la banquette à l’avant. Un bon gros « clic-clac » bien douillet, sans l’immonde housse fleurie de la grand-tante qui roule en Visa. La Cactus, avec son tissu chiné et son cuir « camel », joue plus la simplicité et le raffinement épuré que le dépouillement strict : de ce point de vue, c’est une vraie différence de philosophie avec la rustique Dacia, contre qui Citroën va batailler : les Sandero et Duster font partie de la concurrence, même si la marque fuit l’expression « low cost » comme le diable.
Toutes les commandes, que ce soit celles du système audio (sans lecteur CD), du GPS, de l’air conditionné, sont centralisées dans cet écran tactile de 8 pouces et ses boutons de raccourci. En soi, ce n’est plus une nouveauté : ce système équipe déjà les C4 Picasso et nouvelle Peugeot 308. L’instrumentation, assemblage traditionnellement compliqué de voyants, jauges, compteurs et afficheurs, est remplacé par un écran couleur, dont les informations sont judicieusement hiérarchisées. A droite, c’est le grand ménage : l’airbag passager déménage dans le pavillon (si, si !), laissant place, grâce à une traverse coudée spécifique, à une grande boîte à gants supérieure.
Le bas de la planche de bord, très évasé, en retrait, lui donne un style aérien. Pas de console centrale : les aérateurs sont comme suspendus dans le vide, au-dessus de la platine de commandes de la boîte robotisée, constituée de trois boutons et surplombée d’un petit rangement. A bord, l’impression dégagée est très reposante, confortable, mais la hauteur n’est pas faramineuse : avec 1,53 m, la Cactus est aussi haute qu’une DS3, mais son « épaisseur de caisse » est restreinte d’une dizaine de centimètres. En cela, la Cactus est à contre-courant d’une tendance amorcée dans les années 80, avec l’émergence des monospaces : plus de volume intérieur signifie moins d’aérodynamisme et plus de poids.
Un grand toit vitré, doté d’un traitement thermique poussé,
vient apporter de la lumière
Les designers ont ainsi joué sur la hauteur et l’économie de matériaux comme levier principal pour alléger la voiture. Pour compenser, un grand toit vitré, doté d’un traitement thermique poussé, vient apporter de la lumière. Une fois installé à l’arrière, l’ambiance à bord a un petit goût d’enfance, avec l’imposante banquette qui fait barrage avec les passagers avant. Celle-ci se retrouvera sur le véhicule de série lancé à l’été 2014, qui n’est plus très loin : Citroën le révélera au mois de février. Finalisé pendant l’été, ce show-car riche de promesses a donc bénéficié de toutes les attentions pendant l’été pour distiller… le juste nécessaire. Rendez-vous, très vite, dans Caradisiac pour découvrir les coulisses de sa fabrication dans l’atelier d’un maquettiste des Yvelines, et les intentions de son designer, Frédéric Duvernier, qui a déjà signé pour Citroën le C3 Picasso.
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