Voilà près de quarante ans, depuis l'arrêt de la première génération en fait, qu'on ne trouvait plus de Mustang dans les concessions Ford. Il fallait alors se débrouiller seul pour en faire venir une des États-Unis ou passer par un importateur. Pourtant, la Mustang originale avait marqué la culture française, avec des apparitions très remarquées au cinéma, du très populaire Gendarme de Saint-Tropez de Jean Girault en 1964 au plus élitiste Un homme et une femme de Claude Lelouch en 1966, et dans la musique, avec notamment Ford Mustang sur l'album Initials BB de Serge Gainsbourg, en 1968. Malgré une si longue absence, elle reste sans aucun doute aujourd'hui la plus connue des voitures américaines en France.
Et bien célèbre dans la liesse, cher peuple hexagonal, car la sixième génération marquera le retour de la Ford Mustang dans nos contrées et c'est spécifiquement dans l'objectif de devenir une voiture mondiale que le constructeur américain l'a développé et lui a apporté des modifications en rupture avec ces aînées. Mais pas forcément celles qui frappent en premier.
Esthétiquement, elle continue sans surprise sur la lancée initiée par la génération 5 produite à partir de 2004 dans le plus pur style néo-rétro directement inspirée de la première du nom. Depuis, millésime après millésime, Ford s'est appliqué à insuffler dans la douceur l'ADN de ses modèles courants pour la faire rentrer dans le rang de la gamme. La silhouette et l'arrière, et particulièrement les feux à LED, continuent d'évoquer indubitablement la Mustang malgré l'abandon du logo rond entre ses derniers, vestige de la trappe à essence, et c'est sans doute l'avant, par les nouveaux phares, qui en font une véritable Ford actuelle dans la mouvance de l'Evos Concept, même s'il faudra perdre l'habitude des deux gros anti-brouillards dans la calandre remplacés par des éléments plus conventionnels intégrés dans le bouclier.
La plus grosse controverse, et on le voit encore dans les commentaires de l'article d'hier de Patrick avec les photos officielles, vient des moteurs. Oui, la génération 6 aura droit à un 4 cylindres 2,3 l turbo. Non, ce n'est pas un sacrilège de proposer une Mustang avec un quatre cylindres. Avant tout parce que le V8 sera aussi offert, mais aussi parce que ça a déjà été le cas pendant deux générations, de 1974 à 1993, ce qui a d'ailleurs probablement sauvé le modèle au lendemain des chocs pétroliers de 1973 puis de 1979. Hasard étonnant, la Mustang troisième du nom avait aussi droit à un quatre cylindres 2,3 l turbo même si, soyons honnêtes, il n'a pas laissé un souvenir impérissable, tant par les performances délivrées que par la fiabilité générale.
Ensuite, appuyons-nous sur l'expérience française de la Chevrolet Camaro, concurrente éternelle de la Mustang et seulement proposée avec un V8 de ce côté de l'Atlantique : sur les onze premiers mois de l'année 2013, il s'en est vendu 114 exemplaires. Contre 95 pour une Ferrari F458, pour donner un ordre d'idée. Ford a des ambitions bien supérieures et s'en donne donc les moyens. Car le puriste du Vee-Eight fait des commentaires rageurs sur internet, mais n'est visiblement pas prêt à signer un bon de commande en accord avec ses convictions.
Ce n'est enfin pas une hérésie pour une dernière raison : Ford est passé maître dans l'art du moteur essence suralimenté. Sans même remonter jusqu'à la brillante carrière en rallye des Sierra et Escort Cosworth, le constructeur à l'ovale ne sait plus où stocker les récompenses qu'il reçoit dernièrement pour ses Ecoboost, depuis le 1,0 l moteur de l'année 2012 et 2013 jusqu'à la Fiesta ST à la fois voiture de l'année 2013 Échappement et Top Gear, excusez du peu. Et le 2,3 l qui équipera la Mustang va évidemment directement profiter de cette expérience. Entièrement en aluminium, avec vilebrequin et pistons forgés, et doté d'une injection directe, d'une distribution à calage variable et d'un turbo twinscroll, il développe « au moins » (appréciez la précision des informations officielles) 309 ch à 5 500 tr/min et 407 Nm de 2 500 à 4 500 tr/min. Associé à un poids de départ qui serait selon les rumeurs sous les 1 500 kg (soit 90 de moins que la génération 5), cela promet de très bonnes performances. Et pas qu'en ligne droite.
Parce que finalement, la plus grande différence technique entre la génération 5 et 6 se trouve au niveau du châssis, et plus particulièrement de l'arrière, avec le passage d'un essieu rigide, qu'on ne trouve plus que dans les utilitaires chez nous, à un train indépendant. Le comportement, surtout avec un différentiel à glissement limité de série, devrait en être totalement transformé. Bienvenue dans le XXIe siècle !
Vous l'avez compris, Ford garde encore quelques informations sous le coude, ce qui n'est pas étonnant quand on sait que la Mustang 6 sera commercialisée à l'automne 2014 aux États-Unis et en janvier 2015 en Europe. Si longtemps à l'avance, les prix ne sont évidemment pas divulgués mais ça n'empêche pas d'émettre quelques hypothèses. On peut imaginer que Ford calquera le prix de la GT V8 5,0 sur celui de la Chevrolet Camaro (même si son avenir à court terme est incertain), dont le prix a enflé avec le dernier restylage pour atteindre 43 000 €. Par contre, l'offre en matière de coupé avec quatre (vraies) places, d'environ 300 ch et issu d'un constructeur généraliste, est pour le moins rare, surtout depuis la disparition de la Hyundai Genesis Coupé. Mais Ford devra être compétitif face aux importateurs en provenance des États-Unis, chez qui on trouve la Mustang 5 V6 3,7, et probablement bientôt la 6, à environ 35 000 €. L'Ecoboost se situant entre la V6 et la V8 dans la gamme américaine, devrait donc se placer quelque part entre les deux, et plus près de la première que de la seconde.
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