Ça commence, de prime abord, comme dans les années 90. Souvenez-vous de cette publicité de 1991, lorsque Citroën utilisait le « chplop » des portes de la ZX pour clamer au monde que oui, l’industrie automobile française pouvait soigner la qualité de fabrication. Depuis, les efforts de Citroën en la matière, comme ceux de Peugeot et Renault, ont toujours été mis en avant, mais exécutés avec des fortunes diverses. Selon les modèles, les marques, la notion de qualité perçue est venue, parfois, empiéter voire remplacer celle de qualité réelle, contraignant les constructeurs français à se justifier de la sincérité de leurs produits, souvent en retrait par rapport aux concurrentes allemandes, plus « stables » dans leur effort, plus discrètes dans leur discours, mais surtout plus persévérantes. Difficile de juger de la qualité d’une nouvelle auto en « instantané », vu que la notion s’apprécie sur la durée et les kilomètres… Surtout lorsqu’il s’agit, comme ici, d’un modèle de pré-production. Comme toute Peugeot qui débarque sur le marché, cette 308 marque un progrès par rapport à sa devancière. Pourtant, le progrès ressemble plus ici à une marche. Une bonne grosse marche. Un étage ? Disons-le tout de suite : au premier regard, cette deuxième génération est impressionnante.
Parlons design : cette 308 apparaît comme une réparation des excès du style Peugeot du début des années 2000, quand l’émergence des contraintes de sécurité (porte-à-faux avant allongé, rehausse du capot et du nez pour les chocs piétons) cumulées à l’alourdissement général (apparition de silhouette plus massives, joufflues) a obligé le Lion à sortir de son classicisme bon teint, de ses proportions qui vieillissent naturellement bien. Ajustée, bien coupée, aiguisée par endroits, la 308 II prêche la sobriété pour mettre en valeur les efforts en matière de qualité : le traitement des flancs, à l’aspect usiné, donne un sentiment de solidité qu’on n’avait pas vu depuis longtemps sur une auto française. La qualité de la peinture, tout comme les faibles tolérances de jeux de carrosserie, le soin apporté aux détails (feux, phares, calandre ciselée) se rapprochent des standards de la dernière Golf, et un examen minutieux révélera que Peugeot a particulièrement soigné certains éléments peu visibles, tels les joints de porte feutrés ou le sertissage des chromes, hyper-précis.
Même satisfaction à l’intérieur, lorsqu’on ouvre les portes, au bruit mat et rassurant : ça sonne plein, épais, pourvu que cela dure ! L’assemblage des contre-portes dégage une belle impression de sérieux, aucune pièce ne bâille. Et l’innovante planche de bord semble particulièrement bien née : la coiffe est épaisse, précisément ajustée, et les stylistes ont su parfaitement mettre en valeur le côté épais du matériau.
On sera moins enthousiaste sur la texture -semble-t-il fragile- de la console ou du moyeu de volant, mais cet intérieur semble être l’un des mieux réalisés de la production nationale, notamment dans le soin apporté aux éléments d’accastillage (les griffes d’aérateurs) comme dans certains détails : le bouton façon hi-fi, qui côtoie un anachronique lecteur CD, ou la solide poignée de réglage longitudinal des sièges avant, tellement plus gratifiante qu’une simple tringle…
Evidemment, Peugeot nous montre une version haut de gamme : la somptueuse sellerie cuir aniline rehausse le sentiment d’être dans une auto de standing, mais le Lion réserverait encore quelques surprises : il serait notamment possible de commander la planche de bord en matériau synthétique TEP avec des coutures apparentes, comme sur la 208 ou le RCZ.
Cette planche de bord, comme celle de la 208 d’ailleurs, nécessitera un temps d’adaptation pour qui n’a jamais eu un si petit volant entre les mains. Les compteurs sont certes somptueusement mis en scène, mais ils sont au-dessus de la jante, il faudra s’y habituer. Comme sur la 208, ils encadrent un écran multifonction, dont la fonction tachymètre remplacera avantageusement le compteur à aiguille. Malgré ce côté iconoclaste, l’ergonomie de la position de conduite semble avoir encore progressé, d’autant qu’on a moins l’impression que sur l’ancien modèle, à bord, d’être écrasé par l’inclinaison du pare-brise.
Peugeot a d’ailleurs conservé son toit vitré panoramique à vélum : en matière d’habitabilité, cela gênera certains grands gaillards à l’arrière, même si l’espace aux jambes semble dans la bonne moyenne : malgré un raccourcissement de 3 cm (4,25 m de long) et une hauteur plus faible de 4 cm, on ne se sent pas à l’étroit… Les bagages non plus, vu que, selon Peugeot, le volume de coffre gagnerait 120 l, en passant à un invraisemblable 470 l, il est vrai en remplaçant la roue de secours par un kit anticrevaison d’origine. Un mal pour un bien, car ce choix participerait de l’allégement drastique revendiqué : 140 kg au maximum, grâce à la nouvelle plate-forme EMP2… De quoi donner des ailes aux moteurs existants (eHDI, revendiqué à 85 g de CO2 !) ou nouveaux (les 3 cylindres essence de la 208, le futur BlueHDI 150 ch avec réducteur d’Oxydes d’Azote).
Aux côtés d’une offre moteur renouvelée, Peugeot proposera de nombreuses friandises high-tech, tels le frein de parking automatique, l’ouverture et le démarrage sans clé, l’éclairage intérieur (et extérieur d’approche sous les rétroviseurs) à LED, les feux avant Full LED (une première sur une française), ou encore le régulateur de vitesse adaptatif (sans fonction freinage, dommage), etc..
Mais l’accessoire phare, c’est cette tablette tactile de 9,7 pouces, encadrée de boutons sensitifs, qui sera proposée sur la plupart des versions. Elle commande tout, question confort, à commencer par les réglages de climatisation automatique bizone et le système audio. Plus réactive et intuitive que celle, fantasque, de la 208, elle séduit immédiatement, même si, technologiquement parlant, elle est très éloignée des vraies tablettes vendues sur le marché, type iPad. Le système multimédia est devenu un élément central dans l’achat d’une voiture… La Renault Mégane, qui sera restylée à la rentrée pour contrer l’offensive de la 308, a d’ailleurs déjà inclus dans sa liste d’option le système R-Link connecté, lui aussi redoutable… Un match qui commencera dès la rentrée : nous pourrons essayer les premières 308 la dernière semaine d’août, et franchement, nous avons hâte !
Photos : Christophe Aubry/Caradisiac
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